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Eau vive
1 juin 2007

Collector H2O n° 1

Main gauche : oh là là, ça fait mal ! c'est tout rouge et gonflé, juste le petit doigt.
Main droite : c'est vrai que c'est toujours sur toi que ça tombe, ma pauvre chérie !
Main gauche : c'est bizarre, non ? Elle est droitière pourtant ! C'est à n'y rien comprendre aux rhumatismes.
Main droite : c'est Elle qui appelle ça comme ça, le toubib Elle ne lui en parle pas, il sera content de savoir qu'Elle traîne ça depuis des mois ! On va rire, Elle fera son numéro de la "pas douillette" et après il va lui rappeler qu'Elle vieillit !
Main gauche : oui, j'imagine le tableau. Elle , les yeux concentrés sur ses Pieds, l'écoutant en en pensant pas moins...
patati, jardinage...patati, sans gants...patati, plus de son âge... Avant qu'il ne lui fasse entendre raison les saisons vont passer!
Pieds droit et gauche : vous parlez de nous ? Alors, les filles, ça roule ? On a appris pour la gauche, courage, ça va bientôt se calmer.
Main gauche : merci, les gars, et vous, pas encore atteints ? Vous avez de la chance, Elle vous met des ptites chaussettes aux premiers frimas !
Pieds droit et gauche : oui, pour nous, la mauvaise saison, c'est l'été, quand Elle se ballade pieds nus ! Dès qu'il fait froid, Elle nous emballe dans des trucs tout doux, c'est un pur bonheur. Elle n'aime pas ça, avoir la Peau de poule (...)
Peau : salut tout le monde, on parle de moi ? Je vois que l'automne a commencé ses dégâts sur la chose (...)
Pieds et Mains, en chœur : la chose ! Mais tu n'as pas honte de parler d'Elle comme ça ?
Peau : je parle en mon nom, hein, je ne vous demande pas d'être d'accord. Je vous signale juste que c'est moi qui ai la plus grande surface, ici, alors j'ai le droit d'en parler comme je veux... de la chose... Parce que la reconnaissance, ça se mérite. L'autre fois quelqu'un lui a pourtant expliqué qu'il fallait m'enduire de lait hydratant et tout plein de choses délicieuses qui me rendraient soyeuse. Mais non, ça l'a fait rire rien que d'y penser ! Alors, pour le coup...
Pieds et Mains : quelle chochotte tu fais, on est tous logés à la même enseigne et on ne lui en veut pas pour autant !
Peau : c'est bien ce que je pensais, vous vous contentez du minimum et vous frétillez de reconnaissance en plus ! Enfin, il faut de tout pour faire la chose.
Inconscient: qu'est-ce que j'entends là ? C'est pas un peu fini de dire des horreurs pareilles, Peau ? Elle l'a douce na-tu-rel-le-ment, pas besoin de l'enduire de trucs collants. Vous allez finir par lui démolir son estime d'Elle.
Ego: de toute façon moi je le sais déjà qu'Elle ne m'aime pas, alors...
Inconscient: et voilà, vous avez réussi ! C'est pas possible de travailler avec des zigotos pareils !
Pieds et Mains : c'est pas nous ! C'est Peau ! Elle fait rien qu'à se plaindre. Nous on l'aime, Elle. Même si quand même on a l'impression parfois...
Ego: personne ne m'aime, c'est pas difficile, ils font juste semblant, pour me faire plaisir, que je ne fabrique pas plein d'anticorps. Je ne suis pas dupe, je sais bien que c'est vénal comme démarche.
