Figue
Tu chercheras sur ta peau la trace de chacune des morsures
que je ne t'aurai pas infligées.
Tu passeras ton doigt égaré sur tes lèvres asséchées
de la caresse de ma langue voluptueuse.
Tu chercheras comme un fou le souvenir de mon odeur extrême
évaporée à jamais, ambre et suc mêlés.
Et ta gorge déglutira sa salive sans le miel de la mienne
mon souffle éteint, à ta bouche figée.
Tu chercheras dans les limons du fleuve
mes mots qui s'y traçaient
et dans le parfum du figuier l'âpre odeur que j'ai volée.
Tu liras Char et Apollinaire
- interdits de ma voix -
tes sens sans plus d'indécence.
Et ton sexe gonflera du souvenir de mes hanches,
qui s'en balanceront, au loin.
Et ton ventre connaîtra
le désir exquis du goût de mon sexe
aux chairs éclatées de plaisir
- figue mûre -
...
Tu me maudiras.
Tu me pleureras.
Et tu oublieras.