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Eau vive
3 juillet 2007

Le cyclope

C'est un géant. Qui s'amuse de sa stature, de ses épaules, et de ses pieds qui butent sur les marches toujours trop étroites pour son 47 au bout des orteils. Il fait un drôle de métier, il est photographe d'évènements. Mais ce soir là, il était un ami parmi d'autres. Quand il  vous parle, ses yeux vous regardent sans bouger, mais sa main a une autre vie, et danse de son regard brillant de curiosité. Toujours pourvue d'un  appareil photo, elle vole, s'abaisse, se lève, et les déclics jouent leur samba. Il a plusieurs yeux ce géant là.

L'on s'habitue très vite aux éclairs incessants, ceux qui ne sont là que pour distrairent l'attention, sont le leurre propre à faire oublier le flash qui saisira l'expression, le mouvement du rire ou de la danse, la larme qui perle et s'évapore aussitôt. Des centaines de fois, son doigt appuiera. Pour quelques clichés dont l'éclat de vie sauront émerveiller.
Il y avait le saxophoniste, et les braises du barbecue dont les brandons éclaboussaient la nuit. Il y avait les assiettes de carton et les brochettes de chamallow pour les enfants. Une soirée comme tant d'autres, dans un joli jardin de banlieue.
Les flûtes furent amenées sur les tables de papier où des épis de blé, symbole de vie, étaient posés. Le géant déposa son appareil, souleva une grande bouteille de champagne, les conversations moururent dans quelques soupirs. "Pour vous, quelques bulles, pour fêter la belle nouvelle. Il y a quelques jours mon dernier scanner a montré que mon cancer était guéri. Buvez mes amis, à la santé, à la vie, à ma compagne qui m'a toujours soutenu."
C'était une belle soirée dans un jardin de banlieue. Certains se levèrent, dirent leur douleur, leur combat, leur fatigue. Tous unis par cette envie de partager. Un peu de réconfort, une flûte de champagne, quelques gâteaux entre deux chimio.

Alors, tu vois, petit papillon bleu, je voulais te dire que j'ai bu pour toi, parce que tu es toujours vivante, ici, à l'abri de mon coeur. Quand tu me parlais de ton groupe de paroles tu pétillais de joie : ils étaient si importants pour toi, là bas, ceux qui étaient là, quand ça n'allait pas. Avant que tu ne reviennes ici t'évader de ton cocon.
Papillon bleu, j'espère à mon tour pouvoir donner un peu. Tu vois, je garde tes derniers mots toujours vivaces "donne, l'amour ne doit pas se garder".

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