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Eau vive
21 novembre 2007

Juste un homme

Tu gardes du crabe qui t'a dévoré les pinces en tenailles qui ont broyé ton corps.
Tu gardes du scalpel invasif la conviction d'être réduit, tout près de là où un homme croit qu'il est homme.
Tu gardes dans une boîte cadenassée tes rancoeurs casse-coeur, tes douleurs crève-coeur.
Et moi ?
Courant d'air qui met en désordre tes souffrances ordonnées, tourbillon qui décoiffe ton crâne dénudé, moi... je t'ennuie d'être moi. En négatif de tes désirs d'antan. Ni blonde, ni féminine, aux prunelles sombres, cheveux courts et à la parole tranchante, moi je te troublerais donc ? C'est insupportable, tout simplement.
Tes désirs reniés au détour de ces foutues chimio, de ces cruelles mutilations, tes désirs occultés ont soudain percuté ta solitude. Tu étais persuadé que jamais plus...
Je pense à elle. Merde.
Merde et merde, elle ose me parler comme si....
Comme si quoi grognon garçon ?
Le cancer n'a pas tout grignoté de toi.
Tu es un homme.
Cancéreux pratiquant, effectivement. Et moi non.
Tu veux bien mettre ta croix et ta bannière un peu de côté ? derrière la bassine, c'est une bonne idée. Comme ça tu pourras même être tout proche de moi.
Et on va aller se promener sur la plage tous les deux.
Parce que je suis une femme, garçon. Et toi, un homme.

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2 novembre 2007

Notre banc

notre_bancQuand nous nous retrouvions... dis, tu te souviens ?
J'aimais tellement les odeurs de nos rendez-vous ! Tu crois que c'est ça, l'odeur du bonheur ? La fragrance acidulée, fraîche et vert pomme, des mélèzes après la pluie d'été ! et parfois cette bouffée un peu humide d'une mousse spongieuse. En automne tout craquait sous nos pas ! impossible de nous faire peur en surgissant en silence, à pas de loup, au détour de ce petit bois des villes.
Dis, tu te souviens ? De notre banc ? 

la suite

8 octobre 2007

XX mon amour

XX

- Attends, ma chérie, je t'ouvre la porte. Je viens juste de me faire un lissage des poils, alors tu enlèves tout ton attirail avant de m'embrasser, d'accord ?
- C'est pour moi que tu t'es fait si beau ? Il y a une occasion spéciale ou c'est juste parce que tu veux fêter mon retour ? Je me sens d'humeur très câline. Très très câline !
- Hé hé, j'ai une surprise pour toi !

(...) la suite (...)

 

22 septembre 2007

Obsession postérieure

On est bien dans la saison des feuilles mortes, celle peu propices aux ardeurs printanières... et pourtant.. je vis dans une  obsession toute entière tournée -gare au torticolis- vers mon postérieur.  Et je ne suis pas la seule.
Je remarque leurs regards quand j'avance, les hanches chaloupées, posant un pied, puis l'autre. Ils regardent, impassibles, sans aucune pudeur ! Comme si je me résumais tout entière à ces deux parties charnues. Croupe, croupion, cul, derrière, fessier, postérieur, séant, siège... je suis devenue l'obsédée moi aussi de mon auguste cul.
Certains osent même les expressions douteuses. "Bouge-toi les fesses, magne-toi le popotin", ou me parent de charmants surnoms"culbuto" et autre ânerie. Avec les copines la question première est directe "et au lit, c'est comment ? ". Le pire est qu'on en rit.
Pour éviter l'usure prématurée de l'objet de tous mes soins je ne m'assieds plus que sur une bouée encerclant délicatement mes reins et mes cuisses, et laissant à l'Auguste le soin de flotter. Une charmante attention, ils ont choisi une bouée rose, celle de Dora l'exploratrice, trouvant que Barbie ne me convenait pas. Quelle délicatesse...

Bon, douze jours sont passés. Il paraît que je vais encore connaître l'obsession pendant une bonne semaine, le temps que la fracture du sacrum se consolide. M'en moque je remonterai sur mes rollers. Mais je crois que j'éviterai de jouer au ballon prisonnier avec....Je préfère les obsessions sexuelles en fin de compte...

21 septembre 2007

Sang bleu ou chair brûlante

Sang bleu

Ne lâche pas ma main, on est presque arrivés. Tiens bon, ce n'est rien. Continue, il faut continuer, encore un peu. Je suis là. Souviens-toi, on l'a juré. On avait quel âge ? Six ans ?
Réponds moi, il faut que tu parles. 
Oui, on avait six ans, pas vrai ?
Serre ma main, allez, serre, je te dis. Prends ma force. On se l'ai juré, jamais l'un sans l'autre ! A l'âge où ils croient qu'on n'est que des enfants, nous deux, on savait déjà tout de la vie, pas vrai ?
Serre, serre moi la main. Non, je n'ai pas mal.

(...)

