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Eau vive
30 août 2009

La répétition

C'est peut-être parce qu'il m'a trouvée malgré tout attachante ? Ou que mon attitude lui a paru trop stupide pour que je le sois vraiment à ce point ?  Notre histoire méritait une seconde chance ? Je ne sais pas. Mais il a bien fait...parce que je n'aurais jamais appelé, moi.
Quand le téléphone a sonné je n'ai pas reconnu le numéro. Je n'avais pas regardé le numéro, plutôt. Sur mon fixe ce n'est pas de la haute technologie où je saurais qui... Non, je décroche et dis "Allô" sans sourciller.
Lui, en un seul mot j'ai su (...) avec son accent de l'autre bout du monde qui me fait me sentir Wanda. Ça ne s'explique pas.
J'ai écouté, ai eu de la flotte dans les yeux, ai ri, me suis renfrognée, ai dégluti. Et murmuré "oui".
C'est vrai, il avait raison. Oui, à 100%... Et c'est à cause de ma stupidité si étrange qu'il a fini par comprendre que j'avais préparé un tas de mots soigneusement inventés, que je les avais mastiqués comme un âne toute seule dans mon coin et les avais avalés. En réalité, il n'a pas dit "mots", il a employé un terme beaucoup plus crû. Mais qui était fort compréhensible. Il a dit "merde". Ce qui était vrai.
Il me les a fait répéter les vrais mots qu'il avait dits, pour que je m'en souvienne ; "On va en Espagne deux jours puis on prend l'avion pour le Portugal".
J'ai répété, même si je m'en souvenais parfaitement ! Puis ai rajouté que je n'y avais pas vraiment cru parce que, avec  ses amis Y et Z, était convenu (...) Là, presque, il s'est fâché. Et m'a rappelé que 24 heures qui étaient déjà prévus ne changeait rien à notre histoire à nous. J'ai dégluti de nouveau, dit "oui".
Avec lui j'ai l'impression que je vais devoir le répéter ce mot. Ce que les hommes n'aiment globalement pas, qu'on ne les croit pas. Et bien, je ne crois pas souvent. Surtout quand ça me fait trop plaisir.
Quand il m'a demandé de passer la nuit chez lui, j'avais donc prétexté un dîner, et un rdv le lendemain, qui n'avaient bien sûr pas lieu. Je me sentais "femme de nuit" dans sa demande... Là encore il m'a fait répéter. Et a ri. Ce qui m'a presque mise en colère. Je veux bien dormir avec lui, c'est même délicieux, mais là... j'ai cru que je n'étais avec lui que pour ça.
Alors il m'a raconté ; la bouteille de champagne était au frais, un plan du Portugal sur la table et les vélos pour aller voir le coucher de soleil sur la colline avant.
Oui... Je me suis trompée... Et merde.... Les vacances sont finies, maintenant. Pan sur les doigts, j'ai eu ce que je méritais. L'histoire se répète qui me fait tresser les promesses offertes en bouquets amers.
Alors je lui ai demandé d'arrêter, parce que c'était un peu difficile pour moi. Et il a arrêté. A dit que la bouteille était toujours au frais.
C'est là que j'ai dit "chouette". Comme une gamine. Un "chouette" qui n'avait aucune raison d'être et qu'il m'a fait répéter tant il était incongru...
- "Chouette" j'ai dit ! Chouette on va se revoir. "
Et il a ri. Je donnais dans le flirt, j'oubliais que j'étais une grande compliquée.
Ma vie à l'envers, un point à l'endroit, un point égaré.
Il a récupéré l'ouvrage que j'avais soigneusement détissé.
Maintenant il va falloir concilier la distance, ses déplacements professionnels, ma grippe et mon confinement.
Et ma tendance à ne pas croire au bonheur. Et ça, c'est le plus difficile.

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29 août 2009

Momie

Je me revêts, me poudre de doutes. Je ne me donne plus. Dans un sillage de parfum d'ambre, icône de moi.

Manches et poignets,  boutons de nacre, ceinture de cuir. Il suffit de si peu pour que des mains dénouent l'ensemble. Me laissant nue. Et vulnérable. Certaines n'ont jamais peur que l'autre pénètre leur ventre, caresse leurs seins et apprennent les courbes étranges de leurs hanches. Moi, je sais que j'y suis tout entière dessinée.

