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Eau vive
12 août 2007

C'est Aziz !

Connaissez-vous Aziz ? Non ? Moi non plus, avant. Il est devenu célèbre depuis qu'il nous a payé la tournée au bar de la place de Sorrèze.
Comment, vous ne connaissez pas non plus Sorrèze ? Le célèbre village médiéval du Tarn ? avec sa magnifique église - que nous avons très bien vue bien que les ruelles pavées aient pas mal retenu notre attention pour éviter de connaître d'encore plus près les façades Sorréziennes. Ah oui, je vous précise, nous étions sur nos cubes. Le mien adore les ruelles, mais les 1 100 - vous savez, ces motos qui se prennent pour des voitures ? @ - et bien elles avaient un peu plus de mal dans les virages. Surtout ceux en angle droit. Sous un soleil de plomb. Et puis tout le monde avait soif. Et envie de faire pipi bien sûr. Et j'étais persuadée qu'il y avait un bar sur la place de l'église. Je me suis trompée.
@ [ Mais non, Yojik, la tienne est fine, élégante et racée, comme un vélo de course, mais plus rapide et tu aurais adoré les pavés et les caniveaux au milieu, j'en suis sûre ]
Je crois que certains de mon groupe vont me reparler longtemps de ce café là. D'abord parce que je ne pouvais pas deviner qu'en plein mois d'août il n'y aurait aucun bar ouvert dans le village. Et qu'il a fallu repartir dans la grande rue extérieure pour enfin trouver la buvette des pétanquistes. A qui  j'ai demandé - de ma voix de plus possible de  fille que je pouvais, c'est dur, avec un intégral sur la tête, je vous assure -, malgré la langue collée au palais, si nous pouvions espérer avoir à boire. Oui ? Oh merci ! pas de problème nous allons chercher les chaises là-bas. Et filer [nous, les filles ] en courant faire pipi dans un endroit où on est heureux d'avoir des chaussures hautes.
Bref nous voici donc assis à l'ombre, à Sorrèze.
Et Aziz, que vient faire Aziz à Sorrèze ?
Attendez, je vous explique.
Il y avait un nouveau motard qui devait nous rejoindre. Je lui avais donc téléphoné le matin et laissé un message sur son portable, avec le point de rendez-vous pour le midi. Et là, comme il était 15 heures, j'ai fait l'effort de rappeler; au cas où je n'ais pas été assez claire dans mon premier message. Et c'est là qu'Aziz a décroché. Il avait bien eu mon message, était désolé de ne pas y avoir répondu, puis m'a expliqué que la route était un peu longue pour venir nous rejoindre. Il y avait bien 600 km de Paris, non ? Et nous papotons, comme deux vieux amis. Demi_tour__
Evidemment, tout le monde a ri. Déjà que ma réputation n'est plus à faire concernant les road-book que je ne suis jamais [ ben oui, sans lunettes je ne les vois pas les petits embranchements], voilà maintenant que j'avais noté un mauvais numéro de téléphone....
Quand j'ai voulu me faire pardonner en réglant les consommations, c'était trop tard. Je reviens donc à la tablée, demande qui a été régler la note, et là, ils ont répondu en chœur "C'est Aziz"... Et voilà. Le pire c'est qu'ils trouvaient ça drôle. Et moi aussi.
Le soir, la randonnée dans la Montagne Noire se terminait par un barbecue chez moi [ les P'tits cubes aiment beaucoup boire et manger, entre deux ballades ]. J'entends un copain qui émet la certitude qu'Aziz allait rappeler. Quelle drôle d'idée ! Un faux numéro me rappellerait ? Bien sûr, c'est lui qui a gagné. Il a rappelé deux fois. Je dois avoir une voix...j'aimerais bien qu'on puisse échanger le ramage contre le plumage...
Et voici comment Aziz fait désormais partie de la légende des P'tits cubes.
Ce matin, il m'a rappelée. Je crois qu'il viendra un jour rencontrer ce groupe de motards ... D'abord on lui doit un pot !

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9 août 2007

Femmes, lisez donc avant de craquer...

