Le corps de la cop
Allez-y, je ferai comme si votre discours était une grande nouveauté pour moi. Allez-y, je vous dis, ça va très bien avec le café ! Donc " mais si, un jour tu le rencontreras le con qui se lève tous les jours et qui aimerait bien le faire à tes côtés". Ben oui. Merci, c'est sympa. J'en ai déjà croisé quelques uns, avant, de ces cons dont on aime l'odeur le matin au réveil, quand j'étais jeune. Mais je sais aussi que cela n'a rien avoir avec l'âge, mais plutôt à la frilosité ambiante. On a peur de se tromper, donc on avance pas trop. Juste le bout du sexe au fond d'un lit, cela suffit bien, pas vrai ? Le reste, le projet, la construction d'un truc, même en amovible... n'en parlons pas, cela rend impuissant certainement. La trouille. Mais c'est peut-être du courage, pour certains. Ne rien faire entraîne une paix apparente. Si on ne court aucun risque on ne peut pas se faire mal. Ni du bien, à mon avis, mais c'est peut-être relatif. Ben moi, je n'en veux pas de ce tiède.
Je déteste le tiède.
Il ne rafraîchit pas en été et il donne froid en hiver.
Et puis aussi "tu as tant d' amis, on est là, nous, on t'aime". Ah oui, ça, pour sûr, je ne risque pas de vous oublier. L'amitié dégouline et colle aux doigts comme une barbe à papa. Vous en devenez épouvantables de sollicitude à mon égard, mes amis. Presque au point de m'envahir sous le prétexte que j'ai la voix aux accents de Dark Vador, façon inaudible dans l'écouteur. J'ai pourtant essayé le gros rhume, pour vous rassurer. Du nez rouge aux yeux bouffis, le virus est le coupable idéal. Mais vous savez que la fin de l'hiver est une période difficile.
Tenez, je crois que j'ai trouvé la solution.
Je vais aller me faire dorer la tranche dans un grille-pain, histoire de remonter ma mélanine et mes hormones du bonheur. Voilà. Je vous montrerai les traces de mon string, en preuve absolu. Comme ça vous serez soulagés. Vous arrêterez de me téléphoner sous des prétextes débiles pour vous assurer que j'ai mangé. Si si... Je n'ai plus 15 ans et je ne vais pas me laisser mourir. Bon sang, vous le savez bien puisque je ne prends pas la moto dans ces cas là. Je suis grande, et responsable. Sur deux roues c'est trop facile d'être inattentive. Et puis ce n'est pas la saison des coquelicots, pour mettre sur la boîte de bois blond avant la crémation. Au fait, Tadison, tu te chargeras du carré de chocolat, s'il-te-plaît ? Les autres sont capables de ne pas y penser. Bon, ceci dit, si ça m'arrive à 80 ans, je t'autorise à avoir oublié cette consigne au fond de ton Alzeihmer. Paix à nos âmes.
Ceci dit, si le crétin qui se lève tous les matins et qui ne sait pas encore que c'est auprès de moi qu'il devrait le faire... si ce crétin, là me lit... il serait gentil de me donner son téléphone ? Que je puisse dire à mes foutus amis fidèles que j'ai enfin trouvé la personne à prévenir en cas d'accident. Parce que ça va finir par leur peser de devoir s'engager chaque fois que je pars quelque part. Bon, c'est qui s'y colle en juin pour se charger de rapatrier le corps de la cop ?