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Eau vive

19 juillet 2007

Rouille

La lame émoussée cisaillait les silences en chuintements feutrés.

Les jours, les heures
tocsin lancinant
- -
- -
Bronze  qui vibre,
des minutes,
des secondes,
égrenées,
une à une.

Le temps en
bruissements spongieux,
en éclats de calcaire sec

Les lichens éparpillés décollaient leurs squames par delà le temps.

Décompte, recompte
qu'y peux-tu ?
les ciseaux rouillés déchirent
les dentelles
fines et belles

Inexorablement

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17 juillet 2007

Et la prochaine, c'est quand ?

Il s'est jeté au sol et m'a dit :
- allez, à toi, j'attends.
Moi ? Pas question ! J'avais assez de mal à tenir debout avec tout l'attirail... alors, aller par terre !!!!
Je n'ai eu le temps de lui expliquer que, tout bien réfléchi, je pensais que... il a titillé ma cheville et vlam, moi aussi j'étais dans la même position de tas. Avec en accompagnement le premier de mes "et merde" de la soirée.
- leçon n° 1 ; apprendre à se relever.
Pour sûr je l'ai écouté, je n'avais pas le choix. J'ai suivi tous les mouvements scrupuleusement. Y compris dans la position du fox terrier devant un trou de lapin. Oui, celle la même, l'air ridicule, quoi ! Le gros moment de doute est apparu quand j'ai eu le pied droit au sol, le dos raide comme il fallait et le pied gauche toujours vautré à l'arrière. Il fallait que je me relève ? Non... ce n'était pas sérieux, j'avais autant d'équilibre qu'une savonnette sur du carrelage. Et le sol était tout aussi dur.
Ego [ mais oui, Ego, je parle de toi, là, tu peux être content. Quoi ? c'est moi qui suis ridicule ? La ferme, mon chou, la ferme, on est dans la même galère tous les deux...], donc Ego se fit tout petit [bien fait pour toi] et dût s'armer de courage.
- Debout ? Là ? Maintenant ? 
J'y suis arrivée ! Il y eut une salve d'applaudissements dans ma tête [je suis la meilleure ! je suis la meilleure ! ]. J'avais appris le B.A ba, à savoir me gameller et me relever. Ce qui est quand même l'essentiel.
Après ?
J'ai mal.
Aux fesses (allez les filles, courage, vous ne le regretterez pas),
aux mollets (malgré mon vélo quotidien, on voit bien qu'on ne pédale pas de la même façon sur deux roues) ,
aux chevilles (non, ce n'est pas parce qu'Ego avait gonflé de joie),
aux épaules... (pour elles je crois avoir compris, c'est à cause de l'amplitude de mon mouvement de balancier indispensable à mon équilibre. Quant à l'élégance, il vaut mieux l'oublier....),
à la langue et aux lèvres (à chaque nouveau mouvement "allez hop, on passe aux trottoirs", je me mordillais d'angoisse)
au dos ( "penche-toi bien",  "redresse-toi maintenant" )
Mais je me sens bien, ça doit être ça le masochisme.
Tout le monde a compris qu'hier j'ai pris ma première leçon de roller grandeur nature. Sans rien me casser ! Et nul bleu à l'âme [tais toi Ego, ça existe, j'en suis sûre], juste un sur les fesses....
Heureusement qu'après il y a le apéro'ller !
Dans une odeur de chaussettes surchauffées, rien n'est meilleur qu'un pâté de tête persillé sous la lumières des spots d'un parking envahi de fous qui tentent de rouler sur quatre minuscules roues accrochées sous des chaussures qui écrasent les petits os fragiles des pieds....

16 juillet 2007

Dans votre maison...

  Je ne crois pas en votre dieu, mais aujourd'hui, dans cette église belle et paisible, aux arches si féminines, je vous offert quelque chose. Une offrande, je crois que c'est ainsi que les croyants la nomment.
Je vous ai offert tout l'amour que je porte. C'est un amour tout simple, très pur je vous l'assure. Cet amour qui n'est pas à votre encontre, mais que je porte pour un simple humain, comme moi. Un homme qui n'a pas le coeur assez grand pour en avoir besoin. Alors je vous l'ai offert, dans cette belle église, et mes larmes ont été silencieuses. Puissiez vous en faire bon usage et en donner à ceux qui en ont besoin.

14 juillet 2007

Pas cher....

J'aime bien mon boulanger. Et ma boulangère.
D'accord, je dépose mon vélo dans leur magasin le temps d'acheter ma flûte quotidienne, mais ils sont d'accord, hein ! Et là...j'avais juste besoin de faire une course à côté....