Cette note est destinée aux Femmes exclusivement [individus de race humaine, sexe femelle, n° d'identité commençant pas 2. Au fait, pas un commentaire sur le "et pourquoi le 2 et pas le 1", j'ai ai assez bavé dans un autre blog. 2 parce que 2. Point barre].
Parce que les hommes [enfin non, les hommes perspicaces] pourraient l'utiliser pour mettre à profit ses recettes. Et ça... j'aurais "un peu de mal" à le supporter. [option "c'est un euphémisme".]
Bref - j'adore les digressions, il faut vous y faire -, voici, Femmes mes consoeurs, le Reader-Digest pour comprendre comment va se passer une éventuelle aventure avec un homme marié [ou concubiné, pacsé, fliqué, bagué, pris en main, accompagné, bref un qui a déjà un individu de sexe femelle dans sa vie quotidienne.]
1] Marié ou libre ?
Si vous n'avez aucune indication sur le sujet posez directement la question, que diable ! Il y eut Honoré, par exemple. J'avais été séduite par sa personne, et il s'était bien gardé de m'alerter sur le sujet de son état matrimonial jusqu'à qu'une ampoule clignote dans ma tête et me fasse lui poser la question. "Oui, je suis marié"... Et pourtant ce monsieur était fort libre, croyez moi ! y compris les week-ends... Je n'ai pas été tendre avec lui... une vengeance envers ce mensonge par omission que je n'avais pas pardonné. Il lui aura fallu un an pour craquer. Et il ne m'aura jamais touchée. Juste regardée. J'étais charmante, je vous assure, oui, et plus encore. Une vraie peste adorable. Si vous croisez un chef d'entreprise, ou un artisan à son compte,  votre méfiance doit s'aiguiser encore davantage qu'à l'accoutumé.
2] L'erreur d'appréciation ou Le voyage du Titanic
Vous le savez, il n'est pas libre, mais vous décidez qu'une aventure est toujours bonne à prendre, au moins vous garderez votre liberté chérie. Et vous acceptez donc le verre, puis le restaurant. Et vous succombez. Délicieux n'est-ce pas ?
La différence avec un amant "normal"... c'est la suite.... vous avez prévu la bouée dans votre sac à main ? Et un kit de survie pour les nuits d'hiver seule sous la couette, du style canard rose avec deux piles LR4 ?
3] Les enfants, c'est sacré
L'amant marié est adorable. Jamais vous n'aurez plus mauvaise conscience qu'avec lui. Tout d'abord il prendra sa voix la plus douce, rauque d'émotion, pour vous expliquer que son mariage est sacré. Pour les enfants. Ce sont eux l'important. Comme dans trois cas sur quatre, vous êtes vous mêmes divorcée... vous recevez là la première flèche de la culpabilité. Il y a donc des gens qui acceptent de sacrifier leur bonheur à leurs enfants... Pas vous.
4] Vous êtes exceptionnelle
"Comment pouvez-vous aimer un homme comme lui, si banal, si lâche ? Vous qui méritez que l'on vous aime à la lumière ! " Et  ce crétin d'Ego [la ferme Ego, la ferme] vous laisse croire que c'est vrai ! Fatale erreur... L'amant marié est en train de vous manipuler de la façon la plus perverse qui soit. Il vous embobine, mes chéries. Vite fait, bien fait. Tenez, souvenez-vous de vos discours avec vos enfants, combien vous les encouragiez "oh qu'il est fort mon chéri, et sa maman est si fière de lui... et patati et patata" Sincèrement, ça valait tout ça le fait qu'il accepte enfin d'enlever ses foutues roulettes à son vélo ? Non, mais il vous a cru.. Et voilà... il vous a mis là où tout être humain rêve d'être, sur un piédestal.... Embobinée, je vous dis.... Vous êtes exceptionnelle. Et embobinée.
