J'aime pas la mécanique.
Avec des tas de tout petits boulons glissants, des rondelles qui ne sont pas de saucisson, des pièces qui portent des noms trop barbares pour moi, qui manie pourtant les mots de guingois.
Donc je n'ai pas le choix.
Il faut que sa mécanique s'auto-gère.
La mécanique de ma moto. Celle pour qui je ne peux pas appeler un service après-vente qui viendrait me sauver la vie avec une jolie camionnette bleu et jaune presque assortie à ma moto. La seule solution est d'appeler, la voix remplie de trémolos les motards au grand coeur et aux compétences mécaniquement infaillibles.
Donc cela sous-entend ; appel, papotage amical, mais non je ne suis pas si pressée que ça que tu viennes, café, gâteau, bon ben on y va la voir ? Bref une source de stress épouvantable.
Je préfèrerais payer. Si si. Je sais, je suis immonde.
Je les aime, mes amis motards. Il y a que je préfère rouler avec eux que d'assister, mortellement ennuyée (et encore, je suis délicieusement polie en utilisant ce terme), au démontage de la mécanique de ma jolie bestiole. Sans compter qu'ils adorent tenter de m'expliquer ! Je ne veux pas, les choux, je vous assure, je ne veux pas...
Bref, tout ceci pour en arriver là.
C'est l'hiver, il fait froid, et l'horriblement frileuse que je suis fais de la moto.
Damart, pull, polaire, cagoule anti-freeze, collants, chaussettes, sous-couche de soie, couche de cuir, doublure hiver, je suis ravissante. Je vous assure. Et facilement reconnaissable, façon bibundum, mais en noir. Sexuellement difficile d'accès sous mes 14 couches, mais ravissante.
Quand je tourne la clé, je ne respire plus. Le pouce sur le bouton rouge, telle un maître du monde fébrile, je guette l'explosion des gaz de combustion, et le frisson sublime qui me parcourt alors l'échine. Elle a démarré.
Il fait froid, il pleut. Mais je roule.