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Eau vive
30 juin 2007

Pourtant...

Ma peau,
crépitant sous tes doigts indécents.
Ma bouche,
aux lèvres usées par ta langue affamée.
Mon ventre,
salé de ta source, de ta sueur en voile irisé.
Mon sexe,
mousse gorgée des sens à l'envers des marées
grotte avide de l'écume des vagues fracassées.
- Et mon ventre -
martelant le désir sourd de mon corps à l'abandon.
Nos corps
sculptant les draps en plis odorants,
Nos fesses
  jouant de leurs rondeurs de galets,
- Nos corps -
qui dansaient
un ballet
- secret et éphémère -
Nos corps amarrés
aux flancs
salés.

Pourtant... on achève bien les chevaux.

Main

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29 juin 2007

Noix de mot

J'ai cassé la drupe bosselée et pelé la peau si fine.
Le mot, tendre et blanc, plume de signe, de noir à blanc,
Le mot nu perla, laiteux.
Dans les sillons gravés de la peau,
le suc traça de nouveaux chemins de mots.
Nouveaux-nés, fragiles et si vivaces,
qui encrèrent de brou les doigts.

-mot à mot-
pli-ploc
langue de signes
signe des langues
dis moi ton sens
éclabousse moi.

28 juin 2007

J'suis pas un bon chef

Vous ne les lisez donc pas, mes mails appliqués à ne vous donner pourtant que l'essentiel ? Les notes expurgées du superflu sont encore trop touffues ? Vous estimez que devoir écrire des phrases en bon français, sans fautes d'orthographe, est trop vous demander ? Et que je veuille les corriger vous est offensant ? Vous naviguez sur les sites de voyages sans jamais planter votre ordi, et la météo est dans vos raccourcis. Mais vous ignorez tout de la dernière consigne que je vous ai transmise. Vous avez supprimé mon message, noyé dans les listes de blagues dont vous raffolez.

Je suis fatiguée de vous materner, vous absoudre, vous couvrir, vous (...) sacrément fatiguée.
Épuisée  que vous puissiez trouver pénible d'apprendre à utiliser un fichier Excel en suivant un mode d'emploi détaillé pas à pas. Usée de vos plaintes sempiternelles pour une imprimante qui coince, de vos oublis de vous lever le matin alors qu'un formateur vient expressément pour vous.  Lasse de ces erreurs d'étourderie redondantes qui me donnent deux heures de travail pour les récupérer. Et votre mine d'enfant contrit n'y change rien. Vous n'êtes plus un enfant. Je n'ai aucun moyen de vous punir, juste l'envie de vous dire - mais de me taire - que vous avez un salaire versé en contrepartie d'un travail que vous êtes censé faire. Ras le bol de tout cela. De vos certitudes que vous êtes inamovible, indéboulonnable. Moi aussi je le suis. Mais, quitte à travailler, je le fais au mieux. Je ne vous en demande pas tant, même moins. Mais au moins, ne soyez pas retranché dans votre affreux statut de fonctionnaire caricatural. Vous gérer me devient insupportable parfois.

Vous voulez que je vous dise ce que je pense de votre poste au travail ? Vous creusez le trou dans lequel on le glissera quand l'heure de votre retraite aura sonné. Comment osez-vous vous offusquer de ces mesures et dénier votre propre responsabilité ?

Je veux un poste à la photocopieuse.
Et plus d'équipe.

25 juin 2007

...

Tu sais, maintenant.
L'amour a étranglé ton cœur de sa fine liane de cuir.
Tu as appris, si doucement, sans voir que la source légère où tu barbotais était devenue torrent où tu perds pied.
Tu aimes.
Je savais, avant.
L'amour avait enroulé sa liane fine autour de ma gorge, et je suffoquais.
J'ai appris, les courants en tourbillons et l'apnée, j'ai appris à nager entre deux eaux.
J'aime.

