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Eau vive

3 août 2010

Âmeçon

J'ai appris : à lui dire je, à lui dire mon vrai, à ne pas fuir ma réalité.
Quand j'ai vu , derrière la bonhomie amie, l'homme hormonal, lui aussi.
Oh, ces foutues hormones qui sont la vie.
J'ai su lui dire, doucement, fermement, que non, je ne peux pas fermer les yeux et boire jusqu'à oublier l'absence de désir.
Non, je ne peux pas.
L'ivresse de ses mots me suffit. Son amitié me comble.
Et un jour je le perdrai.
Fuyant la bonhomie amie, l'homme reprendra la route, avec un bout de mon âme accroché à son oubli.

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29 juillet 2010

Je ne peux pas,

dis, tu m'entends ?

J'ai perdu le mode d'emploi qui me permettait de jouir sans y penser, mécanique dépolie aux hormones, sexe docile, mains aveuglées. Je ne sais plus tout cela. J'ai banni de mon con l'expression sacrée si galvaudée qu'ils utilisent. Presque à en hurler. L'amour, à faire, corps à corps. 
S'il vous plaît, non.
Vous m'écorchez vive, vous piétinez la tombe de mes amours défuntes. Baiser, coucher, mais pas faire l'amour !
Je ne sais plus faire l'amour, je ne sais plus qu'aimer.
Quand j'aime, ô, quand j'aimais,  ma peau électrique, mon corps chaviré. Aspirée jusqu'à me dissoudre dans le ruisseau de nos plaisirs, jusqu'à l'ivresse.

27 juillet 2010

Verte

Oh... son odeur... ma tête juste là, à peine posée là, sur son bras, près de son épaule, près de son aisselle. Les yeux tellement fermés, pour mieux le respirer.
Sentir cette fragrance imperceptible, ce vert au bout de ma bouche.
Cette douleur dans le ventre, de tant le désirer.

Le humer, inspirer et vaciller, submergée de tendresse, boire, boire jusqu'à l'ivresse son odeur de poire verte.

26 juillet 2010

Échos de ouate

Dissoudre cette peur qui sourd
Éclats de voix
de la chair qui crépite

Me taire, m'abstraire
Éclats de mots
des feuillets palpitant

(...)

Partir dans les silences
Éclats de ouate
Des plis qui m'habitent

22 juillet 2010

Comme une princesse

Il est heureux en ma compagnie. Heureux. Pas bienheureux. Après m'avoir avoué sa décision de tout faire pour me "marabouter", moi, avant qu'un bellâtre - honni par avance - ne s'en charge.
Moi ? Moi.
Son amie, sa compagne de route, celle qui avale les km en le suivant à la trace par monts et par vaux. Moi, qu'il a vu pleurnicher, rire, bâiller sans retenue, râler, tempêter. Qu'il connait du soir au coucher au matin au réveil, après avoir partagé si souvent la même chambre dans les gîtes. Je ne savais pas jusqu'alors. Jamais su que je pouvais pousser ses pensées à l'extrême en me promenant presque sans pudeur devant lui.
Je l'aime d'une telle amitié que le choc fut rude de découvrir que ce qui nous lie si fortement était en réalité dans son cœur transformé en amour. Il est amoureux, donc. De moi. Me couvre de tant d'attentions que j'en suis tourneboulée. Les petits messages suintant de vrais, sens en déroute, le verre de ce vin frais que j'aime tant, caché dans le top case et servi sur le sable brûlant, le Cd couvert de graffitis de ses mots, de chansons qui me collent à l'humeur, les photos où je ne peux que me trouver belle, les coups de mains qui préservent parfois mon corps qui s'échine à bricoler. Tout ça pour moi.
Il est... Il est spécial. Mais me sait non conventionnelle et capable de dépasser les limites étroites de l'apparence pour savourer des petites bouchées de son cœur caramel.

Il attend, voit que je vacille parfois de tant d'attentions. Il sait, se sait tellement différent des autres. Pas beau, comme ces foutus bellâtres dans mon sillage. Avec quelques centimètres de viande de moins par ici, quelques centimètres de trop par là. Mais sa compagnie m'offre un cadeau si précieux. Je m'aime alors presque assez. Et peut-être finirai-je par l'aimer à son tour. Il le sait bien. Et attend patiemment.

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8 juillet 2010

Je panse

J'avais faim d'un velouté de tendresses. Avec un s. Faim d'un corps rosé à cœur, et d'un doigt de liqueur de toi. 
Mon ventre se dévore de ton absence, et ma langue caresse son palais lisse. Et vide.
Vide.
Je n'ai plus faim, plus soif.
Je ne voulais qu'un peu d'espoir à siroter, qu'un filet de salive à humecter. Et mes doigts se recroquevillent de ne serrer que cette paume vide.
Vide.
Je ne sais plus qui tu es, qui tu seras. Je ne sais même plus.
Mes souvenirs sont encore vautrés dans cette mémoire un peu vache, qui broie, mâchouille, suçote,avale et recrache.
Je panse.
Et caillette.