V_lo___vendre

13 juillet 2007

Maladie mortelle

Elle est parfaitement invisible aux rayons X. Et il n'y a guère de marqueurs à décompter, ni de cellules à greffer. Nulle chimiothérapie, radiothérapie, protocole et autre. Il n'y aura pas de rémission.
Les cellules sont atteintes d'un carcanserre malin, qui les fait se rétracter jusqu'à l'asphyxie. Une à une. Jusqu'à la mort.
Une à une.
Soixante milliards de cellules.
La maladie est mortelle, longue et douloureuse. Mitose cellulaire inversée qui hypertrophie de façon galopante, les anticoeur nauséeux au garde à vous, prêts à déposer les armes.
De toute façon, quand on a la santé, la maladie, on s'en fout, pas vrai ?
On a les joues roses, les dents blanches, la peau brugnon et les oreilles en dessin de foetus. Les doigts de pieds avec des crampes banales, les genoux qui s'articulent, la taille marquée et les fesses raffermies. Les lèvres souples, la langue rose, les paumes chaudes. Parfait pour pédaler. Et rire, boire, danser. Sans jamais vomir.
Mais le carcanserre malin est là, avec ses cellules insidieuses, bien ordonnées, qui crèvent une à une. Lentement. Parfaitement lentement.
Souriez, vous êtes vivant.

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11 juillet 2007

.

J_12

La feuille est tendre, la sève palpitante. La goutte s'évaporera.
Il est des décomptes qui sauvent, des glas qui sonnent joyeusement.
Des heures à dorer dans un rayon de soleil.
Des souvenirs à noyer dans une petite goutte emplie de mémoire.
Quintessence.
Douze jours, comme ces douze phalanges qui servaient à décompter d'une seule main.
Douze jours. Douze heures. Douze fois douze.

La chignole du temps à venir perfore l'oubli.
Je suis prête.

9 juillet 2007

Monsieur le chef du personnel,

   je vous remercie d'avoir bien voulu m'accorder cinq minutes de votre précieux temps. Il est vrai que c'est la troisième fois en peu de temps que vous assistez à mes échanges officiels, par voie hiérarchique, avec copie à qui de droit et bla et bla et bla. Sur des sujets qui me fâchent.    
Hélas, mes mails sont de plus en plus concis, en une prose teintée d'un humour potache, bref mes  correspondances sont de plus en plus... cinglantes. Et changent du fameux politiquement correct qui est de mise dans notre administration. 
Pourquoi m'avoir demandé si le temps béni de mes vacances approchait ? Avez-vous peur que je n'explose, telle une cocotte-minute dégueulant sur votre moquette mes tableaux de variables, mes fax hors d'usage et ma calculette nouvellement fournie ?
Avouez le, Monsieur le chef du personnel et de ce matériel qui n'est pas qu'humain, je vous fais rire. Moi aussi, je vous le confirme. Le duel que nous nous livrons devient morceau d'anthologie. Et j'y ai déjà gagné un fax flambant neuf.
Aujourd'hui, j'ai déposé - soulevant au passage un nuage de feuillets- avec un de ces gestes brusques qui caractérisent mon humeur quand elle se chiffre en kilo-bar, j'ai donc jeté déposé sur votre bureau ma calculette, communément appelée "l'objet du délit". Celle qui m'a été fournie en remplacement de feu la précédente (paix à son âme).mon_antiquit_
Un bon kilo, non ? Et presque un format A4. Tellement pratique quand j'ai le téléphone coincé sous l'oreille, un document litigieux sous les yeux, un crayon dans la main, et la foutue calculette à gauche (ben oui, la prise est à gauche). Là, c'est une question de souplesse, mais j'y arrive.
Quant au fait qu'elle ne soit pas portative....mon équipe va adorer ce que vous me préconisez ! Vos conseils sont précieux, Monsieur le chef du personnel. Bien sûr ! dirait Maigret, il suffit que je leur fasse ouvrir la magique calculette informatique de Windows, suis-je bête ! et de m'assoir à leur clavier. Ils vont aimer, j'en suis sûre. Attendre debout que j'ai fini, ça va leur délasser les jambes. C'est tellement plus simple qu'une calculette, tellement. Et puis j'imprimerai aussi la page écran où il y a des chiffres litigieux, parce que la merveilleuse calculette informatique, elle n'aime pas rester collée à une page-écran. Mais bien sûr je peux cliquer 15 fois dessus, dans la barre des tâches... C'est tellement plus simple qu'une calculette normale, tellement...
Je l'ai bien remarqué, votre bouche s'est ouverte au même moment que vos yeux s'écarquillaient devant mon antique nouveau matériel. Je pense que vous n'aviez pas bien compris avant de la voir..... Non, vous avez résisté à la tentation de fou rire. Moi, j'ai bien ri quand on me l'a donnée, mon antiquité.
- Regardez, elle a 30 ans, et elle marche ! Si si, elle marche ! Je la branche... Vous avez bien une prise de libre? Écoutez le joli bruit ! C'est le moteur qui entraînait - à l'époque où il y en avait - le petit rouleau de papier où les opérations successives s'affichaient. Écoutez encore ! Grrrrrrrr ! À chaque touche appuyée. Grrrrrrr.  J'arrête ? Soit.
Cessez donc de contenir votre rire, je ne suis pas sur la scène d'un cabaret. Oui, je sais, c'est votre prédécesseur qui a voté les budgets. Oui, je sais, une calculette nor-ma-le a déjà été refusée à deux autres personnes. Mais moi, je vous donne 15 jours. Avant de lancer un mail à diffusion générale.
Avec un joli montage photo... de moi, votre dévouée responsable d'un job où je passe des journées à manier des chiffres (ça a son importance, merde), en robe chinoise, un boulier à la main, à mon bureau .
Je vous assure que je le fais.
C'est drôle, j'ai cru comprendre que vous me croyez.
Vous m'avez promis de chercher dans vos tiroirs, chez vous. Comme vous l'entendez. Mais je veux des piles neuves dedans. Vous êtes prévenu. Je refuse d'investir 10 € pour bosser dans des conditions normales. Même 1€ d'ailleurs.

