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Eau vive
26 septembre 2008

Goutte d'eau sale

Ça a été comme un coup de couteau. Je n'en ai jamais reçu, mais je suppose que la douleur doit être la même. Aiguë et violente. Avant de perdre connaissance.
Je me suis dit ça, bêtement, me rappelant la fois où j'ai laissé un petit bout de doigt tomber dans l'herbe du jardin. La douleur avait été très brève, juste sur le moment. La lame avait tranché net. Ce ne fut qu'après les soins que les nerfs amputés m'avaient vrillée.
Là, ça a été pareil. Il y a eu ce mot qui a fusé. D'une vulgarité insoutenable. Une insulte à mon égard. Pour une poussière bizarre, dans un verre d'eau ; il s'était énervé et moi j'avais souri. Qu'est-ce qu'une saleté ? Rien. On vide le verre, on a cette chance, ici, de ne pas devoir aller au puits. Je souriais. Nous étions tous là, j'avais mis les petits plats dans les grands, pour fêter la fratrie réunie. Et il m'a insultée. Violemment. Dans un silence qui m'a anesthésiée. Je n'ai plus souri, plus rien dit, moi qui parle déjà si peu. J'ai été fumer une cigarette de plus, dans le jardin, en respirant comme on halète.
Mon fils. Oui, c'est bien ton fils, et tu as ta part de responsabilité. Son caractère lui est propre, et il est dur, oui, tu le sais, bien, sa maladie l'a endurci. Mais il t'a insultée. Avec une rage violente. Et c'est bien toi qui l'a éduqué.
Sans un remords, sans un regret, sans un mot d'excuse après. L'insulte était méritée, tempête dans un verre d'eau. Je n'ai pas su lui apprendre à respecter - au moins - sa mère.
Depuis je le regarde, aller à la fac, manger. Je le regarde parfois, quand il est trop visible. Et je réponds aux questions. Oui, non.  Et j'ai honte, une honte terrible, d'avoir éduqué un enfant qui peut insulter sa mère.
La sœur aîné a rajouté ceci ; "le silence aussi est une violence."
Le soir, à l'abri de la nuit, j'ai pleuré.
Je crois bien que je continue depuis, sans plus aucune larme, avec cette absolue douleur de ne pas comprendre ce qui sera pour toujours incompréhensible pour moi.

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