Monsieur le Président,
je voudrais s'il vous plaît, un devoir de mémoire pour ...
les femmes à qui l'on fait la haine, les enfants mendiants, les mineurs silicosés, les homos persécutés, les Tutsi et les Hutus aux membres sectionnés, les petits contaminés d'avoir voulu grandir, les hommes à qui on a fait croire qu'aimer un pays c'était tuer les étrangers, les handicapés enfermés dans nos villes, les fillettes vendues comme chair à désirs pédophiles, les algériens torturés, les cancéreux amputés, les tibétains martyrisés...
Je voudrais un devoir de mémoire pour les mendiants dormant sur des cartons, les coréens affamés, les chômeurs de longue durée, les alcooliques qui tremblent le matin, les sidéens qui crêvent d'avoir fait l'amour, les mexicains qui fuient la misère, les drogués en manque, les juifs persécutés, les palestiniens spoliés…
Un devoir de mémoire pour les rousses brûlées sur les bûchers, les noirs condamnés à céder leur place, les chinoises avortées de force, les russes internés, les verts de peur, les sans-papier...
Je voudrais, s'il vous plaît, un devoir de faire.
Un devoir pour l'humanité de se pencher sur son berceau, de faire ce qu'il faut faire, là, maintenant, au présent.
Pour éviter de devoir dans le futur faire acte de contrition, acte de mémoire.