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Eau vive
24 septembre 2007

Guimauve mortelle

La lassitude avait déposé un voile de taffetas sur son regard. Et les paillettes de ses iris, à l'accoutumée en éclats dorés, s'étaient drapées d'un étrange calcaire terne. Elle semblait semblable, et pourtant si différente, absente de tout ce qui était elle. Pas vraiment une silhouette en ombre chinoise, non, simplement évidée. Vivante et enfermée au sein d'un monde où l'apparence s'était dissoute.
Elle n'était qu'au-dedans d'elle, là où une spirale douceâtre la retenait attachée à ses volutes collantes.
La première fois, quand le parfum sucré avait annoncé sa venue, au creux de ses seins, elle avait effleuré du bout de son coeur le piège à l'allure de guimauve brûlante.
Et il s'y était accroché.
Elle avait tenté de déjouer la mortelle attirance, avait recherché les passions qui font voler si fort le coeur qu'il aurait pu se détacher de cette prison sucrée. Elle avait noirci ses poumons de volutes goudronneuses, avait tenté de ne plus nourrir cette douceur qui l'empoisonnait. Dans sa recherche de l'antidote elle reconnut Vian, mais il n'y avait pas eu de remède au nénuphar qui dansait en lui, le noyant dans l'écume de ses jours. D'ailleurs, puisqu'il était mort à 39 ans, elle ne pouvait pas se plaindre, avait elle-même dépassé depuis bien longtemps le seuil.
Alors elle avait appris à déjouer le piège des battements de son coeur. Elle l'avait dressé à se taire, à ne plus être gourmand de douceurs au parfum de fête, qui laissent les mains si collantes que plus personne ne pouvait alors les prendre. Et le voile de taffetas gris perle avait terni son regard de sucre candy.

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