Au joueur de dames,

    c'est facile, pas vrai ? Un vrai jeu d'enfants !
Quand tu as commencé à jouer avec moi, je savais déjà que je n'avais pas à faire à un débutant. Un vrai homme à dames, c'est le tatouage de ton regard qui me l'a dit. Jouer le jeu du droit dans les yeux, du mitraillage au  flash, dix chiffres à pianoter sur un clavier, un pour chaque doigt, enfantin. Les règles sont simples. Et nous n'avions pas dit que sauter n'est pas jouer.
Pas bien compliqué de me suivre dans mon lit. Le damier était tout tracé, un pas devant l'autre, même en diagonale, celle des fous qui oublient qu'ils ne sont pas sur un jeu d'échec.
On couche bien les poupées dans leur landau et les lunettes dans leur étui, on couche les mots sur des lignes, et même le soleil se couche dans la mer.
Mais tu t'es trompé de jeu, mon joueur de dames, en me disant "je t'aime". Il suffirait donc de me prendre dans ses bras et de se coucher en moi pour m'aimer ?
Je n'en veux pas des mots convenus, de mon con venus.
Tu crois qu'un jour je pourrais alors te croire ? si tu venais à m'aimer pour de vrai ? pour de tout ? pour de moi ? Après m'avoir dit ce même "je t'aime" ?
Tu aimes les dames, et tu t'es trompé de jeu avec moi.
Je suis une femme.

Comments

[Oviv]

@ Palelune, non non, pas tout ça. Je ne veux plus. On ne meurt que deux fois, plus serait excessif...

@ Asterie, je suis d'accord avec toi, même si c'est dur de te lire. Comment m'échapper de cette norme, qui me met en boîte aussi sûrement qu'une urne pour sentiments brûlés au bûcher des vanités ?

[Asterie]

Mais pourquoi toujours vouloir que tout soit conforme à ta norme ?
Moi je t’aime petite motarde et je t’embrasse.

[Palelune]

Aimer....jouer jouir pleurer, aimer.....mourir

[Oviv]

@ B.Walsh, je suis dans le doute. L'impression que, pourtant, nous sommes si semblables, mais que nos mots appartiennent à des mondes différents.

@ Madison, ce n'est que le premier ressenti, que j'ai besoin d'exprimer. Cela ne veut pas dire que je n'attends rien de cette partie qui s'engage à deux. Je suis sur la défensive. Et j'accorde certainement trop d'importance à un "je t'aime" pour ne pas craindre qu'il ne soit galvaudé. Certains n'aiment que l'espace de quelques heures, et je m'y sens tellement réduite alors, comme limitée par un échéquier temporel. Je veux le temps, la puissance, la folie, pas l'habitude glissée entre deux draps, en trois mots. Tu as raison, JE veux. Mais ici je ne parle que de ce que je ressens...

[madison]

Peut-être qu’il ne faut pas tenir compte d’un seul coup pour se faire une idée du joueur.
Mais plutôt d’apprécier la partie dans son ensemble.
Voir se que donnent deux stratégies sur le même terrain. Apprentissage. Laisser l’autre penser. Agir. Sans imaginer pour autant les coups de putes.

Tu me fait penser au motard qui regarde la courbe de virage en disant « surtout ne pas aller dans le fossé » et qui fini par se vautrer. Regarde l’ensemble de la courbe, l’issue, qui ne sera fatale que si tu t’y obstine.