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Eau vive
28 septembre 2008

Hier, ou presque, à l'aube

A 5 heures 3O, il était bien venu au rendez-vous. Gruissan_001
Il fallait partir, rouler deux heures, pour ne surtout pas être en retard.

La mer a écarté ses habits de nuit, et le disque rouge a flamboyé.
Lui et moi, sur des rochers, et plus rien d'autre que ce soleil que j'avais eu envie de voir se lever sur la mer. Dans le silence qui s'impose parfois devant l'extrême beauté.

Une journée si simple, toute en harmonie, avec cette quête de cailloux, les petits, les blancs ou veinés, lissées par la mer ou cassés sur un rocher, parmi des milliers d'autres. Pourquoi celui-ci ? C'est le mystère de ceux qui aiment les cailloux... Il y eut les carpes, dans le gouffre, au creux d'un massif. Nous regardions leurs écailles, et je jetais des miettes de pain, m'amusant de voir ces poissons prisonniers de leur énorme mare goûter avec suspicion à cette nourriture étrange.
Tu vois, il n'y avait rien de vraiment extraordinaire. Une belle journée. Tout simplement rare et belle.
J'étais troublée, je sais maintenant qu'il l'était également.
Mais ce n'est qu'après, quand le quotidien a repris le dessus, avec sa lune croisée le matin dans un ciel encore noir. Après, quand on se dit qu'on aurait bien aimé qu'il voit ceci ou cela. L'autre manque.
Et c'est ainsi, sans même avoir goûté au creux de ma bouche la langue de cet homme, comme une adolescente, c'est ainsi que je me suis mise à l'aimer.

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26 septembre 2008

Goutte d'eau sale

Ça a été comme un coup de couteau. Je n'en ai jamais reçu, mais je suppose que la douleur doit être la même. Aiguë et violente. Avant de perdre connaissance.
Je me suis dit ça, bêtement, me rappelant la fois où j'ai laissé un petit bout de doigt tomber dans l'herbe du jardin. La douleur avait été très brève, juste sur le moment. La lame avait tranché net. Ce ne fut qu'après les soins que les nerfs amputés m'avaient vrillée.
Là, ça a été pareil. Il y a eu ce mot qui a fusé. D'une vulgarité insoutenable. Une insulte à mon égard. Pour une poussière bizarre, dans un verre d'eau ; il s'était énervé et moi j'avais souri. Qu'est-ce qu'une saleté ? Rien. On vide le verre, on a cette chance, ici, de ne pas devoir aller au puits. Je souriais. Nous étions tous là, j'avais mis les petits plats dans les grands, pour fêter la fratrie réunie. Et il m'a insultée. Violemment. Dans un silence qui m'a anesthésiée. Je n'ai plus souri, plus rien dit, moi qui parle déjà si peu. J'ai été fumer une cigarette de plus, dans le jardin, en respirant comme on halète.
Mon fils. Oui, c'est bien ton fils, et tu as ta part de responsabilité. Son caractère lui est propre, et il est dur, oui, tu le sais, bien, sa maladie l'a endurci. Mais il t'a insultée. Avec une rage violente. Et c'est bien toi qui l'a éduqué.
Sans un remords, sans un regret, sans un mot d'excuse après. L'insulte était méritée, tempête dans un verre d'eau. Je n'ai pas su lui apprendre à respecter - au moins - sa mère.
Depuis je le regarde, aller à la fac, manger. Je le regarde parfois, quand il est trop visible. Et je réponds aux questions. Oui, non.  Et j'ai honte, une honte terrible, d'avoir éduqué un enfant qui peut insulter sa mère.
La sœur aîné a rajouté ceci ; "le silence aussi est une violence."
Le soir, à l'abri de la nuit, j'ai pleuré.
Je crois bien que je continue depuis, sans plus aucune larme, avec cette absolue douleur de ne pas comprendre ce qui sera pour toujours incompréhensible pour moi.

20 septembre 2008

Mon mode d'emploi

Tu ne peux pas comprendre, bien sûr ! Pour toi, c'est si simple. Nous irons voir le soleil se lever, demain, sur cette mer étrange qui n'a pas d'odeur. Et c'est tout. Tu as calculé, il faudra partir à 5h30. Et j'adore cette heure où la nuit est encore noire, où le sommeil se fait violence,  cette heure qui nous amènera vers la mer, si belle et encore grise, jusqu'à la lumière à venir. C'est simple, pas vrai ? Mais moi...
Si tu savais comme mes monologues sont bruyants ! Je ne m'aime pas, non, vraiment. Comment croire que tu puisses avoir envie de ma compagnie si peu aimable ? Alors je te bafouille que, bien sûr, ce n'est pas obligé. Que partir si tôt pour faire autant de route tous deux enfermés dans une voiture, que tu peux préférer dormir encore un peu... j'imagine combien cela doit être désagréable ces heures là, à ne partager qu'avec la compagnie que je suis... moi qui ne m'aime décidément pas...
Alors tu penses que je ne veux pas, mais que je n'ose pas l'avouer...Tu penses que c'est comme un caprice, moi qui te paraissais pourtant si heureuse de cette idée, avant. Avant que mes monologues ne m'assourdissent.
J'ai la haine de ces moments où ma stupidité m'entraîne. La haine de ces pensées solitaires qui gâchent le plus simple des moments. Demain, à 5h30, je t'attendrai. Et nous partirons. Je serai comme il faut, souriante, d'agréable companie... croyant désespérément que l'on ne peut m'aimer qu'ainsi.
Et si j'étais moi, pourrais-tu m'aimer ?

