Un bruit salé
J'ai le coeur en taffetas de moire, voilage en soupirs de vibrations irisées. Ni tout à fait le même, jamais, mais singulièrement semblable à lui même. Je ne m'y égare plus guère, dans ce coeur aux couleurs mouvantes. J'y drape ma nudité si crue, pour que jamais elle ne soit visible à l'autre.
Je suis arc en fiel de douceurs fondantes, arc boutée d'une flèche sanglante qui m'a transpercée.
J'ai des pensées en plumetis de velours. Petits pois duveteux s'accrochant aux doigts fissurés de désirs trop abrupts. Et les mailles se desserrent, où un filet de joies douces cascade en ruisseau, chantant mon impuissance à désaltérer ma soif.
J'ai l'amour en tunique de bure qui raye la soie, même elle, la soie lourde de mes émois.
Fermer les yeux, laisser la nuque flancher, là, et pleurer à en mourir de sentir la vie qui se bat, et bat et bat, dans un bruit salé.