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Eau vive

11 septembre 2009

La bête

Elle ne me fait pas peur, et je n'écoute pas ceux qui conseillent de me méfier des bêtes blessées. Lèche tes plaies, rassure-toi de ces cicatrices que tu sais dans la chair, là, ces chairs profondes que nul ne voit.
Les mots te font peur ? Pourquoi, parce que tu les as déjà dit ? parce qu'ils t'ont fait souffrir ? Parce que tu ne sais plus ce qu'aimer veut dire ?
Alors, pour toujours, glisse-toi donc dans ce mépris, dans cette caricature du silence où les paroles sont si stériles qu'elles ne peuvent que mourir d'ennui.
Moi j'y crois. J'y crois toujours.
Mes plaies, je les aime. Comme autant de mots tracés dans mes chairs par des doigts aimés. Je les savoure, elles sont belles à ma mémoire, elles me rassurent, me rappellent que j'ai aimé. A en souffrir, à en mourir, j'ai aimé. C'est si beau, si vrai, d'aimer.
Écartelée entre hier et aujourd'hui j'ai tranché dans les chairs putrides.
Je suis là, debout.
Lionne efflanquée qui ne craint que de ne plus jamais aimer.

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11 septembre 2009

Femme d'été

Gorgée de soleil, fruit mûr dont les chairs sucrées éclatent en bouche, femme d'été. Figue violette, tomate olivette, sous les feuilles qui se dorent.
Bientôt elle sait les heures qui s'assombriront. Et les nuits trop longues pour ses rêves violents. Bientôt la tige au bout de laquelle elle se balance s'assèchera. Tombée au sol, ses graines s'éclateront au creux des mottes brunes.
Femme d'été, qui donne un bonheur fugace et saisonnier.
Elle sait les heures sombres et froides.
La chape épaisse des hivers au creux de la vie.

10 septembre 2009

Animale

J'aime ton corps animal et ta salive au goût de moi. J'aime enlacer ta nudité et entendre crépiter nos peaux frottées de désir.

J'aime tes poils.
Ils t'habillent d'un manteau où l'odeur de son corps reste secrètement. J'y enfouis mon visage et redeviens cet animal sauvage muselé partout ailleurs. Je te sniffe, te renifle, te respire pour ne rien oublier de ton parfum salé. J'aime tes poils aux couleurs qui se cendrent. J'aime les tourbillons que j'y dessine avec ma salive. J'aime ta peau qui parfois se dévoile, blanche et lisse, bordée de mousse douce.

J'aime ton sexe de soie rose.
Quand ma langue s'y dépose en écharpe, que mes doigts se glissent au creux de tes poils chauds et odorants... c'est à chaque fois ouvrir un cadeau secret sous son papier de soie.

J'aime tes odeurs, tes aisselles brûlantes, ton ventre moelleux.
J'aime tes genoux aux creux poplité qui battent doucement dans ma bouche.
J'aime tes mains et lécher leurs cals rugueux, savourer la peau transparente entre tes doigts à l'abandon.
J'aime ta bouche au palais arrondi et tes dents coupantes que je frôle. J'aime le filet de salive que je bois et glisser ma langue aux commissures humides de tes lèvres.

J'aime que tu me rendes animale en ta compagnie.

10 septembre 2009

Goutte à goutte

Tu me dis d'être patiente.
Ce mot est si propre : je m'y sens habillée d'une blouse verte,  désinfectée de tout, embrumée d'anesthésiques.
Pourquoi devrais-je être patiente ?
C'est maintenant, tant que je vis, tant que suis là, avec ce vrai cœur dont les battements me tiennent compagnie... lui qui ne faisait que jouer de sa mécanique silencieuse bien rodée... c'est maintenant que j'ai besoin d'entendre.
Mais tu as raison. Je dois être patiente. Et endormir gentiment mes besoins sans entraver le protocole si bien écrit.
Je commençais tout juste à revivre... et je dois déjà apprendre à laisser crever en silences lourds les mots ? Les museler, les étrangler de ma patience . Apprendre à  laisser la place aux conversations si bien calibrées  en gélules bleues ou rouges, à avaler sans férir.
Ces mots que j'attendais avant d'être patiente... je les rêvais, les apprivoisais déjà, tu sais.
Ils sont ces galets polis, ceux que l'on glisse dans la paume, ceux que l'on caresse du pouce. Cailloux aux veines grises où l'on devine les fractures de la vie. Ils clapotent et ricochent, se gorgent de mousse spongieuse. Ces mots que l'on lèche du bout de la langue pour y retrouver le sel d'une écume. Mes mots d'émois.
Je réapprends. Chaque jour après chaque jour, sage patiente impatiente, à n'entendre que la cacophonie de tous ces mots qui ne s'accordent pas avec moi. Ces mots si convenus. Ces mots moulés dans une usine et qui finissent estampillés "bon à entendre" par le plus grand nombre.
Regarde ce que je deviens, dans cette patience qui m'enserre...
Puisque demain n'existe pas, il n'existera jamais, tu le sais bien... Demain n'est qu'un autre aujourd'hui...
Pourquoi devrais-je être patiente ?
Dis-moi, les mots font-ils si peur que l'on les laisse s'écouler en goutte à goutte ?