11 mai 2010

Jouvence

Il est beau comme le jeune diable qu'il ne peut qu'être; le crâne rasé de frais, où j'avais envie de passer ma main pour sentir le crissement sous ma paume.
Il m'a pris la main. Après me l'avoir demandée gentiment.
Je tremblais légèrement, le souffle un peu plus court.
- Vous êtes trop jeune...
Comment, jeune godelureau que vous êtes ? Me parler de mon âge vénérable ainsi ? Moi qui revendique l'oubli de mon flux menstruel avec le bonheur de la sagesse enfin conquise ?
Trop jeune ? Moi ?
- Oui, il vous faut encore attendre avant que mes doigts ne fouillent vos chairs fragiles.
Attendre... Attendre ?
Oui, je vais faire une nouvelle orthèse. Et j'attendrai que les années recroquevillent davantage ma main. Alors nous nous reverrons,  pour que vos doigts armés d'un fin scalpel soulagent enfin mes tendons suintants et mes os qui se rabotent tous seuls en grincements douloureux.
J'attendrai. Je suis encore jeune !

10 mai 2010

Simiesque

- Vous savez, c'est la seule différence que nous ayons avec les singes.
- Oui, docteur, je sais, la pince.
De l'Irm au toubib, puis à la médecine du travail, tous trois ont décidé qu'une consultation de rhumatologie était superflue. Direct au chirurgien.
- Oui, docteur, je crois avoir saisi.
Ma main droite, la pince si humaine, paraît il. Non, il ne paraît pas, il est.

Vous savez, si je ne peux plus faire de moto, c'est un autre problème que vous aurez à gérer avec moi. La moto, pour moi, c'est l'évasion hors de ce labyrinthe sans issu, à la manière de celui des Idées noires. Un labyrinthe dans la tête, qui tourne en rond sur lui-même. Quand je roule je n'ai plus la place de penser, je ne regarde que le bitume.

Tourner une clé, écrire, remonter des chaussettes, boutonner un pantalon, couper, ouvrir, serrer, pédaler, vélo figé à une même vitesse, ne pouvant plus en actionner son levier. Et les boîtes de conserve se fendent la poire devant l'ouvre-boîte en forme d'instrument de torture. Je laisse ma pince devenue inutile aux humains encore loin des singes.
Ma main droite. Toute bête comme chou.

- Docteur, je vous assure que la vie où je vis est celle où un casque enserre mes tempes. Cela paraît stupide, et vain, voire même futile. Mais je crève d'ennui sans ce vent là.

Regarder les semis pousser et tourner les pages d'un livre.
- Vous souvenez-vous, monsieur le chirurgien, de votre conseil, l'an passé, avant l'Irm ? Je vais vous la répéter, cette phrase ; "surtout évitez toute opération, le résultat peut être pire... "
Il semblerait que je n'ai plus le choix.
Demain, vous me direz.

22 avril 2010

Monsieur

Monsieur appelle, une fois l'an, habituellement.  Monsieur m'appelle de ses vignes, qu'il est allé visiter. Toujours si charmant. et délicieux. Une mémoire vive, demandant des nouvelles de l'enfant ayant été opéré l'an passé. Et de sa maman. Monsieur a bien envie de faire un détour par ma ville. Serais-je libre pour partager un repas avec lui ce soir ? Monsieur aime m'amener dans des salles où la chair est fine. En dix ans j'ai appris à apprécier les heures passées en compagnie de cet homme si charmant, qui gravite dans un monde bien loin du mien. Qui parfois prenait l'avion pour passer quelques heures en ma compagnie. Ou venait dans son petit coupé antique dont le bruit du moteur m'enchantait.
J'ai interrompu le papotage si courtois de monsieur.
- Je ne couche plus.
- Peux-tu répéter, j'ai mal entendu.
- Je ne couche plus. Depuis bientôt un an. Un choix de vie.
Monsieur a soupiré. Une pointe de déception peut-être ?
Monsieur avait encore quelques rendez-vous, dont l'heure de fin est incertaine. Monsieur espère pouroir m'appeler tout à l'heure pour convenir d'un rendez-vous.
En raccrochant je crois bien avoir juré.
Puis avoir ri.
Je ne suis d'agréable compagnie que si elle se finit dans mon lit.

14 avril 2010

Hâte toi

Elle avait toujours été pressée. De vivre, d'écrire, de rire, d'enfanter.
Il fallait que la vie remplisse jusqu'au débord le vide béant du temps si long.
Les pétales du cerisier s'en balancent,  flocons de neige.
Elle est pressée de vieillir. En accéléré, laissant les fissures se creuser en béances.
Les douleurs acérées lui lancent ses flèches blanches, aiguilles d'une pendule qui s'emballe.
Elle est pressée.
Ne compte plus les ans, juste les mois à venir.
Passent et trépassent les jours.
Non, pas de tulipes l'automne prochain.

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