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Eau vive
26 avril 2007

Le temps décomposé

Ça tord les tripes, le manque.
Parce que j'étais comme un torrent, avant, un torrent tout bouillonnant, qu'un gamin a arrêté, par jeu, par simple jeu, avec de gros galets luisants, jusqu'à ce que ma source verdisse sous terre.
Pour ouvrir la brèche j'ai joué des mots d'aimant à démagnétiser, par petits bouts, en vers, sans sens. Mes sens à l'envers, c'était la réalité, alors. Je me croyais à l'endroit, et je glissais doucement dans le faussé. Allez, on frappe les trois coups, le décor est posé. L'apparence sauve.
L'apparence...
Cela a si souvent été ma réalité. Me raccrocher à l'apparence. Sauver les apparences. Et tellement croire à ce que j'attendais que je ne voyais pas l'abîme. J'avançais, étourdie par la lumière qui m'attirait. Comme les papillons de nuit. Mais je me croyais différente ; pas aveuglée, pas tournoyant jusqu'à m'y brûler ! Et je suis tombée, les ailes racornies.
Je crois avoir compris, aujourd'hui. La mue a été douloureuse, je n'avais de cocon, juste ma peau à arracher, en petits lambeaux. Mais surtout sans saigner. Cela est peu ragoûtant pour les autres.
L'apparence...
Oui, cela les fait sourire, mon allure dégingandée, et mes grandes enjambées. Cela leur plaît, mon sourire aux éclats et mes gestes encombrés de vent. Ma parole douce ou tranchante et ma dérision. Cela leur plaît que je sois si sérieuse et parle de sexe avec autant de précision que d'un tableau statistique. Et moi, je me déplais, c'est un peu con...je trouve.
C'est le manque. Je crève de ces mots en torrents silencieux qui m'obstruent la joie. Je crève de ne pas dire (...) parfois, juste quelquefois.
Mais tout ça c'est pure apparence, celle, trompeuse, de mes mots. En réalité je souris. Et je compose celle que vous voyez ici, même pas en temps composé, au présent.
Pour une absente, je trouve ça très drôle ! Pas vous ?

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