9 septembre 2009

Ronde de secondes

- Pourquoi attends-tu ? Ne sommes nous pas de la même race humaine, où la parité est un mot qui se compose au temps présent ? Avance, avance de ce premier mot.
Alors j'ai  pensé un peu, respiré un souffle, écrit tout petit, envoyé. Ce n'était même pas un pari, juste un geste de parité.
Le premier mot a été lu. Archivé ou effacé ? qu'importe. Lu.
Tic-tac, tic-tac...
Les secondes ont émoussé leurs pointes si fines dans leur ronde incessante. Quel triste bocal que cette horloge. Des secondes, des heures, et toujours les mêmes, incessamment.
Tic-tac, tic-tac...
Le petit mot second n'est pas arrivé. Oh, il viendra bien un jour. Mais il prend son temps, cela va être un mot décomposé,  conjugué dans un étrange présent, qui est déjà un futur. Un futur inexistant d'avoir trop pris son temps.
Trop tard, trop pensé, trop... pour un si petit mot que je n'attends plus.
La parité, mon ami, ne s'applique guère à mon temps présent.
Tic-tac, tic-tac...
Cessez donc votre ronde stupide, les secondes !
Il manque le tic-tac-toum, tic-tac-toum, qui aurait donné du cœur à votre temps qui passe.
Il n'y a pas de nous dans ces secondes qui tournent en rond très très bêtement.
Vraiment.
Et le petit mot premier s'est fané.

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8 septembre 2009

Aveugle

Ne me laisse pas m'enfuir.
Ne laisse pas se dissoudre les lueurs de l'aube dans mon regard muet.
Attrape les fils des promesses qui volètent sur ma nuque.
Noue les du bout de tes doigts à mes cheveux, tresse toute une vie d'instants partagés.
Juste des instants de vie. Guère plus.
Vivants et palpitants. Qu'ils me portent comme un rayon de miel bourdonnant.
Ne me laisse pas....
Offre moi les mots sucrés qui napperont d'or mes pupilles.
Je m'aveugle d'une lame rouillée de larmes.
M'enfuir.
Loin, loin de toi, de tout, loin à n'en plus voir demain.
Dis-moi...s'il-te-plaît... dis-moi de ne pas partir.

7 septembre 2009

Les règles du je

Tu crois que je lui ai tout donné ? Que c'est pour ça qu'il ne me reste plus rien de vrai ?
Tu penses qu'à trop jouer avec les dés d'un amour truqué j'ai oublié les règles du jeu ?
Tu le crois vraiment que je me suis perdue à moi-même ? Autant que moi ?
Je suis grande. Et responsable, et raisonnable aussi.  Égarée au détour d'une belle histoire cabossée, c'est vrai. Mais il existe des moyens de retrouver son chemin, tu ne crois pas ?
Pourtant je ne l'aime plus, je n'aime que le souvenir de l'avoir aimé quelques années.  Toi, comme je le nommais.
C'était un jour où (...) Je me souviens avoir pensé "égoïste, égoïste ! " et cela avait fait un écho assourdissant. J'ai oublié les règles de l'aimer trop. Je l'aime comme un amour familier qui ne peut s'oublier.
C'est étrange, non ?
Bien sûr nous avons continué nos petits restaurants familiers où la serveuse m'embrassait ; votre table est prête. Bien sûr nous avons continué à nous parler nos vies. J'aime nos appels pleins d'une tendresse portée par un temps enfui. Mais je ne l'ai plus jamais aimé avec mon être tout entier, juste avec mon âme tapissée de vague. Malgré ses mots si forts pour une simple promenade. Je crois qu'il a continué, lui, malgré ma bouche qui souriait sans plus jamais se donner. Malgré ce temps que je partageais plus vraiment.
Je n'étais plus Moi.
J'étais je.