Inconscient à Cerveau et Moelle : je demande la fabrication d'endorphines pour dé-focaliser Ego de ses idées noires.
Cerveau : écoutez, je suis d'accord dans l'absolu, mais il faudrait que vous vous mettiez un peu d'accord. Les conflits organiques ça lui use les peptides. La Peau vous allez me faire le plaisir de vous calmer ou je vous déclenche un exéma dont vous vous souviendrez !
Ego: oh, Elle sait très bien le faire toute seule, ça, mais bon, merci quand même de vous préoccuper de moi, Cerveau. Il ne fallait pas vous déranger pour si peu.
Peau : on ne peut rien dire ici, vous parlez d'une dictature !
Cerveau : je me sens fatigué, mais fatigué ! Ego, arrêtez de dire "merci" à tout bout de champ, merde ! On forme une équipe et on a tous besoin les uns des autres ! Estomac, déclenchez une envie de sucre, je sens que je suis en manque et que la journée va être rude.
Estomac : gargouillis en route, Chef ! Elle va bientôt se jeter sur un Snickers ! Et moi aussi je voulais dire à madame la Peau (de vache) qu'Elle me fait de l'acide quand Elle entend le mot "chose". Si ça continue je vais me trouer, alors il va falloir veiller à la faire taire, à cette vieille Peau.
Peau : tu as de la chance que je ne puisse pas intervenir dans tes entrailles écœurantes (...)
Cerveau : mais vous allez finir par vous taire, nom d'un synapse ! Tous !
Ego: c'est pas grave, Chef, ne vous mettez pas en colère contre eux, les pauvres, ils sont bien gentils de me supporter, vous savez.
Inconscient: écoute, Ego, en ce moment tu ne vas pas fort, mais c'est à cause des nuits qui rallongent. C'est ton horloge biologique qui est un peu patraque. Tu sais bien que tu es quelqu'un de bien.
Yeux : ben faudra lui expliquer un peu mieux, parce que je ne vous dis pas comment Elle se voit dans la glace ! Nous, on est aux premières loges, c'est pas joli-joli...
Inconscient : écoutez-moi bien Yeux, enfin, je voulais dire regardez-moi bien, Yeux, vous allez éviter les miroirs pendant quelques temps et moi je vais tenter une réparation. Je vais la focaliser sur le regard d'un gars qu'Elle croise au boulot. Quand il la regarde, Ego double de volume.
Cerveau : bonne initiative, ça, Inconscient. Je m'en souviendrai pour votre évaluation de fin d'année. Pour vos objectifs ça me donne des idées en plus...
Inconscient : je fais ça pour Elle, chef.
Ego : il n'a pas tort, Inconscient, c'est vrai que quand il la regarde, c'est comme si Elle devenait belle. Elle doit somatiser, parce que Yeux ils deviennent drôles en même temps.
Yeux : pour le coup on a comme un voile brillant et on pétille. Encore un truc bizarre qui vient tout droit des Hormones, ça !
Hormones : bien raisonné, Yeux, Elle nous fait travailler à 100% dès qu'Elle le voit ! Mais bon, heureusement que ce n'est pas toute la journée, quel stress !
Cerveau : je suis content de vous, le corps, allez, on garde le cap comme ça et on s'occupe un peu plus d'Ego, d'accord ?
Ego : merci, vous êtes vraiment tellement gentils de vous préoccuper de moi comme ça, en prenant sur votre temps libre en plus.. oh, je sens que je vais pleurer tellement vous êtes gentils...
Cerveau : (...) gros soupir (...)


