...
Tu sais, maintenant.
L'amour a étranglé ton cœur de sa fine liane de cuir.
Tu as appris, si doucement, sans voir que la source légère où tu barbotais était devenue torrent où tu perds pied.
Tu aimes.
Je savais, avant.
L'amour avait enroulé sa liane fine autour de ma gorge, et je suffoquais.
J'ai appris, les courants en tourbillons et l'apnée, j'ai appris à nager entre deux eaux.
J'aime.
Tu as peur de ces jours qui se rapprochent et tracent la fin. Tu ne veux pas. Non, non. Pas ce jour là.
Je souris de chaque heure, et le poids du chagrin qui se dissout me rend enfin douce et paisible. Car je n'ai plus mal, je sais que je vais être délivrée de toi. La mue s’est achevée, je ne suis plus à vif.
Comme tu as changé, mon aimé. De m’aimer.
Tu me remplis de paix, car je sais maintenant que tu respecteras le silence que je te demande. Tu as mal, je le sais. Tu as mal, comme j'ai eu si mal. Pour la première fois tu me demandes pardon de tes appels, quand je voulais oublier, de mes mots qui t’habitaient. Tu me demandes pardon pour tout ce que tu n'avais pas vu, et qui t'aveugle maintenant. Cela n'a plus d'importance, mon pardon serait vain. Mais je te crois.
La fin approche.
Comme une mort rêvée, où l'on peut dire, avant, "je vous ai aimé".
Sans douleur, sans remords, sans regrets.
Je vous aime, Monsieur, pour tout ce que vous êtes et ne m'avez jamais offert de vous.
Vous m’aimez, Monsieur, pour tout ce qui vous blesse de ne jamais m’avoir offert.
Vous êtes enfin vrai.