Vois-tu, muse qui  m'amuse, tu as jeté le trouble. Et mes peurs se tressent en bandelettes tout autour de mon corps. C'est peut-être parce qu'elle n'a pas tremblé, ta main, en caressant mon ventre. Elle était sûre d'elle. Tu ne crains rien. Ni le vent qui porte ta voile, ni les racines que l'on arrache. Tu sais ce que tout quitter veut dire. Ton pays est celui où tu vis. Où celui où tu vivras. Alors je me fige. Je ne suis pas une eau de source qui désaltère le promeneur. Je suis un lac immobile et profond.
J'aime que nul ne sache vraiment quelle en est la profondeur. J'aime que l'on y perde pied puis qu'on s'y laisse flotter doucement.
Je souris, ma muse. D'avoir déjà oublié quand nous nous reverrons.
Je ne peux avoir mal, j'ai l'oubli du temps en filigrane dans ma mémoire de toi.
Je te reverrai. Et tu poseras tes mains sur mes hanches sans savoir quels mots y sont sculptés.
Un jour... un jour peut-être....

10 août 2009

Tu es ma muse, cela m'amuse

Tu as déplié l'origami de mes mots ailés d'oiseau muet. Ils se sont envolés et j'ai sauté pour les rattraper, les amadouer, les policer. Qu'importe qu'ils soient tout chiffonnés. Ils sont à moi, ivres de liberté.

Tu es ma muse, cela t'amuse.
Une muse n'a pas toujours les cheveux en tortillons blonds, et les seins en bols de lait frais. Une muse peut être un géant à l'accent chantant et au crâne dépoli par les cieux. Tu n'as pas joué de la harpe en clair de sous bois, ni paré ton corps de voiles. Et pourtant tu es ma muse, muse muse.
Je vais user, abuser, qu'importe même si cela te désabuse.

Regarde, ce sont mes mots ! Les miens, encore titubants, qui grincent de leurs articulations rouillées.
Je ne les connaissais plus, il s'étaient emberlificotés dans des pliures de papier de soie. Parce qu'un origami, ce peut être en papier de soie, de soi, de moi, tu sais.
J'en envie de parler en silences scandés sur mon clavier et de les écouter s'étirer.
Si tu savais comme ils sont drôles ! Des géants emmaillotés de langes. Ils me tourneboulent la langue.
Tu es ma muse !



9 août 2009

Évidence

Elle scruta le rectangle, réfléchissant.
Guetta au coin des angles noircis la lumière qui lui permettrait de savoir.
Était-elle une évidence heureuse ?
Ses sens, son regard, la raison en forme de réflexion effacèrent le point d'interrogation ; je suis une évidence.
Oui, bien sûr, perçue, réfléchie, là, omniprésente, moléculaire, globulaire. Je suis. Donc je suis une évidence.
Mais (...) une évidence heureuse (...) , c'est quoi ? Hein ?
Dis, ça peut avoir ma gueule une évidence heureuse ?
Deux yeux et un plissé soleil tout autour ? Un rire griffonné de dents même pas à moi ?
Le rectangle ne répondit rien. Il réfléchissait en silence.
Crétin, maugréa-elle.
Crétin, crétine....

20 février 2009

Mots de ouate

Mes mots se taisent en fibres fines.
Ils ont laissé une étrange trame, là, où s'agrippent des pensées fugaces. Étranges mots éperdus qui s'y accrochent, se bousculent en nœuds, se tressent finement au gré des instants et détissent chaque nuit ce que jadis se couchait en mots.
Mes mots en couleurs bleutées s'égarent en nuages.
Il y a ces toiles aux pastels délavés de secondes silencieuses, ces toiles aux transparences humides. Seul leur parfum un peu âpre me rappelle que je les ai vues. Ils se mêlaient, se paraient de chatoyances aussi fugaces que ces arcs en ciel de gasoil sur le bitume détrempé.
Leurs silences. Moi je les ai vus, je les entendus, et ils m'ont fait frémir de leur grâce parfois innocente, parfois troublante.
Mes doigts alors... puis ils retombaient, saisissaient une cigarette qui se consumait. Les volutes suffisaient.
Mes mots n'aimaient que le silence.
De ouate légère.

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19 février 2009

Croquant

Quel repas délicieux ! Quelles conversations animées, pimentées à point des rires piquants de nos 4 vies mouvementées.
Le café gourmand était juste comme il le fallait, gourmand.
Cette vente par correspondance de ma personne me charmait, l'ami avait raison, qui avait des sourires sous-entendus à mon égard. L'homme me plaisait.
Quelques notes de saxo et de tromblon, quelques mesures au piano. Et le dernier verre chez moi.
- Ma femme...
- Tu es donc marié ? Et tu peux ainsi sans souci bavarder chez n'importe qui à l'heure où l'aube est proche ?
- Ma femme est lisse. Très lisse. Si lisse. Jamais un mot plus haut que l'autre. Jamais de questions qui entraîneraient un mensonge. Vingt et un ans de lisse. Et de glissements. D'ennui, évidemment.
(...)
Si lisse
(...)
Un grain de silice.
Il faut bien en rire de la silice !
Petit grain de sable égaré dans un dessert presque savouré...
Quel dommage, je n'aime guère avoir les dents qui crissent sous un grain de sable égaré...