Pied gauche, petite voix ; j’ai mal, si tu savais comme ça me lance, là, tu sais, juste sous le coussinet.
Pied droit, inquiet ; tu crois que tu vas tenir le coup ? Le médecin a dit que ça irait mieux dans trois jours..
Pied gauche, pas rassuré ; parce que tu y crois ? On voit bien qu’il ne la connaît pas. Trois jours… si Elle accepte de se tenir tranquille.
Pied droit ; là, je suis sûre qu’elle va s’arrêter de gigoter, parce que Elle a décidé de partir en moto ce week-end. Comme c’est toi qui passe les vitesses, Elle va devoir être rai-son-nable !
Pied gauche, soulagé ; rire, tu es génial, le droit, j’avais oublié !
Pied droit, rosissant ; il faut bien que je t’aide un peu, tu me fais de la peine, ptit gauche, avec ta plaie. J’en étais malade quand il a enlevé le bout de ferraille. Surtout avec toute la corne qu’Elle nous laisse…
Pied gauche ; tu l’as entendu, le toubib, quand il lui a demandé où Elle allait se fourrer les pieds pour se planter un truc pareil ?
Pied droit ; tu parles si je l’ai entendu… Même qu’Elle s’est mise à nous faire faire plein de sueur tellement Elle avait la trouille quand il a pris son scalpel en disant ça !
Pied gauche, chair de poule sur le gros orteil ; arrête, n’oublie pas que c’est moi qu’il a charcuté !
Pied droit, penaud ; je te demande pardon, c’est vrai … Mais cela t’a sacrément soulagé, après. Je te regardais, tu sais, je t’ai senti te détendre tout à coup.
Pied gauche, amer ; depuis le temps qu’on lui dit d’arrêter de marcher pieds nus n’importe où !
Pied droit, formel ; ça va lui servir de leçon, maintenant qu’Elle saute sur moi seul pour se déplacer. Ne t’inquiète pas, la solidarité joue à fonds, je lui en fais voir de toutes les couleurs ! Hop, une glissade, hop, un chavirage, Elle fait moins la maligne !
Pied gauche, goguenard ; mademoiselle a préféré attendre ! Mademoiselle croyait que ça « sortirait » dans de l’eau chaude ! Et moi, je sentais bien que c’était planté profond-profond…
Pied droit, hochant des orteils ; c’est vrai qu’Elle est tellement têtue que ça frise la stupidité.
Pied gauche ; enfin, heureusement que j’ai gonflé, sinon il aurait fallu que j’attende encore longtemps !
Pied droit, rigolant ; une petite gangrène, le gauche ? ou juste un curetage osseux. Non, une amputation, ne lésinons pas !
Pied gauche, en colère ; tu ne me fais pas rire du tout. Je te signale qu’on est deux. Un de ces jours ce sera toi…
Pied droit ; allez, rigole, mon ami, Elle te chouchoute maintenant… mais ton nouveau parfum…assez chimique là !
Pied gauche, radouci ; ça pue ! Il n’y a pas d’autre mot ! Et cette couleur mauve…L’autre fois Elle a failli m’ébouillanter d’ailleurs, dans la bassine ! Elle en a mis partout, de son eau permanganatée, tellement Elle m’a sorti en vitesse, limite ébouillanté !
Pied droit ; orteil bouilli au menu !
Pied gauche ; ah ça, ce n’était pas loin ! Bouilli et stérilisé !
Pied droit ; je suis content que tu ailles mieux, tu sais. Je me faisais beaucoup de souci pour toi..
Pied gauche, ptite voix ; sans toi je serai perdu. Merci, mon droit, mon ami fidèle.
Pied droit, tout rouge ; allez, on arrête et on dort maintenant. C’est fini de se dire toutes ces bêtises.

