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Eau vive
3 janvier 2008

Ma pierre de lune,

Copie_de_Ma_lune_en_moinstoi dont j'offre la douceur irisée au gré de mes amitiés pures, de mes émotions profondes... ma pierre de lune... ce matin, dans ma boîte aux lettres. Là, sans un mot, avec mes initiales sur l'enveloppe.
Ton éclat a tranché mon sourire, et une colère intense, rougeoyante et sanglante a envahi mon corps. La rage dans les mains, les dents prêtes à déchirer la peau la plus douce. La colère, de celle qui renverse les tables de chêne et brise les silences. J'ai la haine, qui ne peut s'expliquer que par la trahison. La haine meurtrière. La haine, comprends-tu ? Et j'ai eu envie de te saisir, de te lancer dans cet espace au vide glacé que tu n'aurais jamais dû quitter. Envie de te faire fondre sur des braises, de te voir te dissoudre dans l'acide. Envie de te vomir, de me crever les yeux. Je hais ce geste de mépris, je hais avoir été jetée comme un caillou dans une boîte de métal. Je hais être si méprisable que tout objet de moi est à bannir.
Puis la colère carminée a fait renaître les cendres... Sais-tu qui est le dernier a avoir osé ce geste ? Lui, le matador... Et j'ai fouillé les ancien textes, retrouvé cette douleur laissée en souvenir par un homme qui m'avait aimée... mal, si mal...
"L'arène. Noire de ce monde qui entourait cette plage presque vide. Le silence était étouffant.
Le taureau était déjà presque à terre pourtant. Banderilles plantées. Fines lames aiguisées, surmontées de tissus colorés, gluantes de son sang épais.
Matador en habit de lumière, matador que le taureau suppliait de se livrer à un combat à armes égales. Ils se regardaient, sans haine, avec la fierté d'accomplir chacun son destin.
La première banderille s'était fichée dans sa gorge.
L'animal avait compris qu'un combat se déroulait dans l'arène. Il ne savait pas qu'il était, lui, le deuxième acteur.
Un coup le paralysa : nul mouvement pour esquiver la lame qui se planta dans sa chair, la seconde.
"Tu es si beau, mon taureau, dans cette arène, tu es à moi."
Banderille plantée, la troisième. L'animal ne sentit pas les plaies dans sa chair, l'animal gémit d'une autre douleur.
L'homme en habit de lumière lui dit combien il était fort et beau, combien jamais il ne vit plus belle bête, combien il était fier d'être dans l'arène auprès de lui, pour toujours. Taureau vit briller ses yeux, et redressa un peu son échine pesante.
Mais il sentait la vie qui s'écoulait de ces lames fichées en lui. Chacun de ses pas le blessait davantage. Il faiblissait. Le combat serait bref. Il allait tomber. Se laisser aller au sol. Il attendait sa mise à mort.
L'homme en habit de lumière se sentait fort et puissant, malgré son corps si fin.
La foule dans l'arène trouva le combat inégal. Des voix jaillirent, encouragèrent l'animal, huèrent le matador trop sûr de lui. Et il ne sut pas s'arrêter. Il tenta de planter sa dernière banderille, mais elle ne put que se briser au sol. Taureau avait reculé violemment. Quoi, que disait-il là, cet homme si preste ? Qu'il l'aimait ? l'aimait à le torturer ? 
Il ne voulait plus de ce combat. Il comprit la stupidité de ces jeux où personne ne gagne. Il ne mit pas le matador au sol. Il le laissa là, dans cette arène inutile et vaine, seul. Il fracassa les barrières de bois qui le cernaient. Taureau lèche ses plaies dans un champ. Certains ont enlevé les banderilles fichées. Quelques cicatrices, cela va bien au cuir tanné de la bête.
Depuis, le matador au combat inutile appelle le taureau de sa douce voix. Ce n'est plus que vent dans les bois. La bête a entendu la menace derrière cette douceur exquise. Il sourit d'avoir fui du labyrinthe de l'arène. Juste à tant."

Je viens de comprendre, qu'à nouveau ma route avait croisée celle qu'un homme qui m'aurait offert la douleur d'aimer jusqu'au bout du mépris de moi. Et je suis fière d'avoir su quitter son arène juste à tant. 

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Commentaires
M
Vide toi de cette rancœur, cesse de rechercher un fantôme et ouvres les yeux... tu as le collyre magique,je crois, utilises le... St Ex as écrit un truc que tu redevrais lire.
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