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Eau vive
20 février 2009

Mots de ouate

Mes mots se taisent en fibres fines.
Ils ont laissé une étrange trame, là, où s'agrippent des pensées fugaces. Étranges mots éperdus qui s'y accrochent, se bousculent en nœuds, se tressent finement au gré des instants et détissent chaque nuit ce que jadis se couchait en mots.
Mes mots en couleurs bleutées s'égarent en nuages.
Il y a ces toiles aux pastels délavés de secondes silencieuses, ces toiles aux transparences humides. Seul leur parfum un peu âpre me rappelle que je les ai vues. Ils se mêlaient, se paraient de chatoyances aussi fugaces que ces arcs en ciel de gasoil sur le bitume détrempé.
Leurs silences. Moi je les ai vus, je les entendus, et ils m'ont fait frémir de leur grâce parfois innocente, parfois troublante.
Mes doigts alors... puis ils retombaient, saisissaient une cigarette qui se consumait. Les volutes suffisaient.
Mes mots n'aimaient que le silence.
De ouate légère.

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19 février 2009

Croquant

Quel repas délicieux ! Quelles conversations animées, pimentées à point des rires piquants de nos 4 vies mouvementées.
Le café gourmand était juste comme il le fallait, gourmand.
Cette vente par correspondance de ma personne me charmait, l'ami avait raison, qui avait des sourires sous-entendus à mon égard. L'homme me plaisait.
Quelques notes de saxo et de tromblon, quelques mesures au piano. Et le dernier verre chez moi.
- Ma femme...
- Tu es donc marié ? Et tu peux ainsi sans souci bavarder chez n'importe qui à l'heure où l'aube est proche ?
- Ma femme est lisse. Très lisse. Si lisse. Jamais un mot plus haut que l'autre. Jamais de questions qui entraîneraient un mensonge. Vingt et un ans de lisse. Et de glissements. D'ennui, évidemment.
(...)
Si lisse
(...)
Un grain de silice.
Il faut bien en rire de la silice !
Petit grain de sable égaré dans un dessert presque savouré...
Quel dommage, je n'aime guère avoir les dents qui crissent sous un grain de sable égaré...

18 février 2009

Dessert

Il est comme un gâteau dont je connais la recette. Un gâteau inconnu de ma bouche, paré des sens de l'imaginaire. Je ne peux que laisser mes désirs se gonfler à la levure de ses mots. Des mots simples, sobres et forts, d'un inconnu présenté par un ami commun. Et quelques passions qui nous assemblent déjà. 
Il est le parfum de ma madeleine qui me fait clore les yeux dans un soupir d'ineffable bien-être. L'ami dit "il faut que vous vous rencontriez". Et il m'écrit quelques mots, (... ) "le moins que je puisse faire, puisque ma vie ne sera plus jamais la même après t'avoir rencontrée". Merci, mon ami, de si bien parler de moi que tu en convaincs l'autre...  J'ai ri, souri, réfléchi. Une recette c'est mille et un parfums qui s'emmêlent et deviennent saveur.
Ce soir, à l'heure exquise où le ciel des villes se pare de roses et gris, près de la belle Garonne, ce soir...
Je sais mon nez aux ailes frémissantes, tentant d'assouvir la soif de son odeur nouvelle. Je sais mon doigt impatient de toucher sa peau. Un simple tout petit bout de peau pour savoir si elles sont compatibles. J'imagine et respire un torrent d'air.
Ce soir je saurai s'il est ce gâteau que je goûterai du bout de ma langue gourmande au sein de désirs nouveaux.

10 février 2009

Recyclage

Ils étaient posés sur le trottoir. Adossés à une porte gauchère. Ou une porte cochère, ils commençaient à avoir du mal à s'assembler correctement.

 

Dément, catogan, mi-temps, origan, ça irait avec brigand ou toboggan, non ?

 

Ils ont regardé les jours passer, sans se presser. Blanc-noir, jour-nuit, blanc-noir. Ça ne les changeait pas de leur bichromie coutumière. Le gris, l'arc-en-ciel, de toute façon ils n'en avaient qu'entendu parler, parfois, alors ça ne pouvait pas leur manquer ! Le ouïe-dire, ce n'était pas non plus de leur monde.

 

Monde, faconde, sonde... vont avec vagabonde ou mappemonde, non ?

 

Ils n'ont eu ni froid ni faim. Ils ne savaient même pas pourquoi ils étaient là. En dépôt, peut-être ? Quelqu'un allait-il venir leur redonner vie ? Vous croyez ... qu'on est vivant ? Vous sentez que vous êtes, vous ?

 

Follette, gigolette, noisette, dites-moi ? ... avec vaguelette ou margoulette, oui ?

 

Il y en a eu un qui a commencé à frissonner.
Il avait peur ou quoi ? Puis à geindre doucement. Mais pour qui se prenait-il, celui-là ? Il ne valait guère mieux qu'eux.
Comment s'appelait-il, déjà ? Mais oui, il fallait que ce soit lui qui craque le premier !

 

Espoir ! avec foutoir, égrappoir... et désespoir.  Circulez, y'a rien à voir !

 

Je t'en foutrais, moi, de ce trouillard !
Mais c'était trop tard, un autre se mit à pleurer. Personne ne le vit, il y eut juste le son humide de la goutte sur le sol.
Ah non ! c'était  lui, bien sûr ! Ils avaient tous compris.

 

Bonheur ! un collaborateur gros-porteur... parti en crève-coeur rejoindre moiteur et torpeur !

 

La porte cochère s'évapora.
L'ouragan les balaya.
Les mots pauvres étaient au fond d'un conteneur vert.

Déchets recyclables.

 
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