 


Pied gauche, brusquement ; moi, j’aimerais bien qu’Elle nous bichonne un peu plus.
Pied droit, outré ; oui, on est ses esclaves, en ce moment Elle nous traite comme des riens, les oubliés de son Elle.
ied gauche, rouge de colère ; on a qu’à lui en faire voir de toutes les couleurs ? Qu’est-ce que tu en penses ?
Pied droit ; d’accord, mais c’est toi qui prends l’ongle incarné alors.
Pied gauche, rétracté ; ah non, pas ça ! Elle est pire que tout quand Elle veut s’en occuper. La dernière fois c’était une vraie boucherie, après, tu la connais, pas délicate pour deux sous ! Non, trouve autre chose. Tiens, une ampoule, une avec la peau qui s’arrache.
Pied droit, tordu de douleur à l'idée; mais Elle en a tout le temps, mademoiselle à la peau sensible. Tu crois qu’Elle comprendra un jour qu’on existe ? Un peu de considération, ce n’est pourtant pas grand chose.
Pied gauche ; (…) ??
Pied droit ; (…) ??
Pied gauche ; un cor ? C’est pas mal comme idée, non ?
Pied droit, ironique ; tu rêves, là. Elle jette les chaussures au premier bobo de ce genre. C’est pour ça qu’on a toujours les mêmes. Usées en biais, même trouées sous la semelle, tu sais, comme ses bleues tout avachies...
Pied gauche, amer ; à qui le dis-tu ! Pourtant on mériterait du cuir souple et des jolies formes, avec des petits talons.
Pied droit, formel ; tu rêves toujours, mon pauvre ami…
Pied gauche, goguenard ; madame veut qu’on l’aime pour Elle, pas pour ses chaussures, comme si on était pas ce qui la reliait au sol. En plus ils s'en moquent de ses chaussures, eux, alors que nous, c'est quand même notre maison, pour toute la journée. Elle est stupide, je te jure, stupide !
Pied droit, hochant des orteils ; ne sois pas si méchant avec Elle. C’est de leur faute, à eux (...)
Pied gauche ; facile, là, eux, toujours eux, comme si Elle n’existait pas sans eux !
Pied droit, pensif ; mais non, ce n’est pas ce que je voulais dire ! Souviens-toi de son ex, oui, le dernier, celui qui nous aimait tant.. Tu te souviens ?
Pied gauche, en colère ; tu crois qu’on va pouvoir l’oublier celui-là ? Ah, ça, il lui donnait à la tonne des mots d’amour, tes pieds ceci, tes pieds cela, même que ça nous fatiguait, parce qu’on savait bien qu’Elle se sentait mal, tu sais qu'Elle nous recroqueville tous les orteils quand Elle a un peu peur. Elle ne peut pas nous mentir, à nous ! Si cerveau nous avait mis une alarme, Elle se rendrait bien compte de ce qui va pas, grâce à nous...
Pied droit, sagement ; ça, c’est autre chose, tu parles des derniers moments avec lui, quand Elle avait enfin compris qu'il fallait nous écouter. Non, je te parle de lui, mais la première fois. Quand ils sont partis sur leurs motos. Tu sais, quand ils s’étaient rencontrés, qu’Elle pestait contre sa moto qui démarrait mal ! Il l’avait suivie, après.
Pied gauche, radouci ; oui, au bord du lac ! Et Elle nous avait libéré des tennis, qu’on sente les galets ! J’aime quand Elle nous laisse caresser les galets ou le sable (…)
Pied droit, croustillant ; et bien, souviens-toi, ce jour là, il ne l’a pas embrassée … Il nous a massés. Il avait de bon côté quand même. Et ses petites chaussures roses, tu sais, avec la fleur dessus, ben c'était lui quand même. Et puis il nous les limait même nos ongles.. pas comme maintenant... Attends un peu qu'Elle en retrouve un, de eux.. Hé hé ! Pour sûr que ce sera un eux qui nous aime, je le sens bien !
Pied gauche, sèchement ; pourquoi ? On ne mérite pas d’être cajolés par Elle, peut-être ? Il va falloir qu'on attende une pièce rapportée pour avoir droit à un peu de considération ? Elle n'a pas le chromosome coupe-ongle et lime ? C'est à eux, ça , comme gène? Madame nous ignore. Tu vois, Elle est stupide !
Pied droit, chagriné ; tais-toi, tu ne La comprendras jamais. Elle ne sait pas s'aimer, c'est tout.

 


Pied droit, anéanti ; ça y est, Elle recommence, je n’en peux plus..
Pied gauche, épuisé ; tu parles de quoi ? parce qu’Elle passe sa vie à recommencer. Tout et n’importe quoi !
Pied droit, soupirant ; pour le reste ça m’est égal, je te parle de nous, évidemment.
Pied gauche, conciliant ; oui, bien sûr, heureusement que nous sommes là pour nous intéresser à nous.
Pied droit, avec un sourire triomphant ; ah, quand même, tu le reconnais ! Parce que tu me fatigues parfois à te préoccuper constamment du reste de son Elle, comme si nous n’avions pas assez de soucis comme ça. Tu as vraiment une âme d’abbé Pierre.
Pied gauche, vexé ; et bien oui, monsieur Pied droit qui se prend pour le centre d’Elle, je préfère ne pas me considérer comme le seul objet important d’Elle. Je ne suis pas son nombril, moi.
Pied droit, haussant le ton ; ne me parle pas comme ça où je me foule la cheville, tu feras moins le malin après.
Pied gauche ; quelle violence en toi…et en plus tu deviens auto-destructeur. Je te conseillerais bien d’aller voir un podopsy, mais l’idée de te supporter déversant tes aigreurs, là, à côté de moi, non merci !
Pied droit, rouge de rage ; stupide pédotruc, tu n’aurais rien à raconter, toi, tu penses avec autant de profondeur qu’une dent au comptoir de sa mâchoire !
Pied gauche, consterné ; quand je t’entends m’insulter, là, et que je ne sais même pas de quoi tu te plaignais il y a deux minutes…
Pied droit, en pleine réflexion ; mais de la fatigue, des mauvais traitements qu’Elle nous fait subir depuis qu’il fait beau ! Et l'automne n'est pas encore là...
Pied gauche, soupirant ; oui, c’est vrai qu’Elle exagère un peu…
Pied droit, frissonnant ; « un peu » ! Un peu seulement ? Mais je rêve….Elle n’arrête pas de marcher pieds nus n’importe où, au bureau, à la maison, au jardin…et aujourd’hui sur le trottoir…avec toutes les saletés qu’il y a par terre…
Pied gauche, blême ; …j’ai même évité de justesse un tesson de bouteille tout à l’heure !
Pied droit, triomphal ; ah ! tu vois, c’est bien ce que je disais, Elle recommence à faire n’importe quoi !

