J'suis pas un bon chef
Vous ne les lisez donc pas, mes mails appliqués à ne vous donner pourtant que l'essentiel ? Les notes expurgées du superflu sont encore trop touffues ? Vous estimez que devoir écrire des phrases en bon français, sans fautes d'orthographe, est trop vous demander ? Et que je veuille les corriger vous est offensant ? Vous naviguez sur les sites de voyages sans jamais planter votre ordi, et la météo est dans vos raccourcis. Mais vous ignorez tout de la dernière consigne que je vous ai transmise. Vous avez supprimé mon message, noyé dans les listes de blagues dont vous raffolez.
Je suis fatiguée de vous materner, vous absoudre, vous couvrir, vous (...) sacrément fatiguée.
Épuisée que vous puissiez trouver pénible d'apprendre à utiliser un fichier Excel en suivant un mode d'emploi détaillé pas à pas. Usée de vos plaintes sempiternelles pour une imprimante qui coince, de vos oublis de vous lever le matin alors qu'un formateur vient expressément pour vous. Lasse de ces erreurs d'étourderie redondantes qui me donnent deux heures de travail pour les récupérer. Et votre mine d'enfant contrit n'y change rien. Vous n'êtes plus un enfant. Je n'ai aucun moyen de vous punir, juste l'envie de vous dire - mais de me taire - que vous avez un salaire versé en contrepartie d'un travail que vous êtes censé faire. Ras le bol de tout cela. De vos certitudes que vous êtes inamovible, indéboulonnable. Moi aussi je le suis. Mais, quitte à travailler, je le fais au mieux. Je ne vous en demande pas tant, même moins. Mais au moins, ne soyez pas retranché dans votre affreux statut de fonctionnaire caricatural. Vous gérer me devient insupportable parfois.
Vous voulez que je vous dise ce que je pense de votre poste au travail ? Vous creusez le trou dans lequel on le glissera quand l'heure de votre retraite aura sonné. Comment osez-vous vous offusquer de ces mesures et dénier votre propre responsabilité ?
Je veux un poste à la photocopieuse.
Et plus d'équipe.