5] Les mails et lettres d'amour
Vous n'allez pas en croire vos yeux enamourés, cet homme là vous écrit les plus beaux mots d'amour que vous n'ayez jamais lus [avant de relire Rimbaud ou Verlaine bien sûr]. Il est perclus d'amour pour vous, tout comme votre grand-père est perclus de rhumatismes. Bon, je vous le traduis ? Il peut écrire ce qu'il veut, c'est facile pour lui, ça le détend. Mais oui, vous avez bien lu.  Entre la tarte aux poireaux du dimanche, la belle-famille et son confit-foie gras, les sorties avec leurs copains [ceux du couple], vous êtes la seule personne à le regarder comme s'il était une merveille. Or il n'est rien d'autre qu'un mâle. Banal, et qui trompe sa femme. Vous voici donc sa muse. Bref, il se détend en vous écrivant des mots que vous relirez 100 fois, y compris la nuit, dans votre lit, toute seule. Des lettres merveilleuses  rien que pour vous [copie par mail si nécessaire]. Elle seront signées de sa seule initiale, il ne faudrait pas qu'un jour elles tombent dans des mains mal intentionnées quand même ! Le piège s'est refermé. Manque de chance, vous avez perdu la clé en ouvrant la première enveloppe.
6] Leurs emploi du temps [celui de sa femme et le sien]
Bientôt vous saurez à quelle heure elle part au marché. Et si ses enfants ont rendez-vous chez la dentiste. Il se précipite pour vous appeler, des sanglots dans la voix. Vous ferez son jogging avec lui et vous l'entendrez haleter de sa respiration au rythme de sa foulée. Vous aurez l'impression d'être à ses côtés, tant il vous décrit si bien le moindre brin d'herbe sur lequel il aurait adorer vous enlacer, là, maintenant. Parfois il sortira de Midica, incapable de résister davantage au besoin irrépressible qu'il a de vous entendre. Tant pis, il achètera la latte pour le sommier de leur lit plus tard. [Oui, je sais, une Femme normale aurait fait un bond. Comment, il ose parler du lit dans lequel il dort avec elle ? ] Mais voilà, vous n'êtes plus normale, vous êtes amoureuse d'un homme marié.... Et vous commencez à attendre... Son emploi du temps vous a phagocytée. Il y a un rendez-vous auquel il ne déroge jamais. L'appel du soir, avant de quitter son bureau. Pendant une demi-heure il vous parle de sa journée. Comme si vous étiez sa femme.... VOUS N'ÊTES pas sa femme, ne l'oubliez pas. Et quand il raccroche [je file, on mange chez des amis ce soir ] vous vous sentez épuisée. Mais pour rien au monde vous ne sortiriez de chez vous à cette heure là.
7] Les cadeaux
Généralement l'amant marié choisit avec soin ce qu'il va vous offrir. Un galet [il m'a fait penser à toi, mon amour] qu'il aura cherché pendant des heures lors de son week-end au bord de la mer, ou alors une sulfure italienne, lui qui aurait rêvé de vous amener à Florence. Ce pourra être une de ses chemises [comme ça je serai toujours avec toi mon amour], soigneusement repassée par sa femme. Bref l'homme marié choisit vos cadeaux en fonction des traces qu'il pourra laisser chez vous.
8] L'histoire dure, et dure, et dure.....
Vous avez compté sur vos doigts. Les deux mains suffisent pour les nuits dérobées. Un seul week-end, celui où belle-maman [la sienne bien sûr] a été opérée de la hanche. Vous vous regardez dans votre miroir. Et vous regardez votre reflet dans les yeux de vos amis. Deux ans ? Cela fait deux ans déjà, et ils ne connaissent toujours pas l'homme que vous aimez ?