 


Estomac à centre de l'oreille interne ; vite, demande urgente pour la faire vaciller et entraîner une nausée. Urgent, je répète. Elle doit arrêter immédiatement.
Oreille interne à Cerveau ; chef, j'obéis ? ça a l'air grave.
Cerveau ; je m'en occupe, pas d'initiative pour l'instant. Vous connaissez Estomac, il fait des histoires pour un rien.
Oreille interne ; bien reçu, j'attends les ordres.
Cerveau à yeux ; qu'est-ce qu'Elle mange ?
Yeux à Cerveau ; nous, on voit un paquet d'arachides. De l'alimentaire, chef.
Cerveau, soupirant ; mais qu'est-ce qu'il lui prend à Estomac ?
Cerveau, terriblement inquiet soudainement ; dites les Mains, vous faites quoi, là ?
Les Mains ; on prend dans le paquet et on dépose dans sa bouche chef !
Cerveau ; (...)
Cerveau, pris de panique ; les Mains, ce sont des arachides ou des cacahuètes ?
Les Mains ; des arachides, confirmé, chef.
Cerveau, tonitruant ; mais vous les avez décortiquées avant de les mettre dans sa bouche ?
Les Mains ; non, Elle nous a pas donné l'ordre de le faire chef ! On n'y peut rien, nous !
Cerveau, bouillant de rage ; Oreille interne, déclenchez la nausée, et dépêchez-vous !
Oreille interne, vibrant de tous ses cils ; je tente, chef.
Cerveau ; ce n'est pas de "tenter" que je vous demande, mais de réussir !
Cerveau à Estomac ; ça va, vous tenez le coup ?
Estomac, voix pâteuse ; on en a vu d'autres, chef, mais Intestins demandent grâce...
Cerveau à Intestins ; la digestion a commencé ?
Intestins à Cerveau ; ce n'est que le début, mais les molécules qui arrivent d'Estomac sont énormes. Trop de fibres, bien trop. Elles absorbent toutes les particules de lipides, impossible de les extraire. On en manque, de ces foutues graisses.
Cerveau à Intestins ; tenez le coup, demain je lui enverrai un ordre irrépressible pour manger des beignets . Ça vous ira ? Vous préférez autre chose ?
Intestin à Cerveau ; le problème des beignets ce sont les glucides. Foie est fatigué de fabriquer de l'insuline, à cause des bonbons qu'Elle grignote toute la journée.
Cerveau, fatigué, épuisé ; Elle me fatigue, mais Elle me fatigue....
Cerveau à Foie ; Foie, vous vous débrouillez comme vous voulez avec votre insuline, demain je lui donne envie de manger des beignets. On a besoin de lipides, et Elle aime celles-là.
Foi à Cerveau, grommelant ; bien chef, je ferai de mon mieux.
Cerveau à Oreille interne ; bon, ça y est, la nausée arrive enfin ?
Oreille interne à Cerveau ; vous ne l'avez pas sentie ? Bien la peine que je vibre de tous les cils, tient ! De toute façon vous savez bien que rien -rien!- ne l'arrête quand Elle commence à attaquer des arachides. (travaillez, travaillez, et voilà comment il vous traite. Esclavagiste !)
Cerveau ; message à l'attention de tous. Elle recommence à manger n'importe quoi, que chacun rassemble ses forces, je vais tenter de lui occuper les idées avec un sujet délicat, mais, en attendant, bon courage à tous.