Tu as peur de ces jours qui se rapprochent et tracent la fin. Tu ne veux pas. Non, non. Pas ce jour là.
Je souris de chaque heure, et le poids du chagrin qui se dissout me rend enfin douce et paisible. Car je n'ai plus mal, je sais que je vais être délivrée de toi. La mue s’est achevée, je ne suis plus à vif.
Comme tu as changé, mon aimé. De m’aimer.
Tu me remplis de paix, car je sais maintenant que tu respecteras le silence que je te demande. Tu as mal, je le sais. Tu as mal, comme j'ai eu si mal. Pour la première fois tu me demandes pardon de tes appels, quand je voulais oublier, de mes mots qui t’habitaient. Tu me demandes pardon pour tout ce que tu n'avais pas vu, et qui t'aveugle maintenant. Cela n'a plus d'importance, mon pardon serait vain. Mais je te crois. 

La fin approche.
Comme une mort rêvée, où l'on peut dire, avant, "je vous ai aimé".
Sans douleur, sans remords, sans regrets.
Je vous aime, Monsieur, pour tout ce que vous êtes et ne m'avez jamais offert de vous.
Vous m’aimez, Monsieur, pour tout ce qui vous blesse de ne jamais m’avoir offert.
Vous êtes enfin vrai.

24 juin 2007

Un regard étrange

Je m'étais assise à la tablée cosmopolite de cette auberge espagnole. Le casque et le blouson rangés, le sourire dépoussiéré des ailes de moucherons, la certitude d'être attendue et accueillie en amie. J'avais déballé le cake salé, distribué les arachides simplement grillées, le gingembre confit. Ils étaient de partout, de la Réunion et de l'Ariège, de l'Afrique de nulle part. Et moi, parmi eux.

Jetant son encre vers les cieux
Suçant le sang de ce qu'il aime
Et le trouvant délicieux
Le monstre inhumain
c'est moi-même !
G. Apollinaire

Une soirée étoilée des brandons d'un feu follet, une soirée aux musiques arabes, au parfum rougail, aux poètes disparus, au vin frais et aux glaçons chantants.
J'avais vu son regard, à l'homme à la barbe grise qui aime tant le tango argentin. Son regard, quand nous parlions de tout, de rien, de l'amour et du sexe, des livres et des hommes, de la vie qui va et de la mort qui vient.
Mais je ne savais pas qu'il m'avait vue, derrière mon blouson aux plaques rigides, qui empêche les routes de laisser les gravillons de se planter dans les chairs. Il m'avait vue. Nue comme au jour premier, monstre inhumain de transparence, cachée dans une encre qui se trace, qui s'efface. Et me l'a écrit ce matin.
Il y a des gens, à la barbe grise et au regard étrange et pénétrant,  dont je suis heureuse qu'ils ne sachent pas que j'écris ici ce qu'ils n'ont nul besoin de lire pour tant connaitre de moi.

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22 juin 2007

Pavés de verre

J'ai fouillé sous la vase, là où les transparences ont perdu leurs lumières. Là où les lamelles translucides et cassantes ont soudé leur fragilité en un bloc de verre épais et sombre.

Au fond du gouffre, je ne suis plus en déséquilibre. Je ne perds plus pied dans les sables mouvants trompeurs : ils ont flambé au bûcher des hypocrisies. Et leurs cristaux tranchants se sont dépolis en éclats lisses où ma force s'érige.
Je ne vous entends plus par le prisme déformé de mes sentiments au parfum sulfureux de sainteté laïque. J'ai revêtu la robe de bure rêche de mes vérités camouflées. Sous mes dessous soyeux, mon âme, en pavés de verre épais. Mon coeur froid et lisse, silice où glissent vos larmes et vos voluptés.
Oyez, oyez ma rage de m'entendre m'assourdir de me mentir, à vous-même, à moi-même.
J'ai entendu l'écho de mes hypocrisies, le mépris assourdissant de mes amours décomposées en tromperies. Entendu, jusqu'à perforer la dentelle mitée de mes amours défuntes, de mes amours lumens, de mes plaisirs peaufinés. De vos désirs acides enrobés de miel. Vos mots ont un parfum de soufre.
Les évangiles selon ma vérité se tracent en rayures grinçantes, en vapeurs assassines.
Et l'eau bénite de ma force vive vous brûlera la bonne conscience.