Et voilà, Femme, ma con-soeur [en deux mots c'est bien plus parlant], le piège étant posé, refermé, la clé jetée au loin, il ne vous reste plus que deux solutions.
----- sonner à la porte de son pavillon pour rendre à sa femme lettres, cadeaux, photos. Vous pourrez rajouter qu'elle n'a pas à se faire de souci, ils n'utilisaient pas de préservatif, mais vous n'avez aucune maladie. Pour la mycose vous avez suivi toutes les deux le même traitement, c'est drôle, non ? [façon comédie de boulevard, très défoulant mais très immoral.]
----- dignement décider d'aimer un homme qui est libre de vivre sa vie et qui sera fier de vous présenter à ses enfants et ses amis. Ou même de n'être aimée de personne mais pas à demi. Vous pleurez un bon coup, avant. Vous enfilez la robe qu'il préfère. Et vous vous dites adieu.

8 août 2007

Le retour

Coeur : c'est incroyable, j'attendais une vague déferlante, je m'étais arc-bouté pour résister au choc, ne surtout pas me briser, et je suis juste recouvert d'un écume grise. Vous croyez qu'il faut que je me tienne sur mes gardes encore longtemps ?
Yeux : nous aussi, on attendait. Les flots, la crue. Mais on se contente d'un voile salé.
Cerveau : écoutez, je n'ai pas davantage d'informations à vous donner. Je n'ose pas vous dire de relâcher votre attention. Vigilants, restons tous vigilants. Quand Elle a détourné la tête, Elle ne tremblait pas, était sûre d'Elle, ça c'est un fait.
Tête : confirmé, Chef. Pourtant il venait de poser sa main sur sa tête et lui disait qu'il l'aimait. Elle aurait pu craquer, mais Elle a juste souri et est partie sans un mot.
Cerveau : incroyable...incroyable... Il me manque des éléments pour comprendre.
Eau'z : je crois que c'est moi, Elle m'avait oubliée....
Cerveau : Eau'z, depuis le temps !!! Content de te revoir !
Ego : et voilà, je vais encore une fois être mis en veilleuse....
Elle : merci Eau'z, j'avais besoin de toi. Ego, ne sois pas jaloux, il est là pour nos aider, tous.
Ego : je n'aime pas quand vous devenez mystique, Elle, ça contrarie mon côté rigoureux (...) qui a rigolé ? (...)
Elle : les organes, je m'adresse à vous tous, regardez, Eau'z a retrouvé des couleurs !
Eau'z  c'est à cause de Papillon bleu. Elle est venue me toucher du bout de ses ailes et m'a dit que vous aviez besoin de moi pour vous accompagner un bout de chemin.
Conscience : je n'ai jamais très bien compris à quoi tu servais, Eau'z, tu peux m'expliquer ?
Eau'z : mon rôle a a toujours existé, mais l'on me donne différents noms suivant les cultures, les croyances. Pour son amie Papillon bleu, par exemple, je suis son ange gardien, Eauzielle. Mais comme Elle ne croit pas aux anges, je suis simplement son éclaireur. Mon rôle est de lui apporter un peu de lumière pour qu'elle avance protégée.
Yeux : tu ne crois pas que tu y vas un peu fort ? Les pas ne mènent pas toujours droit vers un précipice. Et puis nous sommes là !
Eau'z : non... pas de précipice... et pourtant... souvenez-vous, quand Papillon bleu lui avait dit d'accepter d'aimer cet homme... avant de mourir..; Elle l'a écoutée... et maintenant Elle a mal... Alors Papillon bleu m'a redonné des couleurs, pour que je répare un peu son coeur....
Coeur : oui, je me souviens... en attendant l'ambulance, Elle pleurait, et il était venu. Elle avait décidé d'accepter de l'aimer, alors qu'elle n'aurait pas dû. Il y avait un mur au bout de cet amour là.
Ego : mais Elle avait besoin d'être aimée, pourquoi aurait-elle dû se priver de cet amour là ?
Eau'z : parce que le coeur de cet homme ne pouvait pas s'agrandir, et qu'Elle avait autant besoin de donner que de recevoir.
Elle : cet amour appartient au passé. Je le garde précieusement, car il n'y a pas plus belle aventure que d'aimer. Mais aujourd'hui je sais que ma vie doit avoir le partage en retour. Eau'z est là pour m'aider à voir plus loin que mes yeux.
Yeux : déjà qu'on a besoin de lunettes... c'est du suréquipement, ça !
Elle : pffff, vous me fatiguez, les organes... tous des égocentriques.
Ego : mais enfin, je n'ai rien dit !

7 août 2007

Noir

J'ai noirci les feuillets, encré les pages, tâché ma fiche d'identité en Chine indélébile, cultivé les grains de beauté et les bleus à l'âme qui noircissent l'humeur, j'ai râturé le livrets de famille de ces vies qui ne me convenaient plus, et repeint en blanc les murs.
Les pinceaux sont lavés.
Les feuillets brûlés.
Je dois trouver la lumière qui décomposera en un spectre arc-en-ciel les moments qui se figent en mélancolie terne.
Je dois allumer dans mes yeux les étincelles qui font flamber les heures et scintiller les braises.
Je dois sauter dans la flaque et éclabousser ma vie.
Et cesser de porter le deuil d'un amour mort de n'avoir jamais vécu.
Comme un pion de Go, me retourner, de noir à blanc.