7 juillet 2007

La paix chamarrée

J'ai recouvert mes idées noires de rayures vertes, chiffonnade de laitue acide pour limace tenace. J'ai décapé mes colères froides au White-spirit, laqué ma morosité d'un rouge brûlant, vernis de jaune ma peur, et drapé de lilas mes cauchemars. Les rayures fraîches et odorantes cinglent mon humeur de leurs éclats collants, et mes empreintes ont gravé de colimaçons le silence qui éclate.
J'ai peint, pour mon demain dont je n'ai plus peur, les couleurs d'un printemps artificiel, aux mots chamarrés de vérités, aux désirs consentis à la lumière de la vie.
Peu m'importe que tu sois troublé ou déboussolé, et que tes insomnies gonflent en montgolfières tes pensées érotiques adultères.
Je suis en paix et mes pinceaux rayent le bois d'odeurs fortes, de couleurs vraies et primaires.
Comme moi.

5 juillet 2007

Vous ne le savez pas encore

Demain, à l'heure où l'aube est à peine dissoute, où la lumière trace des ombres claires, demain, vous me rejoindrez, à cette terrasse de café familière. Les croissants, encore deux je vous prie, la mousse amère, le livre feuilleté, tout a déjà été filmé. Toi aussi, tu veux un autre café ?
Demain, nous longerons le canal. Vous regardez mes hanches qui se balancent, ma tête qui se penche, et nous nous rabattrons, penauds, pour laisser filer les cyclistes avertis et pressés.
Vos joues auront une couleur plus vive quand je m'approcherai de l'accueil, précisant les heures, notant un code robotisé. Vous me suivrez sans dire un mot. Vous détestez ce couloir, n'est-ce pas ? Vous fermerez la porte, et j'entendrai votre soupir imperceptible, celui de vous sentir enfin en sécurité.
Vous m'enlacerez, vous me serrerez plus fort que jamais. Car vous craignez les heures qui s'approchent où je disparaîtrai pour toujours. Ces heures qui m'apaisent et vous oppressent.
Vous me direz des mots si beaux, des caresses si douces, que ma peau en crépitera étincelles, et mes soupirs vous enivrerons. Vous m'aimerez, me lirez de la poésie, vous me ferez rire et m'émouvoir de vos yeux qui s'embuent si souvent. Vous ferez semblant de croire qu'aimer est étrange et vain. Vous vous raccrocherez à vos certitudes qu'un avenir aurait été impossible. Et vous m'aimerez de toutes vos forces, de vos mots de manque, d'amour. Comme d'habitude.
Demain sera la dernière fois.
Mais vous ne le savez pas.

3 juillet 2007

Mon amie,

    tu me l'as demandé si gentiment, si doucement, souriant de ta voix, au loin.

"Un petit macramé, pas plus grand qu'un ticket de métro, tu sais".
J'ai eu un peu honte de moi, de ce couvre-lit qui a brûlé aux feux de l'été. Honte de me sentir si vide que le don le plus infime est trop lourd à extraire de moi. Honte de mes mains vides, de ces heures qui s'écoulent, où je ne fais rien. Rien. Ni lire, ni écrire, ni écouter de la musique.
Rien. Sais-tu seulement ce qu'est le rien ?
Que ces cigarettes incandescentes qui carminent mes lèvres.
Que ce regard en billes de plomb terni.
"Un petit macramé, pas plus grand qu'un ticket de métro, tu sais".
J'ai ouvert le tiroir secret, et j'ai cherché le fil, l'aiguille, le noeud dont le dessin aurait été créé pour toi.

Rien.
Les bras ballants, les mains vides, le coeur rétracté, les rêves dissouts. Je ne sais plus rien offrir, tant j'ai ce vide en étoile noire dévoreuse de matière, ce vide qui me rend invisible.
Je crois que je préférais ces heures rouges qui palpitaient douloureusement, ces heures scintillantes des sillons évaporés, ces heures bleues, vertes ou jaunes. Ces heures où le temps avait des couleurs, des goûts et des odeurs.

J'ai perdu le sens des mots à tresser entre eux.
Un rien à l'envers, un rien à l'endroit, amer, le macramé a perdu sa matière et le chanvre me brûle les doigts.

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