Mousse brune
Je l'ai serrée au creux de mes paumes.
Et mes narines se sont enivrées.
Très doucement j'ai déchiré le papier blanc,
et déshabillé le sucre aux cristaux brillants.
Du bout des doigts je l'ai laissé se baigner dans la mousse brune
et s'engorger de son amertume.
- te souviens-tu de mes yeux couleur café ? -
Quand le sucre a coloré son coeur pierreux,
je l'ai déposé au creux de mes lèvres
et, d'un mouvement doux, aspiré sur ma langue.
Et il y a explosé en amertume douce et collante au palais.
- Tu n'es pas là, tu ne seras plus jamais là pour glisser ta bouche contre la mienne, pour y voler un peu de son goût,
pour y dérober mon plaisir.
Tu n'es plus là.
Mais je continue toujours, tous les jours, jour après jour, sucre après sucre, je continue -
"Un autre café s'il vous plaît. "
J'ai un peu froid.