Ensemble

 Chair brûlante

- Quand je les vois nous regarder... je bande comme un fou...
- Pfff ! et moi ! il fait tellement chaud que c'est en train de couler, là, entre mes cuisses, comme si tu déposais un filet de salive. C'est humide, ça glisse doucement... j'en peux plus !
- Bon, on continue à leur faire peur ou on rentre pour mélanger nos couleurs ? Ton carminé et mon charbon ardent... hummm...
- Merde ! j'entends une sirène, tu crois que c'est les flics ou une ambulance ? Vite, donne moi la main, je connais bien le coin, on va s'planquer là-bas...

(...)


La suite de ces deux textes sur notre "blog polyplumes", ici

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16 septembre 2007

Bizet mortel

semaine_2
- Non, je vous en prie, gardez votre béret noir. Je le trouve troublant, très approprié au lieu, à cette foule tout autour de nous.

- Il y a du monde ce soir ! Votre tatouage, là, près de votre épaule, vous permettez que je le regarde de plus près ? On dirait une sorte de lance...

- Oui, c'est une banderille. Aimez-vous les corridas ?

                                       (...)

Pour lire la suite, c'est ici

11 septembre 2007

Vol en ligne

Elle avait pris une voix de gamine ;
- tu viens dans mon camp ?
Cela avait remué quelque chose en moi, parfum carambar et tête à la réglisse. Goût choco BN aussi. Et j'avais dit oui. Oui oui, je veux jouer ! Il a quand même fallu m'en rappeler les règles, en 40 ans j'avais tout oublié ! Voyons...au ballon prisonnier, on fait quoi déjà ?
Mais oui ! il faut toucher ceux de l'autre camp avec le ballon ! et s'il le laisse s'échapper, il est prisonnier ! Et alors il va en prison, derrière, puis il essaye de toucher à son tour pour se libérer, et tout et tout et tout ! J'adore ! Même sans la cour de récréation, les couettes, la blouse à carreaux roses, j'adore !
Et depuis je marche en boitant. Et je m'assoie sur un coussin moelleux, monte les marches à petits pas précautionneux et grimace sur mon vélo.
Pourtant j'ai adoré jouer au ballon prisonnier, vraiment adoré. Je me suis laissé prendre au jeu, aux éclats de rire.
Sauf que, quand on lance le ballon, il ne faut pas oublier qu'on est alors sur des roller.... et non plus en mocassins et socquettes. Mon coccyx s'en souvient.  Même massé à l'arnica.
On a gagné ! on a gagné !

7 septembre 2007

Bonsoir, vous désirez ?