 


Cœur : Tu as vu ? Elle pleure.
Tête: Oui, je sais, Elle tremble un peu aussi.
Cœur: Tu crois qu'on peut l'aider ?
Tête: Non, tu sais bien que son chagrin est solitaire. Elle n'en parle pas, jamais. Elle l'écrit juste, avec quelques mots salés.
Cœur: Heureusement qu'Elle a ça. Pense à tous ceux qui se terrent dans le noir, qui s'enterrent dans le silence, qui n'ont pas l'écriture.
Tête: Oh, non, voilà qu'Elle sanglote maintenant. Je déteste qu'Elle secoue sa tête comme ça.
Cœur: Elle se sent seule, c'est bête quand même, Elle a eu de la visite pourtant.
Tête: Je sais bien, ça lui fait souvent ça, comme si Elle se sentait abandonnée. Elle repart dans son passé, ses souvenirs.
Cœur: Tu crois que Toi lui manque aussi ?
Tête: Chut, qu'Elle ne t'entende pas dire ça. Tu sais bien qu'Elle s'est interdit d'avoir mal de Toi.
Cœur: Oui, je sais bien, mais à force de jouer à la dure, Elle se casse toute seule. J'ai souvent pensé que tous ces petits bouts qu'Elle rigidifie peu à peu finiraient par la transformer en statue de marbre.
Tête: Statuette qui paraît si solide et se brise comme verre pourtant. Elle devrait accepter.
Cœur: Quoi ?
Tête : D'être humaine.

 


Pied gauche, en extase ; c’était divin, non ?
Pied droit, encore tout ému ; le mot n’est pas trop fort, Elle est adorable quand Elle le veut.
Pied gauche ; tu ne m’empêcheras pas de penser qu’il y a anguille sous roche…
Pied droit, pensif ; non !! tu crois qu’Elle va les ressortir de la boîte ?
Pied gauche ; ah, toi aussi tu penses aux escarpins ? Les gris?
Pied droit, coquin ; depuis le temps qu’ils sont enfermés, les pauvres…
Pied gauche, curieux ; il est revenu ?
Pied droit, haussant le cou de pied ; « il », tu penses au géant ?
Pied gauche ; ben oui, tu en connais d’autre pour qui Elle se faisait le pied joli, et prenait 10 cm de plus ?
Pied droit ; c’est vrai, maintenant que j’y pense (…)
Pied gauche, ironique (…) ça t’arrive de temps en temps ?
Pied droit, nerveux ; j’arrête de te parler si tu continues.
Pied gauche, radouci ; allez, sois mignon, ne te fâche pas, c’était histoire de plaisanter. Alors, tu crois qu’il est revenu ?
Pied droit ; non, tu ne te rappelles pas ? ils se sont dit adieu sur le quai de la gare, là-bas. On était en chaussures de randonnée, Elle avait préféré les garder pour le voyage, en souvenir ! Elle est vraiment rigolote de croire que les souvenirs aussi poudreux que ceux-là n’allaient pas fondre comme neige au soleil.
Pied gauche, rêveur ; moi, je l’aimais bien, ce géant des montagnes. Elle l’appelait mon yéti, et quand il nous attrapait, devant la cheminée (…)
Pied droit, dans un soupir ; (…) avec une seule main, hop, du talon au bout de l’ongle.
Pied gauche, en riant ; N’empêche, il nous les coupait drôlement bien, lui, nos ongles, un perfectionniste !! Et quand il nous massait la plante ou qu’il dépliait nos orteils…j’arrête, ça fait mal d’y penser…
Pied droit, se regardant ; Elle a fait un effort aujourd’hui, Elle nous a même limé les ongles. On ne fera plus de bruit dans les draps !
Pied gauche, grincheux ; ça, ils lui ont donné de mauvaises habitudes. Pas un pour nous ignorer, tu crois qu’Elle faisait exprès de choisir ceux qui nous aimaient ?. Remarque, je dis n’importe quoi, Elle nous a toujours laissés dans notre coin, Elle. Et eux, toujours à s’occuper de nous. Elle n’avait jamais le droit de couper le moindre bout. Et maintenant, évidemment, Elle n’y pense pas souvent. Je suis sûre qu’il va revenir, c’est la seule explication possible pour qu’Elle nous fasse beaux.
Pied droit, songeur ; tu te souviens quand Elle nous laçait les lanières sur la cheville ? Elle pestait !
Pied gauche, hoquetant de rire ; et après quand Elle marchait comme si le sol était instable…Qu’est-ce qu’on a pu rire !

