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Eau vive
11 septembre 2008

Lâche

Passible de peine incompressible, je m'accuse et plaide coupable. De cette indicible douleur passée au peigne fin par des agents policés, j'avoue ma totale responsabilité. Responsable et coupable.
Vous voudriez que je plaide ? Non, avocat commis d'office, remballez donc vos pilules dorées sur tranche d'enfance joyeuse ; le coeur aux principes actif gît dans l'adolescence. J'en connais déjà le goût amer. L'enrobage glacé de leurres vifs me donne envie de le suçoter, et ma langue se couvre d'une amertume tapissante. Qu'importe la nausée. J'aurai avalé jusqu'à la lie. Sans ferrir.
C'est ainsi.
Je m'enferre, m'enferme, me ligote aux mots crevés de peines trop lourdes s'envoler en paroles. Mon silence m'empoigne et vous nargue de tant d'absolue lâcheté. Passez votre chemin, ami, la route, ici, est un cul de sac où pourrissent les espoirs.

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4 septembre 2008

Adulte

Quand tu étais petit, je suis sûre que tu arrachais les ailes des abeilles encore vivantes.
Quand tu étais petit, tu t'étonnais alors de ton pouvoir de vie et de mort, de ton pouvoir immense de causer des souffrances inutiles jamais punies.
Te souviens-tu que tu as grandi ?

30 août 2008

Le temps en point de riz

Je ne sais pas avorter mes mots. Je devrais peut-être.
Il me faudrait ne plus répondre au téléphone. Couper ce fil qui bat encore d'eux à moi. Mais je ne le fais pas. J'ai plaisir à écouter. Si seulement mon silence pouvait alors suffire ! Mais je réponds encore aux interrogations, aux questions balbutiantes sur la peine à vivre heureux de lui, ou d'elle.
Je ne devrais pas répondre, alors.
Je le fais pourtant, m'échappant de mes murailles familières, par une porte dérobée dans la frontière de ma solitude paisible.
Mais l'autre, l'autre qui espérait mes mots en cascade fraîche, mes réparties amusées... L'autre peine à croire que ma réalité est là. Dans un étrange compte à rebours. Quand ils seront partis et autonomes. C'est mon échéance. Parce que je suis responsable d'autres vies que la mienne. Je n'attends pas, ne compte pas. Le temps à l'envers s'est enclenché.
C'est un petit désespoir familier qui m'habite. Qui ronge l'avenir, et se nourrit de projets morts-nés. Une petit gnome qui m'habite sans que je ne l'ai convié à rester, et qui a posé ses pieds déchaussés sur ma paix.  Il a pris ses aises, avec une assurance tranquille, et il m'arrive même de l'oublier, le temps d'un partage d'amitiés.
Mais tout cela devrait rester tu. L'autre n'a pas à entendre ces mots qui peuvent faire peur. Non, je suis très paisible, et je n'ai mal que très doucement. En réalité tout va bien, tu sais.
Je ne vais vers rien. J'attends, tout simplement. En continuant mon bonhomme de chemin.
Un jour à l'endroit, un jour à l'envers.

27 août 2008

Sans gêne

Le tambour du temps qui passe m'a aidée ; je l'ai lavé, javellisé, frotté, récuré, blanchi, reteint, repassé, défroissé de ma paume alanguie de vapeurs odorantes. J'y ai enfoui mon nez, et mon coeur, dans un corps à corps aseptisé.
Il ressemble maintenant à un chiffon pour vie passée au polish. Il s'est sali d'avoir trop voulu rester vierge de traces. Il s'est délavé de tant avoir traîné aux rayons de soleils de minuits. Les clairs de lune grège lui auraient mieux convenus, certainement.
Il a supporté les germes, les souillures et quelques accrocs mal raccommodés. Il tenait le coup, et je m'y drapais encore avec la volupté orgueilleuse des femmes libérées des jougs anciens.
Je vous le dédicace, sur un revers, à l'encre indélébile...
Aux hommes trompeurs, aux hommes sûrs d'eux, aux hommes balayés d'un revers d'un amour volage comme un désir.
Aux amants réducteurs, empressés, engagés à tout sauf à l'indicible volupté du rien.
Aux déclarations virginales camouflées sous un treillis phéromonique.

Mon amour-propre a vécu.
Paix à son âme.

24 août 2008

La peur

Pour être sûr de ne pas se blesser il avait choisi de partir. Sans un mot. Nulle lettre qui aurait permis de comprendre sa fuite.
Elle avait regardé avec nostalgie quelques photos, des rires, des éclats d'eaux. Puis avait décidé d'oublier. Le chagrin ne la rétrécirait pas davantage.
Le voyageur solitaire avait eu besoin de soupeser, d'archiver les anciennes blessures, tentant d'aseptiser la nouvelle petite plaie qui avait agacé son ordre établi. Elle. Elle était comme un vieux rhumatisme sur un genou blessé. Cela perdurait. Le temps n'y faisait rien. 
Il revint. Avec un bouquet de mots flamboyants. Une gerbe de soupirs au pollen traître.Il ne comprit pas qu'elle se fige.
Où était donc son sourire lumineux ?
Qui avait osé lui faire de la peine ?
Qui ?
Elle le regardait. Cherchait les épaisseurs où apaiser ses douleurs.
Il était parti sans un mot.
Il revenait avec une feuille blanche et une plume arrachée à ses silences.
Ce fut la peur qui traça le premier mot.

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23 août 2008

Dédicaces

À l'amant phéromonique
dont le sexe s'érige dès qu'il me frôle.
À l'amant marié
dont je ne saurais jamais si son amour est un leurre.
À l'homme pressé
qui pleure maintenant mon absence mais n'avait jamais le temps de m'en offrir un peu.

Le rouge baiser en a marre de l'être.

 

13 juillet 2008

Jadis

Mes yeux ont arraché les voiles de leur trouble et ma bouche, d'amertume en plaisirs frivoles, d'un souvenir de jadis sourit en courbe lente.
Je ne suis plus, mais sais encore.
La promesse, trahie, hausse sa morale en accent infléchi. J'ai trahi ? Mais suis seule face au reflet indécent d'un "pourquoi" muet.
Je sais cela aussi.
Les détours trompeurs vers des paradis où l'on va en charter, classe économique.
Les croisées subtiles où les mots se fardent d'indécence, et racolent la raison.
Et ma peau qui frissonne de tes mains. 
J'ai compris le non-sens de l'amour qui s'en fout des promesses mal léchées.
Et mon âme qui s'envole sous sa langue âpre et savoureuse.
J'ai arraché la moire, et détaché le fil de soie qui cisaillait ma nuque soumise. J'ai couru, nue comme à l'aube d'un rêve à venir.
Et j'ai joui.

9 juillet 2008

En fin de je ne sais plus quoi qui se compte

J'ai bien trop besoin de parler. Et d'entendre. Et puis je viens de finir les trois tomes de Millénium, et la personne qui me les avait prêtés m'a appelée Lisbeth.
Lisbeth  aime trop le silence.
Je ne m'appelle pas Lisbeth.

19 mars 2008

En fin de conte


En faim de conte

En fin de compte, j'aime bien le silence.

Les mots font vraiment trop de bruit.

12 mars 2008

Ouate muette

Il était si tard.
Elle savait les heures et les jours.
Et les nuits aussi.
Son silence superposait des transparences,
une à une
jusqu'à l'opacité.
Elle ne dit rien, rien, rien, rien.
L'écho de sa voix mutilée se répercutait, mots de ouate muette.

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