Mots de ouate
Mes mots se taisent en fibres fines.
Ils ont laissé une étrange trame, là, où s'agrippent des pensées fugaces. Étranges mots éperdus qui s'y accrochent, se bousculent en nœuds, se tressent finement au gré des instants et détissent chaque nuit ce que jadis se couchait en mots.
Mes mots en couleurs bleutées s'égarent en nuages.
Il y a ces toiles aux pastels délavés de secondes silencieuses, ces toiles aux transparences humides. Seul leur parfum un peu âpre me rappelle que je les ai vues. Ils se mêlaient, se paraient de chatoyances aussi fugaces que ces arcs en ciel de gasoil sur le bitume détrempé.
Leurs silences. Moi je les ai vus, je les entendus, et ils m'ont fait frémir de leur grâce parfois innocente, parfois troublante.
Mes doigts alors... puis ils retombaient, saisissaient une cigarette qui se consumait. Les volutes suffisaient.
Mes mots n'aimaient que le silence.
De ouate légère.