20 septembre 2008

Promenade

J'aime le goût si doux de poussière de pierre, qui tapisse les lêvres posées sur les roches brûlantes de soleil. La langue desséchée happe alors l'air et se gorge des limons de la source embourbée. Pubis des mousses bombées... où plonger le doigt et fermer les yeux, écoutant l'eau qui y bruisse en secret. Puis s'enivrer de l'odeur, celle de la feuille craquante, jaune, raidie dans sa fin de vie, que l'on pulvérise en la serrant dans la paume.
Et les bruits, partout, éclairant les silences opaques, les bruissements, les claquements sous les pas des grépins assemblés en tapis. Comme des plaintes aigües frémir aux grincements des pins aux écorces nappées de bulles parfumées.
Partir, et retrouver ce monde étrange aux odeurs acides d'un bitume noir aux accents d'arc-en-ciel.

11 septembre 2008

Lâche

Passible de peine incompressible, je m'accuse et plaide coupable. De cette indicible douleur passée au peigne fin par des agents policés, j'avoue ma totale responsabilité. Responsable et coupable.
Vous voudriez que je plaide ? Non, avocat commis d'office, remballez donc vos pilules dorées sur tranche d'enfance joyeuse ; le coeur aux principes actif gît dans l'adolescence. J'en connais déjà le goût amer. L'enrobage glacé de leurres vifs me donne envie de le suçoter, et ma langue se couvre d'une amertume tapissante. Qu'importe la nausée. J'aurai avalé jusqu'à la lie. Sans ferrir.
C'est ainsi.
Je m'enferre, m'enferme, me ligote aux mots crevés de peines trop lourdes s'envoler en paroles. Mon silence m'empoigne et vous nargue de tant d'absolue lâcheté. Passez votre chemin, ami, la route, ici, est un cul de sac où pourrissent les espoirs.

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5 septembre 2008

Un rien bruyant

Ce n'est pas que je me sois éloignée de toi. Ni que j'ai perdu le chemin qui mène à toi.
Ce n'est pas que je veuille partir, ni même fuir.
Je n'abandonne personne.
Je n'aurais pas semé les petits cailloux blancs qui gonflent mes poches pour retrouver mes pas.
Je n'aurais pas imprimé un plan Mappy, je n'ai pas peur de me perdre.
Je n'aurais pas branché ce Tom-Tom qui aime tant que j'obéisse à sa voix métallique. Même les satellites ont maintenant perdu ma trace.
Je n'aurais pas cliqué sur ton prénom pour entendre ta voix familière. Et je paye mes heures de silence.
Je n'ai rien fait.
Et c'est ce rien qui te fait peur. Tu crois qu''il est plein d'un tout qui veut se taire.
C'est beaucoup plus simple que tout ce que tu as pu imaginé.
Je ne t'abandonne pas, toi !

J'abandonne.

 

4 septembre 2008

Adulte

Quand tu étais petit, je suis sûre que tu arrachais les ailes des abeilles encore vivantes.
Quand tu étais petit, tu t'étonnais alors de ton pouvoir de vie et de mort, de ton pouvoir immense de causer des souffrances inutiles jamais punies.
Te souviens-tu que tu as grandi ?

3 septembre 2008

Pelote

C'était toujours au même moment, quand l'après-midi qui s'avançait vers le soir sonnait au rythme de la badgeuse.
Je passais la tête "coucou", ou le pied "talon-pointe", parfois seulement la main "à deux mains", et m'enfuyais en riant après que tu ais dit, "rentre ! ".
C'était un jeu, pour adultes qui tricotaient à deux une écharpe inutile.
C'était l'heure douce amère de séparer  nos vies, jusqu'au lendemain.
C'était parfois l'heure tranchante, où il fallait enfouir dans sa mémoire le visage de l'autre, qui partait en vacances.
Le coeur battant au rythme de mes pas dévalant les dernières marches, je savais déjà qu'il était trop tard.
J'avais un jour, par mégarde, accroché un fil de moi à une aspérité de son bureau. Et je m'effilochais peu à peu, devenant transparente et frileuse à la vie.
Tu ne dois pas revenir.
Tu le sais bien, toi qui n'es pas Ulysse.
Ni moi une Pénélope qui se détisse sans fin.

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