Un parfum de Madeleine
L'homme parlait. Ou plutôt s'agissait-il du discours ambitieux du responsable syndical et associatif, au charisme ambigu, qui semait autour de lui ses analyses impétueuses.
Et ses mains sur les courbes de la femme abandonnée.
Elle souriait, savourait les instants sereins, se contentant de grignoter de petits espaces de silences entre deux pressions de ses paumes chaudes. Elle l'écoutait, basculée dans l'immense fauteuil de cuir, prête à l'abandon du sommeil. Et elle avait soupiré.
Il avait alors glissé sa tête sur son ventre.
L'homme s'était tu.
Elle avait froncé les sourcils, attentive à la respiration qui s'était oppressée. Et avait senti la minuscule larme glisser sur sa taille, malgré son geste rapide pour l'essuyer.
La femme prit doucement sa tête dans ses mains, déposa ses lèvres sur le front plissé. Et sourit de le voir, enfin, ne plus dire, mais se dire.
Au détour d'un amour déchiré, au parfum d'un bonheur enfui...
L'homme avait retrouvé le goût de l'abandon, bercé des battements d'un coeur qui palpitait, au creux du renflement moelleux du ventre de la femme. Il tentait d'étouffer ses sanglots enfantins.
Sa bouche souriait et ses yeux rougis s'accrochaient à elle.
Il posa ses lèvres sur les siennes, déposa sa langue au creux de sa bouche et l'aima...