5 août 2007

Blanc

J'ai tiré les meubles, décroché les tableaux, aspiré les poussières, lavé les taches, accroché de vieux draps au sol, installé l'échelle, remué la peinture, transvasé la quantité adéquate dans un récipient, enfilé ma tenue de combat, grimpé sur l'échelle, tiré les bras et la langue en même temps que le rouleau, juré quand la peinture a coulé tout doucement le long de mon pantalon jusqu'à faire une jolie flaque au sol, bu trois café, fumé des cigarettes au goût de peinture, eu tellement mal à l'épaule que j'en suis devenue gauchère, continué, jusqu'au recul disant c'est ok, lavé les récipients, le rouleau, le pinceau, nettoyé le sol au vinaigre, aspiré le recto des tableaux empoussiérés, planté les clous, vissé les vis, raccroché les tableaux, poussé les canapés.
Et je me suis assise. 

C'est blanc, c'est propre, c'est vide.
Comme ma vie.

J'irai faire du roller, dégouliner de transpiration, mordre ma langue, rire aux éclats, masser mes pieds endoloris au bord de la route, boire un verre, grignoter des chips, avoir plein de potes pour rigoler un coup, parler de la dernière sortie moto, de la prochaine auberge espagnole.

Et je m'assiérai sur mon lit, le soir.
Mon lit blanc, propre et vide.
Comme ma vie.

Et peut-être des larmes viendront-elles y déposer leurs cristaux blancs.

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3 août 2007

Adieu, mon amour

_ph_m_rideje l'avais imaginé de tant de façons, cet adieu ! Pathétique, ou fièrement riant, émouvant et même déchirant.
Et ce ne fut que le silence, si sobre, qui a gagné.
Que pouvais-je te dire ? lors de cet instant éphémère qui se prend pour une éternité ? Quel mot ? quand on sait que  c'est la seconde à venir qui sera la dernière ?
J'ai su qu'il était temps. Sans l'avoir choisi. Et je suis partie, sans un mot de plus. Sans un adieu rauque.
C'est étrange, je ne me souviens pas de ma dernière phrase, elle n'est devenue "dernière" que par le silence qui l'a suivie. Celle qui aura précédé mon geste, mon corps qui s'est détourné sans un mot. Mais j'ai la tienne qui résonne encore, si symbolique de notre histoire... Es-tu triste que ce soit celle là ? Aurais-tu aimé qu'elle ne parle que de nous ? 
"L'écorce de pin, je l'ai posée dans mon salon, tout le monde la voit, elle est si belle."
Non, ce n'est pas à cause de ces mots qui parlaient de "là-bas", que j'ai su que c'était l'instant. Je ne l'ai compris qu'après. Notre belle histoire se cognait aux angles d'une vie qui n'a jamais été la mienne, dans ta vie à toi.
Bien sûr que j'ai mal ! Je pesais tout entière sur un plateau de la balance et toi, à demi.
Bien sûr que tu as mal ! Dans tes pensées qui écartèlent ta tranquillité.
Il fallait que nous nous séparions, il le fallait, pour que je sois enfin libre de partager un amour vrai. J'ai le droit d'être aimée au grand jour. Les années passaient, cet amour m'enchaînait.
Le temps s'est brusquement accéléré cette semaine. Hier, je suis venue t'embrasser affectueusement dans ton bureau rempli de cartons, moi qui ne le faisais jamais. Ils ont détourné la tête, par pudeur... c'était étrange.  Je me sentais bien.
Aujourd'hui nous voulions ces dernières heures pour nous, pour Toi et Moi...
La dernière fois, avant tes vacances avec eux, avant ta mutation.
Merci d'avoir accepté de partir, c'est le plus cadeau d'amour que tu pouvais m'offrir.
Tu me l'as promis, plus jamais tu ne chercheras à me contacter.
Je te crois.
Que ta vie soit belle, mon amour.

