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Eau vive
29 octobre 2007

Traces

C'était une histoire carbone
- qui se raye d'un coup de gomme -

Une histoire que j'écrivis à l'encre de Chine, traçant des mots en italiques dans la suie de braises qui m'avaient consumée. J'aimais ses lettres déliées et le crissement de la plume sur le papier coloré. J'aimais la brillance du graphite qui laissait un souffle mat sur le temps volé. J'aimais ... J'y croyais, de tous mes mots, à ces italiques penchées du poids d'un amour, d'un amour lourd, d'un amour tranchant le banal, d'un amour qui n'aurait pas été bancal. Je le voulais vrai et si pur, en encre violette au parfum secret, aux pétales douces. Je le voulais en pastels souples à estomper d'un souffle humide, en aquarelle qui rend la vie si belle. Je voulais tant...

C'était une histoire fusain
- qui s'écrivit en vain -
une histoire qui avait une fin.

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22 octobre 2007

L'âme de cire

Son coeur orangé projetait leurs ombres qui palpitaient sur les murs de la pièce.
Il faisait bon tout autour d'elle et des éclats d'or irradiaient les visages proches.
Poupée de cire dont le buste se courbait mollement au fil des heures, elle flambait sans autre raison que de voir leurs sourires danser devant elle. N'était-elle pas là pour celà ?
Quand ils quittèrent la pièce, la porte en claquant souffla la flamme. Une goutte traça un sillon qui se figea lentement en un paysage dentelé. Un parfum âcre en dernier soupir, et la lueur mourut dans des volutes grises.
Elle s'éteignit et durcit son âme de paraffine.
La vie demain reprendrait.
Il le fallait, elle avait encore quelques flammes à éclairer dans leurs yeux.

18 octobre 2007

La vérité, toute la vérité

Bien, inutile de s'étendre en politesses, si vous avez souhaité me recevoir - à 14heures 15 très précisément - c'est pour parler de mon souhait de libérer mon poste actuel. Oui oui, je sais, c'est la seconde fois que je fais cette démarche. Qui dit "seconde" pré-suppose donc qu'il n'y en aura pas de troisième... Nous connaissons tous cette subtilité de langage dans notre métier ! Bien, donc voilà, je suis toute à vous !
Pourquoi je veux quitter ce poste que je n'occupe que depuis trois ans ? Alors que ma rigoureuse administration a décidé que je devais encore le tenir pour deux autres années ? "Durée optimum", j'aime beaucoup ce terme.
Je vois que vous n'avez pas été dupes ! Vous n'êtes pas au comité de direction pour rien, je vous le concède, et vous avez bien compris que c'est uniquement dans un souci de respecter un langage politiquement correct que j'ai inscrit sur le document, en lettres majuscules "Je souhaite un poste dans lequel je n'aurai plus d'équipe à gérer".
Bien bien, vous insistez donc connaître mes motivations réelles ?
Voici donc la vérité, toute la vérité.
Mon horoscope a été on ne peut plus clair.
Si je reste à ce poste je vais connaître sept ans de misère sexuelle.
C'était écrit noir sur blanc.
Je peux envisager de former mon successeur quand ?

15 octobre 2007

Métronome

Ton ombre tiède s'est dissoute au détour d'un soir d'été, laissant au creux de ma paume un amour qui se conjuguait au singulier. J'ai le goût de poussière de ton absence collée au palais. Ce n'est rien, n'est-ce pas ? Rien de bien grave.
Je vis, tu sais.
Tellement fort ! et très entourée, gaie et riante, tellement ...mal de me scarifier ce sourire taillé à la lame du paraître. Je me mens de toute cette force dévastatrice qui m'emporte, et j'y crois, oui, j'y crois, plus fort, plus fort encore que tes mensonges qui se sont collés à ma bouche. Tu ne m'as pas dépouillée de ma vie, tu as juste volé à mon coeur le goût de battre plus fort. Il bat, pendule stupide qui découpe le temps et scande son requiem mécanique.
Tac tac toum.
Tac tac toum.
Je vis, tu entends ? je vis.

13 octobre 2007

C'est Noël

Elle est à moi ! Depuis quelques heures.
Et non, il ne faut pas enlever le texte publicitaire.... "c'est aussi son charme" m'a dit le Monsieur....
Demain je l'étrenne pour de vrai dans le Gers...
P'tain qu'elle est belle ma moto !

Honda_CBR125R_repsol

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10 octobre 2007

Point d'orgue

Sur le velours milleraies de sa peau,
- chuintements feutrés -
il traçait de ses doigts une gamme ondulante.
Et sa peau, hérissée de grains de plaisirs,
palpitait en soupirs.
- là, berce moi, là -

Sa langue molle tétait le voile salé
entre ses deux seins alanguis.
Et sa bouche chaude
dévorait la ronde blanche
- mie odorante -
aiguisait la note noire
- croche espiègle -

Il l'aimait, il l'aimait tant.
Elle était sa musique
Elle était son point d'orgue...
point_d_orgue
Et le temps joua un requiem lancinant.