21 juin 2007

Figue

Tu chercheras sur ta peau la trace de chacune des morsures
que je ne t'aurai pas infligées.
Tu passeras ton doigt égaré sur tes lèvres asséchées
de la caresse de ma langue voluptueuse.
Tu chercheras comme un fou le souvenir de mon odeur extrême
évaporée à jamais, ambre et suc mêlés.
Et ta gorge déglutira sa salive sans le miel de la mienne
mon souffle éteint, à ta bouche figée.

Tu chercheras dans les limons du fleuve
mes mots qui s'y traçaient
et dans le parfum du figuier l'âpre odeur que j'ai volée.
Tu liras Char et Apollinaire
- interdits de ma voix -
tes sens sans plus d'indécence.

Et ton sexe gonflera du souvenir de mes hanches,
qui s'en balanceront, au loin.
Et ton ventre connaîtra
le désir exquis du goût de mon sexe
aux chairs éclatées de plaisir
- figue mûre -
...
figue

Tu me maudiras.
Tu me pleureras.
Et tu oublieras.

20 juin 2007

Rien, vraiment plus rien qu'elle, ma colère

              J'ai la colère froide et dure. La colère qui tranche et laissera la plaie claquer en bulles rouges sang.
J'ai la colère noire comme une nuit à la belle étoile, et les mots en lance de sagaie. Je plante dans ta bonne conscience mes flèches. Qu'importe si tu en as mal. Qu'importe ! Lui, dort avec dans sa tête une tempête qui ne se parle pas. Lui, il n'a plus de mots, et sa vie est déjà lourde de trop de maux.
J'ai la colère qui te claque la porte au nez. Qui te tourne le dos, la tête haute, la tête si haute d'avoir trop attendu. D'avoir obéi à tes ordres de ne pas m'en mêler. M'emmêler... comme lui ? Dont la vie est un noeud coulant.
Entre toi et lui, j'ai maintenant du choisir. Tu as refusé de m'écouter toutes ces années.
Je m'en fous de passer pour une "madame je sais tout", pour une "donneuse de conseils", je m'en fous, tu comprends ? Il va mal, ton fils, il va mal à en crever. Je m'en fous de savoir que sont les responsabilités des uns ou des autres. J'ai la colère sourde et aveugle.
Je ne sais plus où le joindre, ton fils, qui dort parfois dans la rue, si plein d'alcool que les trottoirs lui sont devenus familiers.
Mais je sais que parfois, encore, il va dans un cyber café.

Un message l'attend, dans ce café branché. Un numéro de téléphone.
Je prendrai ma voiture et j'irai le chercher.
Avant, je passerai chez toi, prendre ces sacs poubelles où ses affaires sont entassées.
Tu pourras me fermer la porte au nez. Ta vie est construite, la sienne est en tas de briques.
Il a 18 ans. L'âge de mon fils.

18 juin 2007

Commune présence

Ce poème... bon dieu, ce poème....

" Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.

Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union."

René Char

16 juin 2007

Ma Dame,

  je m'y suis engagée auprès de vous, auprès de moi, l'encre de ce contrat ne se dissoudra pas ici. Ma signature numérique vous agréera, tout comme elle agrée au Ministère des Finances. Au diable Faust, je n'y vendrai mon âme.
Le samedi 27 octobre 2007, à 19 heures, je sonnerai à votre porte. Le restaurant nous attendra, et je vous y offrirai une coupe de champagne. Parce que je veux gagner mon pari, tout comme vous.
Un pari. Presque de quoi en rire. Presque.
Je pointe du doigt une échéance comme porte de ma liberté.
Vous pointez du doigt ma déchéance à ignorer que je n'ai pas de clé.
Ma Dame, aux mots cruellement vrais, je vous regarde mener vos combats. Vous en menez plusieurs de front, refusant de courber l'échine devant les affronts.
Et vous me regardez, suintant par mes pores l'odeur douceâtre de mes mensonges à moi-même. Vous m'offrez un flacon de bain moussant à la tourbe...moi qui aime patauger dans les flaques boueuses.
Je vous l'écris ici, ce samedi 16 juin 2007.

"Je m'engage à ne jamais plus.
Et je m'engage en son nom à lui aussi."
Sceau

Qui, de vous ou de moi, aura un paquet de car en sac à la main ?

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