Pied droit ; surtout quand Elle les enlevait, excédée, et finissait pas danser sur ses pieds à lui ! Combien chaussait-il, tu te souviens ?
Pied gauche ; pfuttt, c’était terrible, je me sentais minuscule ! Elle aussi d’ailleurs ! Elle disait « non, je ne suis pas petite » et il nous faisait quitter le sol pour qu’Elle soit grande ! Oui, on s’amusait bien avec lui… Mais Elle est partie, ce n’est pas pour lui, j’en suis sûre. D’ailleurs, regarde, Elle va nous mettre de la crème !!!
Pied droit, stupéfait ; waouh ! Tu as raison, pour lui, jamais de crème…
Pied gauche, perplexe ; bon, va falloir être attentif. S’il aime ses pieds, celui-là, on arrête de se tordre dans tous les sens, on se tient à carreau.
Pied droit, ricanant ; tu oublies comment Elle est, pied gauche. Elle ne va pas résister longtemps… dans des chaussures, Elle n’est jamais très à l’aise. Il a intérêt à savoir les lui enlever, qu’on respire, sinon...hop, Elle va partir en claquant des talons !


 

Pied droit, émoustillé ; tu as vu ? Elle va s’occuper de nous !
Pied gauche, incrédule ; de nous ? Non, mais ça fait des années que…
Pied droit, dubitatif ; peut-être qu’Elle va reprendre la danse. Tu te souviens ?
Pied gauche, pensif ; qu’est-ce qu’Elle nous bichonnait, à l’époque…
Pied droit, rêveur ; il valait mieux ! Elle nous en demandait de ces trucs ! Tu te souviens du goudron, ou de la dalle de béton ?
Pied gauche ; impossible d’oublier ! Allez, les pieds, pas de contestation, on assume, Elle n’avait que ça à la bouche ! Elle nous traitait comme des chaussures !
Pied droit, inquiet ; mais là, je ne me sens plus le courage, mais alors plus du tout. Elle me tordait dans tous les sens, c’était l’enfer parfois. Ça brûlait, ça faisait même des plaies. Quelle horreur !
Pied gauche, rassurant ; non, pas la danse, Elle avait dit qu’elle arrêtait. Tu la connais, Elle est têtue.
Pied droit, dans ses souvenirs ; remarque, moi j’aimais bien, après. Parfois, il y en avait un qui nous faisait un massage fabuleux…Et Elle ne bougeait plus. Allongée, trempée de sueur, c’était pas mal, la danse, ça la vidait de la tête aux pieds.
Pied gauche, orteil relevé ; (…) aux pieds (…) c’est vite dit. Tu sais bien qu’on bouge tout le temps, même quand Elle dort. Je crois qu’Elle danse dans sa tête, moi.
Pied droit, fièrement ; tu n’as pas tort, Elle me fait rire quand on bouge et qu’Elle croit qu’Elle ne pense à rien !
Pied gauche ; regarde, elle a pris une râpe ! Chouette ! Fais-toi tout petit, pied droit, sinon ça va la décourager.
Pied droit, outré ; mais je suis tout petit, ce n’est pas un demi-centimètre de plus que toi qui va la décourager, non mais !
Pied gauche, souriant ; qu’est-ce que tu es susceptible en ce moment !


Pied droit, posé ; vas-y. Depuis le temps que je t’attends. Tu es prêt, non ? Ça fait des jours qu’on en parle de ce rendez-vous.
Pied gauche, arqué ; c’est facile pour toi ! Toujours prêt à te poser. On y va, sans réfléchir, c’est bien toi, ça ! Tu crois que c’est le bon moment ?
Pied droit, en chaussette ; tu ne vas recommencer avec le bon moment. La dernière fois j’ai cédé. Mais ça n’existe pas le moment dont tu parles ! C’est aujourd’hui. Point.
Pied gauche, recroquevillé ; non, on n’y va pas. Je te jure, je sens même que je vais avoir une ampoule.
Pied droit, pointé ; et alors, depuis quand ça t’arrête, d’avoir une ampoule ? Tu veux que je rappelle les 17 km en plein hiver, avec des chaussures de ville, en montagne (…) quand même quoi ?
Pied gauche, cambré ; ah, je m’y attendais à ces km là, tu ne m’as jamais pardonné, c’est d’un facile ! Elle avait l’air si heureuse, et toi, égoïste, tu aurais aimé que je gèle, c’est ça ? Et bien non, monsieur jamais content, j’ai résisté. Mais là, ce n’est pas pareil. Rien qu’une fois, la dernière, allez, on reste là, j’ai la trouille là, tu le vois bien, j’ai l’ongle qui blêmit…
Pied droit, à plat ; j’y vais. Elle nous attend.
Pied gauche, relevé ; non, s’il te plaît, attends. Et s’il me trouve laid ? Regarde, j’ai l’ongle là tout racorni et rayé.
Pied droit, chaussé ; bon, alors, là, tu m’excèdes. Tu as toujours détesté t’occuper de tes ongles, c’est ton problème. D’abord il ne va pas y jeter un seul clin d’œil, à tes ongles, tu te prends pour qui ? Le centre d’Elle ? Tu n’es que son pied, et moi aussi. On y va, et pas de chichis, je te prie, avance.