2 août 2007

Plic-Ploc

Vieillerie de vacances (écrite en 2006, ça ne nous rajeunit pas mais c'est toujours d'actualité ! )


C'est formidable maintenant.
Ces carreaux de faïence bleue nuit et cette lumière qui s'allume automatiquement. Très beau, très clean et propre. Très adapté aux fauteuils roulants. Très design, jusqu'aux lave-mains. Tout est parfait. Et le Comité Hygiène et Sécurité est très content.
Oui, mais moi, je préférais les anciennes.
Les normales, avec des portes comme à la maison, sans clignotant rouge pour expliquer que l'on ne doit pas tenter d'entrer dans ces toilettes, elles sont déjà occupées. Avant, quand on tentait d'ouvrir la porte, on entendait une petite voix humaine, un soupçon angoissée, qui balbutiait "c'est occupé", en oubliant même de poursuivre ce qu'elle faisait juste avant.
Maintenant je sais, dès mon entrée dans le lieu d'aisance (je vous assure que ça le mérite), si je peux me précipiter ( j'ai un peu tendance à attendre le dernier moment) ; "stop", on attend, on ne touche pas. Il y a des humains derrière, en petite tenue parfois si rigolote (je pense à chef à moi, et je me sens mieux après, en réunion houleuse). La rangée de portes, toujours bien closes (on n'expose pas ce genre d'endroit, on n'en parle pas, vous savez bien), grâce aux vérins qui automatisent leur fermeture.... et qui me demandent d'oublier que les muscles de mes bras ressemblent à de la guimauve. Je me muscle donc tous les jours. Plusieurs fois par jour ; parce que j'écoute les conseils du ministère de la santé. Je bois. Plein d'eau. Donc je fais pipi. Sans arrêt.
Je préférais les anciennes, je vous dis. Que je pouvais ouvrir d'une poussée du genou ou du coude, voire des fesses. Et desquelles je ressortais propre et sèche. Parce qu'avant, jamais je ne m'étais indûment tacheté le pantalon de quelques gouttes indisciplinées. Avant, quand je devais moi-même pousser l'interrupteur qui me permettait de ne pas être confrontée à une cuvette dans l'obscurité. Je vous explique.
Maintenant, plus besoin de d'éteindre en partant ; économie ou hygiène, il y a un minuteur. Que la personne précédente a certainement enclenché. Et que je n'ai donc pas ré-activé. Puisque c'était allumé quand je suis rentrée.
Et là, alors que je suis concentrée à évacuer l'urine dé-concentrée par toute l'eau que je lui ai donnée en goutte-à-goutte; le black-out.
Dans 6 m2, le noir total.
Alors même que je suis dans une posture ... donc, je vous laisse imaginer (pas vous, les filles, je sais que vous savez). Et le point orangé du minuteur à allumer, là-bas, tout au fond, prêt de la porte, qui me nargue. Maintenant je sais comment fonctionne un minuteur. Donc je ne panique (presque) plus quand j'ai oublié d'allumer la lumière déjà ouverte (pas de remarque sur les flux électriques et mon verbe "ouvrir" comme un robinet, on est là pour parler, pas pour disserter). Je réussis même à attraper, toujours dans le noir, le bout de papier qui est comme toujours coincé bien collé à son rouleau d'origine sous le dévidoir dont la taille est prévue pour un troupeau d'éléphants. Ce qui va me permettre de ne pas devoir, quand la lumière aura enfin été allumée, éponger le goutte-à-goutte de mon eau dégouttée précédemment. Par terre ou sur mon pantalon. Les garçons, je ne vous demande pas comment vous faites, je sais. Hélas.
Voilà, et là, je ne vous ai parlé que de son usage fondamental et premier. Maintenant il y a le reste.
Parce que si vous voulez boire votre litre et demi, d'eau évidemment, vous devez remplir votre bouteille, le matin. Ceux qui payent pour avoir de l'eau sous plastique, ne lisez pas, ça ne vous concerne pas. Donc vous vous dirigez vers les vasques design. Aux superbes mitigeurs. Très jolies, les vasques. Mais pour deux mains à laver, seulement deux mains. Donc, maintenant, vous vous dirigez tous les matins vers les toilettes, la bouteille de verre sous le bras gauche, et l'indispensable demi-bouteille en plastique à la main gauche. Important, la main gauche, parce que vous aurez besoin de toute la force de votre bras droit pour ouvrir la porte au vérin suffisamment résistant pour contenir un troupeau d'éléphants qui tenteraient de s'échapper du lieu.