7 septembre 2009

La princesse aux petits mots

Et si je les avais oubliés ? Je me le jure, m'abjure, m'en inquiète. Cela pourrait sembler être du B.A.- BA. Mais je me pose la question.
Je le regarde parfois, au creux des heures où tout est aboli, les yeux grands ouverts dans la pénombre de mes cils Je le regarde, bercée de plaisirs, et me pose la question.
Saurais-je encore le dire ? Ou le chanter ? Le crier, murmurer, souffler, m'y essouffler.
L'écrire même me semble saugrenu, c'est tout dire. Sans rire.
Je vais devoir en faire des lignes, des courbes et des déliés ? Bien appliquées. Sans pâté. A la plume, celle qui écrase les fibres et boit l'encre comme une goulue. Peut-être ont-ils besoin de cela. De s'éclater en gouttelettes sombres ?
Ou alors de se tracer sur son dos emperlé de sueur salée ? Et puis non, même ça, je ne veux pas. Ce serait indécent.
Des mots si plein de sens, gorgés de tant. Tracés en éphémère chemin sur une peau de passage. Non, vraiment non.
Il va falloir inventer. Leur trouver un nouveau sens.
Mentir peut-être.
Et si je me transformais alors en pantin de bois ? Ce serait faire feu de moi. Allume une cigarette et consume toi. Tes mots perdus, laisse-les. Ils n'ont plus envie de se dire. Cela peut arriver, qui signe la fin d'une ère.
Alors je partirai. Parce qu'ils m'étaient familiers, si doux au palais.
J'étais la princesse aux petits mots.
Et j'ai des bleus dans ma mémoire.

6 septembre 2009

Avant...

Avant... j'avais besoin d'écrire. Avant...  sans mes mots j'étais perdue.  Ma survie en dépendait.  J'écrivais, sans fin, sans cesse, sans envie, ni espoir, je hurlais à la toile ces mots que je pensais avoir besoin de dire. J'écrivais sur le sable et les tickets usagés, griffais ma rage dans les petits cahiers à spirale, les blogs éphémères, le cahier jaune qui a jauni.
Et sur le bout de ma langue collée au palais de mes silences.
J'écrivais.
Maintenant je sais.
J'ai juste besoin d'entendre.
Que des mots s'écrivent pour moi, pour moi seule, les mots des pauvres gens, peut-être. Besoin que l'on me parle. De moi, de lui, de nous. Pas des autres. Ces mots là ne sont que des conversations illusoires. Des mots de sociétés communes.
Moi, je veux des mots murmurés. Pas une main qui saisisse la mienne. Pas que des doigts qui dessinent mon corps et en découvrent ses plaisirs. Pas que ce verre tendu et cette musique qui berce les heures.
Je veux des mots pour moi. Une gamme de mots qui m'emplirait de tant de notes que je danserais pour eux.
Je veux des mots qui me plaqueraient de platine. Des mots qui s'incrusteraient en gouttes de résine ambre. Extrêmement ambre. Dans leur parfum je m'enivrerais et ma langue de velours en polirait le cœur.

Je veux des mots d'amour et de manque, des mots de désir aussi violents qu'un sexe d'homme qui désire. Je veux des mots qui crépitent sur ma peau.
Des mots, pour moi.

6 septembre 2009

L'odeur du cuir chaud

Il aura fallu quelques heures. Et quelques uns de tes sourires presque carnassiers.  Puis tes regards acérés, pétillants à en mettre la larme à l'œil. J'ai trouvé alors  ce mot que je cherchais, cet adjectif que j'avais au bout de la langue,  que je suçotais sans en définir le goût, et que tu essayais d'avaler avant qu'il ne prenne corps.
Il te va bien, tu sais.
Au début c'était "manipulateur", mais tu m'as convaincue que nous l'étions tous et que le côté sombre de la chose ne s'adresse qu'à ceux qui sont inaptes à comprendre les règles de ce jeu. Toi, tu ne manipules pas, tu joues avec ceux qui savent ce dont il s'agit. Tout comme moi. Pourquoi pas, le mot n'étais pas celui là, je le savais bien.
Puis j'ai pensé à "impitoyable". Je m'approchais de ta vérité, j'en étais sûre. Mais le mot t'a fait rire... . Tu es devenu goulu, tendre et même prévenant. Non, ce n'était décidément pas cela.
Quand tu as enfilé ta veste de cuir je crois que le mot a germé. Quand l'odeur a soulevé en vague sauvage mon cœur, cette odeur que j'aime tant, qui me déroute, me transporte... le mot a éclaté.
Tu es féroce.
Comme un fruit habillé de piment.
Je te regarde, te désire et chavire. Et le mot me sauve.
Tu éclates de rire. J'ai entendu cette petite phrase que tu as murmuré.
Je ne suis rien, un vent coulis de passage, un rire aux éclats et un éclair au chocolat. Je suis la peau que tu caresses, la femme que tu trouves belle. Je suis celle de passage, saison suave.
Je m'enfuirai avant que ta férocité ne découvre tout de moi et ne joue avec mes peurs. Je sais qu'elles m'habillent et me protègent. Tu ne me mettras pas en lambeaux.

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