 


Main gauche ; Regarde ce qu’Elle m’a offert, elle est belle, hein ?…
Main droite  Je sais, stupide, je l’ai vue, sans moi elle ne serait pas sur ta phalange !
Main gauche ; Tu es jalouse…
Main droite  Moi ? De toi ? Tu rêves, la gauche, tu délires, même !
Main gauche ; Oui, parfaitement, tu es jalouse parce que la bague, elle est pour moi…
Main droite  C’est que de la verroterie pour frustrée. Ça lui passera de vouloir ce truc bizarre en plein milieu de sa main.
Main gauche ; Ouh la la, tu es encore plus aigrie que ce que je croyais, droite.
Main droite  Moi, aigrie ? Mais sans moi, Elle n’est rien, ma pauvre, rien du tout !
Main gauche ; Tu te trompes. Je suis sacrément utile…Souviens-toi. Réfléchis un peu…
Main droite  (…)
Main gauche ; Oui, en janvier, quand ils l’ont opérée du coude…T’avais belle mine tiens, immobilisée dans ton attelle bleue. Alors, mademoiselle droite qui dit qu’elle est meilleure que l’autre…on ne dit plus rien, pour le coup !
Main droite ; d’abord ça n’a duré que six semaines, alors si tu crois que tu vas en tirer de la gloire pour 20 ans, tu te fais plus grosse qu’un bœuf, là…
Main gauche ; Je te signale qu’Elle sait très bien maintenant que moi, l’insignifiante gauche, et bien oui, que je suis capable de faire des tas de trucs…
Main droite ; et c’est pour ça qu’elle te remercie avec ce truc en verroterie…Laisse moi rire !
Main gauche ; allez, ne te fais pas plus méchante que tu ne l’es, ptite droite. Tiens, je te la prêterai si tu veux.
Main droite ; pas question ! Avec tout le travail que j’ai à faire, il ne manquerait plus que ce truc qui se coince partout. Si tu crois que je ne te vois pas !! Par exemple quand tu essayes de te glisser dans la poche de son pantalon…Accrochée par la couture, je te vois pester, tu sais !
Main gauche ; soyez sympa, et voilà comment elle vous parle. Tu mériterais un panaris…
Main droite ; Oh!
Main gauche ; là, tu te tais…Parce que tu ne fais pas grand chose quand ça t’arrive, pas vrai ? Et heureusement que j’existe, alors…
Main droite ; je n’ai jamais dit que tu ne servais à rien, mais reconnais quand même que je suis plus utile que toi ! Parce que, quand j’avais l’attelle… Tu arrivais à faire cliquer la souris et à taper sur le clavier, d’accord…mais pour écrire…
Main gauche ; si, à la fin j’y arrivais. Ce n’était pas facile, Elle ne m’avait jamais appris avant, alors que toi, évidemment…
Main droite ; oui, tu y arrivais, c’est vrai. Mais souviens-toi, quand Elle essayait de te relire…Les crises de fous rires…
Main gauche ; six semaines, c’était bref. Toi tu as 44 ans d’écriture dans les doigts ! Enfin, on ne va pas se faire un procès pour ça…Je te la prêterai, ma bague. Pour sortir, ça te va ?
main droite ; merci, la gauche, tu es un amour… Pardon, j’étais un peu jalouse, tu sais. C’est vrai, c’est moi qui fais les trucs les plus durs et Elle ne m’offre jamais rien !

 


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