Tous les matins, donc, vous jouez donc à transvaser de l'eau, de la petite bouteille vers la grosse. Sans en renverser à côté, hein, parce que le plan est design et il n'y a pas de rebord pour contenir un débordement. Ça ne se fait pas de tremper ses chaussures de bon matin. Pour moi, en tout cas, maintenant, j'y fais attention. Quoique, elles avaient fini par sécher avant la fin de la journée, la première fois. Ça détend de jouer avec l'eau. Je vous assure, c'est très zen le remplissage des bouteilles.
Il y a un seul truc rigolo, c'est qu'ils avaient oublié les femmes de ménage. Qui ne pouvaient plus remplir leur seau. Mais on ne va pas demander aux architectes de penser à ces choses si bassement matérielles, hein ?
Elle sont si belles, les nouvelles toilettes.
Et puis ils leur ont mis à disposition un petit tuyau d'arrosage, pour leurs seaux. C'est très rigolo. Et aussi ils leur ont donné une grande grande rallonge électrique. Pour l'aspirateur. Parce qu'ils avaient oublié que ça se nettoyait, les lieux d'aisance. Et pourquoi donc y installer des prises ? les messieurs n'allaient pas s'y raser !
Je chipote, je le sens bien. Que voulez-vous, ce doit être la nostalgie. De la cabane au fond du jardin.
Oh, j'ai oublié de vous raconter un truc rigolo. Ce sont les toilettes pour handicapés. Immenses. J'aime bien y aller aussi.
Et la première fois que je m'y suis retrouvée dans le noir absolu, et que j'ai sautillé, le pantalon aux genoux, jusqu'à l'interrupteur... je suis passée devant le sèche-mains électrique, qui est très bas, bien sûr, dans ces toilettes là... juste à la hauteur ... de mes fesses. Je vous assure que j'ai ri après, parce que c'est drôlement chouette de passer ses fesses sous l'air chaud. Surtout dans le noir, quand on ne s'y attend pas. Bon, j'ai un peu hurlé sur le moment, mais après plus jamais.
Pour vous montrer à quel point je suis insupportable, et bien je râle même contre les miroirs qu'ils ont installés dans chacune des cabines à pipi. Maintenant, bien à l'abri des regards, et bien, je me vois en gros plan. Avec un spot bien éclairant (enfin, quand j'ai pensé au minuteur). C'est inhumain, ça. Personne pour entrer et admirer le spectacle de ma langue poussant la joue... là... mais, c'est un bouton ça... Et voilà comment je ressors avec un truc tout rouge et hideux, un peu sanguinolent, au milieu du visage. Alors qu'avant, et bien je ne l'aurais même pas vu....le bouton qui a pris des allures de volcan à la lumière rasante.
Elle sont très belles, les nouvelles toilettes.
Mais je préférais quand même les anciennes.

2 août 2007

Non !

Le cri avait déchiré le silence.
Les enfants dorment, le nez irisé de sueur la bouche palpitante, les doigts glissés dans les plis chauds de leur pyjama.
Le feutre de la nuit s'est déchiré.
Elle avait crié, le corps cambré, la bouche suffocante. Elle ne voulait pas, se débattait encore dans sa nuit lourde qui la protégeait du sommeil de l'aube. Son cri familier la maintenait en vie, ses peurs s'envolaient dans le torrent de son cri. Elle avait crié et le son rauque ricochait sur les troncs noircis. Elle dormait et son corps luttait. Sa peau dressée de ses pores rétractés, sa bouche aspirant un souffle tiède saccadé, ses yeux en ondes violentes sous les paupières closes.
Une main se posa sur sa joue.
"N'ai pas peur, je suis là".
Elle gémit, sourit et referma le silence au creux de ses bras.

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