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Eau vive
20 janvier 2009

Autopsie d'une chute

Quand la gamelle est survenue je n'ai pas eu l'impression de la vivre. C'est presque dommage, j'aurais pu en tirer des leçons. Non, je roulais à faible allure, 50 km/h, comme indiqué sur les panneaux puisqu'il était impossible de rouler plus vite, il bruinait et le rond-point approchait. Tous les motards (...) non, tous les vieux motards  savent que leur vrai nom est "piège". Piège à gasoil, piège à gravillons, piège à rochers esthétiques et fracassants posés en décor en leur centre. Bref, un rond-point en vue, on ralentit.
Je ne dis pas tout ça pour me trouver des excuses, de toute façon je n'ai rien vu de la chute, je suis tombée. Et relevée dans la quasi seconde. Pour couper le contact de ma moto couchée et toujours pétaradante. Bon, le genou gauche, j'ai de suite compris qu'il avait pris un choc. Pour le reste, ne pas penser, ne pas se regarder et stopper la voiture qui arrive. Le gentil conducteur a pensé à relever ma moto et j'ai bien compris en voulant l'aider que j'avais mal de ci delà. Mais pas au point de rester à fumer une cigarette en me remettant de mes émotions. Elle est en état de marche, il faut repartir et la ramener à bon port. 23 km, ce n'est pas si loin.  Repartir de suite, avant que les douleurs n'arrivent. L'avantage de l'adrénaline c'est qu'elle anesthésie.
La seconde chance c'est la solidarité de ce monde des pétaradants. Des amis motards, qui m'ont croisée en voiture m'ont suivie jusqu'à chez moi. M'ont déshabillée. Ri de mes genoux aux allures de chou-fleur, massée à l'Arnican.  Raconte ! C'est drôle de ne pas savoir. On roule, puis on est au sol. Comment ? Je ne sais pas.
La première nuit... non, là, on ne dort pas, on a mal. On rigole un peu des bleus sur les jambes, on s'étonne d'avoir quand même mal à la main. Le matin, on ne rigole plus du tout. Douze heures ont passé, on grimace à chaque pas. Mais tout va bien en réalité, c'est de la bobologie bénigne. Qui rappelle que les chairs aiment les caresses, pas l'écrasement.
Pour finir on a une attelle à cette main droite dont le pouce a du rester bloqué quelque part lors de la chute et a fini par provoquer un arrachement osseux. On maudit d'ailleurs que la main toute entière soit solidaire d'un banal pouce. On regarde un couteau, une cuillère et on s'aperçoit que tout va devenir compliqué pendant trois semaines. Mais on boitille, on ne boîte déjà plus. Le problème des boutonnières se règle grâce aux pantalons souples empruntés aux ados de la maison.
Au deuxième jour on réalise que, tiens, l'épaule gauche en a pris un coup elle aussi. La douleur gère ses priorités manifestement. Et on réalise que jamais on aurait pu ramener sa moto à bon port si on avait attendu un peu trop au bord de la route. Grande route. Puisque à l'aller de ma balade j'avais trouvé les routes de campagne pleines de débris, mottes de terre grasses, animaux écrasés... bref pleine de dangers potentiels. Et là, on ri ! Autopsie d'une survivante en milieu urbain..
Je risque de beaucoup ralentir à l'approche des ronds-points...

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