18 février 2009

Dessert

Il est comme un gâteau dont je connais la recette. Un gâteau inconnu de ma bouche, paré des sens de l'imaginaire. Je ne peux que laisser mes désirs se gonfler à la levure de ses mots. Des mots simples, sobres et forts, d'un inconnu présenté par un ami commun. Et quelques passions qui nous assemblent déjà. 
Il est le parfum de ma madeleine qui me fait clore les yeux dans un soupir d'ineffable bien-être. L'ami dit "il faut que vous vous rencontriez". Et il m'écrit quelques mots, (... ) "le moins que je puisse faire, puisque ma vie ne sera plus jamais la même après t'avoir rencontrée". Merci, mon ami, de si bien parler de moi que tu en convaincs l'autre...  J'ai ri, souri, réfléchi. Une recette c'est mille et un parfums qui s'emmêlent et deviennent saveur.
Ce soir, à l'heure exquise où le ciel des villes se pare de roses et gris, près de la belle Garonne, ce soir...
Je sais mon nez aux ailes frémissantes, tentant d'assouvir la soif de son odeur nouvelle. Je sais mon doigt impatient de toucher sa peau. Un simple tout petit bout de peau pour savoir si elles sont compatibles. J'imagine et respire un torrent d'air.
Ce soir je saurai s'il est ce gâteau que je goûterai du bout de ma langue gourmande au sein de désirs nouveaux.

10 février 2009

Recyclage

Ils étaient posés sur le trottoir. Adossés à une porte gauchère. Ou une porte cochère, ils commençaient à avoir du mal à s'assembler correctement.

 

Dément, catogan, mi-temps, origan, ça irait avec brigand ou toboggan, non ?

 

Ils ont regardé les jours passer, sans se presser. Blanc-noir, jour-nuit, blanc-noir. Ça ne les changeait pas de leur bichromie coutumière. Le gris, l'arc-en-ciel, de toute façon ils n'en avaient qu'entendu parler, parfois, alors ça ne pouvait pas leur manquer ! Le ouïe-dire, ce n'était pas non plus de leur monde.

 

Monde, faconde, sonde... vont avec vagabonde ou mappemonde, non ?

 

Ils n'ont eu ni froid ni faim. Ils ne savaient même pas pourquoi ils étaient là. En dépôt, peut-être ? Quelqu'un allait-il venir leur redonner vie ? Vous croyez ... qu'on est vivant ? Vous sentez que vous êtes, vous ?

 

Follette, gigolette, noisette, dites-moi ? ... avec vaguelette ou margoulette, oui ?

 

Il y en a eu un qui a commencé à frissonner.
Il avait peur ou quoi ? Puis à geindre doucement. Mais pour qui se prenait-il, celui-là ? Il ne valait guère mieux qu'eux.
Comment s'appelait-il, déjà ? Mais oui, il fallait que ce soit lui qui craque le premier !

 

Espoir ! avec foutoir, égrappoir... et désespoir.  Circulez, y'a rien à voir !

 

Je t'en foutrais, moi, de ce trouillard !
Mais c'était trop tard, un autre se mit à pleurer. Personne ne le vit, il y eut juste le son humide de la goutte sur le sol.
Ah non ! c'était  lui, bien sûr ! Ils avaient tous compris.

 

Bonheur ! un collaborateur gros-porteur... parti en crève-coeur rejoindre moiteur et torpeur !

 

La porte cochère s'évapora.
L'ouragan les balaya.
Les mots pauvres étaient au fond d'un conteneur vert.

Déchets recyclables.

 
13 janvier 2009

Bilan

Faut-il vraiment en faire un ? Bon, disons que je ne suis pas encore arrivée aux fiançailles...
Mais enfin, comment font-ils pour écrire aussi mal, pourquoi ne téléchargent-ils pas un correcteur orthographique intégré ? Ce serait presque supportable. Quoique, quel logiciel arriverait à traduire un "Cé vrément chouette votre photo. On chatte ? " en "Bonsoir, touché par la fraîcheur de votre sourire, je serais heureux d'échanger quelques mots avec vous autour d'un verre" ... En fin de compte je crains de ne pas tenir plus de 21 jours... Le 4 janvier, c'était il y a si peu de temps  ?
Mon dieu, je ne me sens même plus l'âme d'un steak à l'étal d'un boucher mais jambon sous vide au supermarché...
Où se trouve la touche "désinscription" ?

27 décembre 2008

Si près de l'avant

Peu à peu, étirer les doigts jusqu'au bout de moi.
Saisir les mots recroquevillés sous une peur absurde.
Mais laisser intacte la fêlure, qui  a  tracé sa signature en filigrane. Oublier les silences qui gémissent,  parfois sans savoir pourquoi.  Pourquoi ?
Et laisser la paupière lourde  s'ouvrir à l'encre détrempée des souvenirs salés.

Écrire, juste quelques mots, pour vivre un après.
Comme avant.

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