8 octobre 2007

L'absent

Il y eut ce craquement brutal. La lame de métal gris se fendit et le cerclage poli qui découpait sa paix en feuillets rougis perdit sa rondeur coupante. Dans un bruit de hache, bois mort qui éclate dans un nuage fin de poussière jaune pâle.
Le silence retomba.
Et le temps avançait. Une seconde après la nuit, une seconde après le jour. La paix se fraya un rayon dans l'obscurité, la paix aveugla le sommeil des nuages. Le temps de l'aurore, en une foutue seconde immortelle qui se fige pour annoncer la vie.
Le silence se troubla.
C'était un souffle épais, moite et gluant. De cette vapeur fugace qui naît et s'échappe pour mourir sur les bouches des vivants.
Elle dépouilla son apparence des squames ternes et huila son corps de caresses odorantes.
Il était là.
Elle ferma ses paupières fripées, ouvrit sa paume, huma le parfum perdu et chavira dans l'ivresse. 
Puis elle pleura et sourit.
La violence la secoua de sanglots, de rires, de cris étouffés.
Il était là.

8 octobre 2007

XX mon amour

XX

- Attends, ma chérie, je t'ouvre la porte. Je viens juste de me faire un lissage des poils, alors tu enlèves tout ton attirail avant de m'embrasser, d'accord ?
- C'est pour moi que tu t'es fait si beau ? Il y a une occasion spéciale ou c'est juste parce que tu veux fêter mon retour ? Je me sens d'humeur très câline. Très très câline !
- Hé hé, j'ai une surprise pour toi !

(...) la suite (...)

 

5 octobre 2007

Un mal bénin

Oreille droite ; c'est moi qui lui faisais mal pourtant !
Oreille gauche ; et c'est moi qui étais malade en réalité. C'est rigolo quand même. Sauf pour moi. Et lui. Tu crois qu'ils vont recommencer ?
Oreille droite : à te charcuter ? Non, ma belle, ne te fais pas de souci, on est entre de bonnes mains.
Mains ; d'accord avec vous, les siennes sont vraiment de vrais outils de pro ! Pas comme nous... maladroit comme il est, il arrive même à rater un clou sur le mur ! 
Oreilles ; oui, tu penses bien qu'on parlait de celles du toubib, on le voit faire, lui.... Il est super, hein ? Et drôlement efficace. Un petit coup de scalpel et il a décanillé le truc.
Elle ; le "truc"... ce que j'appelle la cochonnerie... ou la saloperie, suivant mon humeur. Dites, je sais bien que vous n'êtes pas dans mon corps, mais dans le sien... et pourtant... c'est tout comme. J'ai la trouille au ventre.
Oreilles ; écoutez, La Mère, s'il a dit qu'un contrôle dans six mois suffisait, c'est qu'il a jugé avoir fait son boulot.
Tympan gauche ; oui, pour sûr, je suis amputé d'un bon morceau, mais débarrassé du truc, c'est confirmé. Heureusement qu'il y a les gouttes, ça me fait un bien fou !
Lui ; bon, vous savez que je n'aime pas qu'on parle de ma maladie. Surtout avec Elle. Hier elle a eu une plaque d'exéma quand je lui ai dit... Elle prend sur elle de ne plus m'accompagner aux visites... parce que j'ai 18 ans... mais bon, Elle va refaire une pelade, j'en suis sûr... c'est la deuxième fois cette année qu'il y a un problème... Déjà qu'elle se fait un sang d'encre (...)
Globules rouges ; on va très bien, on est en pleine forme, hé !
Cerveau ; c'est une image, cessez de tout prendre au premier degré. Vous vous souvenez, un de ses pseudo, avec l'encre... Bon allez, on n'en parle plus. C'est du passé.
Elle ; oui, un passé au plus-que-parfait. Pas comme cette saloperie de merde qui attaque son oreille (...)
Lui ; maman, arrête. Je vais bien, il a tout enlevé. Dans six mois je fais le contrôle. C'est parce que je n'ai pas fini ma croissance.
Cartilage ; c'est vrai ! On pousse, on pousse !
Elle ; je sais, fils, c'est ta maladie. Et tu la gères vraiment bien. Mais bon, c'est dur, tu sais, c'est dur. Et je déteste te voir souffrir.
Lui ; je n'ai pas mal, je te le jure. Le toubib a même été surpris, mais bon il a fait ça après avoir avoir anesthésié l'oreille quand même. Au fait, m'man, la tumeur, je croyais qu'elle était bénigne ? 
Elle ; pourquoi tu me demandes ça ?
Lui ;  le chirurgien a dit "ça y est, je l'ai eu ce choléstéatome malin".
Elle ; les mots... un simple mot... malin....Oui, un mal, ça c'est sûr...  La tumeur est bénigne. Il voulait dire malin, comme  un diable. Qui s'infiltre partout. Bref c'est une saloperie. Je crois que j'utilise le bon mot.... Tu as pensé à mettre tes gouttes ?
Lui ; je le savais bien que tu craquerais et que tu me poserais la question ! Mais oui !

2 octobre 2007

L'odeur de la vase

C'est trop tard.
La colère a consumé les derniers charbons ardents de ma hargne à t'entendre mentir, ne laissant que cendres impalpables. Simplement salissantes. Quelques traces, de celles qui chassent les limaces, mais pas aussi noires que celles de l'encre d'un poulpe qui craint le harpon de l'homme déguisé.
J'ai rougi de rage, ragé de rougir, et j'ai passé mon humeur sous l'eau froide, embrumant mon esprit de vapeur brûlante et de  brouillard givrant.
Pourtant je t'en veux encore.
Je pouvais t'entendre, et taire mes doutes..
Je pouvais ne pas te voir, et ouvrir les yeux sur ton absence.
Mais tu as préféré évincer le vrai et déguiser tes mots. Tu n'avais pas eu le temps d'apprendre que le mensonge a pour moi une odeur. Un peu acide et douceâtre, une odeur aussi subtile qu'écœurante. Que m'importent maintenant tes remords, ton parfum a disparu dans le souffle nauséeux de ton mensonge.

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