Seule une lumière jaune filtrait à travers les persiennes. Et je lisais, allongée dans le canapé. Quelqu'un venait de frapper à la porte. J'avais sursauté. Ce n'était pas une heure commune pour une visite imprévue. Il était juste suffisamment tard pour que la nuit se sente libre de noircir le silence. Je crois même qu'il était trop tard, mais je n'ai plus vraiment de certitude, et je n'avais pas pensé à regarder l'horloge.
J'ai quand même entr'ouvert la porte, après tout la lumière signait ma présence.
Il était beau, diablement séduisant. Avec un sourire... le même que certains psychopathes doivent avoir pour réussir avec autant de brio à convaincre leurs proies de les suivre. Le problème c'est que je n'ai pensé à tout ça qu'après. Sur l'instant j'avais été naïvement séduite par l'inconnu qui avait frappé à ma porte. Un jean, un polo pâle, et un sourire à faire tomber les bobinettes de sécurité les plus perfectionnées. Pourtant je n'étais pas en rouge, ni chaperonnée. Mais la bobinette chût quand même.
Quand je fis taire la jeune princesse qui attendait son prince charmant sur son beau cheval blanc, je finis pas articuler un
- Bonsoir, vous désirez ?
Une petite voix répondit dans ma tête,
- Tu fais quoi s'il te dit, je vous désire, vous hein ? tu fais quoi de ta stupide question ? 
Mais il ne répondit pas "vous"...
- Veuillez m'excuser de vous déranger à l'improviste, je suis très las. Acceptez-vous de me donner un verre d'eau ? Vous êtes ma dernière visite, la nuit ne fait que commencer, et je n'avais pas envie de vous prendre par surprise. (...)
Là, j'avoue avoir eu un battement de cœur. Me prendre par surprise ? Il m'avait entendue penser ou quoi ?
- Oui, je vous ai bien entendue.... mais je n'ai pas de cheval blanc à garer sur le trottoir en réalité.... Je me présente, la Mort. Oui, la Faucheuse. Celle là même. Mais j'ai évolué au niveau de mon look, vous savez !
Et il entra.
J'étais devenue toute molle et pas du tout glacée d'effroi. Pourtant il y aurait eu de quoi. La Mort ? Mais j'étais en parfaite santé, moi ! Même mes sacro-saintes cigarettes n'avaient pas encore eu le temps d'attaquer mes poumons depuis...
- Depuis vos 13 ans. Cela fait un sacré bout de temps, pas vrai ? Les fumeurs ne meurent pas tous d'un cancer, vous savez ! Vous ce sera le cœur. Normalement dans... voyons... deux heures. Ca nous laisse un bout de temps à papoter !
Papoter avec la Mort. Et pourquoi pas faire...
- Avec plaisir, je vous trouve très séduisante et j'ai eu une journée très pénible aujourd'hui. Des vieux accrochés à leurs couches puantes après avoir emmerdé leur monde tout au long de leur vie, un salopard qui battait femme et enfants et qui a crié "maman" quand je suis venu m'assoir à côté de lui en voiture. Bref, une journée pénible. Aucun pour me remercier de ma visite. Sauf la belle-fille d'un vieillard, mais elle n'a pas osé le dire tout haut, et elle a même fait semblant de pleurer après !
J'avais été lui chercher un verre d'eau dans la cuisine. Il m'avait rejoint de son pas souple, avec un mouvement de bassin à damner une sainte...ce que je n'étais pas ! La Mort, j'étais en train de fantasmer sur les hanches de ma Mort à moi !
Il sourit. Évidemment ! J'avais oublié qu'il lisait dans mes pensées...
Deux heures.. Bon, de toute façon je n'avais plus le temps d'écrire un testament.
- J'aime beaucoup ce que vous avez écrit sur le mur de votre chambre. Ces vers de Baudelaire... une merveille.. "Nous aurons des lits profonds comme des tombeaux...."
- Vous connaissez ma chambre ?
- Oui, j'étais passé par là un soir, mais il n'y avait personne, j'ai voulu visiter. J'aime bien savoir où vivent ceux que dois faire passer de vie à trépas. Surtout quand il s'agit d'une femme aussi séduisante que vous.
Deux heures....
La Mort me prit par la main et je crois bien que j'étais déjà nue à ce moment là. Après tout pourquoi n'aurait-il eu qu'un seul pouvoir ?
Deux heures ? Non, cela avait duré, avait implosé, avait fulguré. Et m'avait anéantie.
Je me suis réveillée ce matin, les cheveux froissés, la peau salée. J'ai souri en pensant à ce rêve sublimement érotique qui m'avait fait jouir dans mon sommeil et venait de me réveiller.
En allant dans la cuisine chercher un café, j'ai trouvé ce petit mot.
- Il est des moments de grâce qu'il faut savoir préserver hors du temps. Je reviendrai. Et je frapperai à votre porte, mais vous n'aurez pas peur, n'est-ce pas ?


Inspiré d'une nouvelle de Navajo M., avec son accord.
Règlements de contes, édité par «  Les éditions universelles »

2 septembre 2007

Chimote du soir

Il y avait les feux follets échappés des braises au parfum de couenne rôtie, et, tout à côté, la couverture rebrodée de pivoines rouges.
Il y avait cette vapeur salée des chairs qui se frôlaient et dansaient au rythmes balancés de l'Afrique et du Brésil. Et les pieds engourdis de taper le sol.
Il y avait cette confiture de lait, cette Chimote, sublime dulce de leche, dans laquelle mon doigt plongeait avec délice.
Il y avait ces femmes au ventre gonflé de désirs inassouvis, dont le regard s'arc-boutait aux yeux des hommes.
Et celui d'un homme qui se cachait derrière un calashnikkon et fabriquait des pixels de regards de braise.

Il y eut la cuillère à pot, pour gourmandise à satisfaire toutes affaires cessantes. Et le pot de dulce de leche tapissa ma langue et mon palais de sa sublime douceur caramélisée. Et l'homme regardait.
Il y eut la bougie aux phéromones, celle qui éloigne les moustiques, sauf les mâles.
Et il y eut un petit livre ancien, le petit-livre-train que je garde précieusement depuis 50 ans, depuis mes 50 ans, parce que c'est écrit dessus : "les histoires d'amour c'est comme les voyages en train". Alors j'ai appuyé sur le nez de la locomotive, j'ai bien entendu son "pouêêêt".
Je reconnaîtrai son bruit, j'en suis certaine.
Il n'y eut pas de locomotive, ni de TGV, mais cela tangait comme sur l'Océan. Peut être que les sirènes des cornes de brûme font ce bruit, pour les instants d'égarement ?
Mais j'en ai déduit que ce n'était sans doute pas une histoire d'amour comme celle du petit train. Mais une jolie petite histoire comme une bouteille à la mer. Une qui se termine en surprise-party dont on revient indemne, une qui se consume sans cendres à glisser dans des linceuls couleur d'amours défuntes. C'est certain. 
Alors j'ai été voir ma girafe qui se désarticule ; elle se tenait plus droite que jamais, c'est un signe, ça. Je l'ai embrassée sur le bout du nez et j'ai chaussé mes lunettes à double-foyer pour vérifier la date de péremption des objets soigneusement emballés. Tout était ok.
J'ai allumé mes lampions ultra-violets, pour mon bain de minuit au clair de lune. Et j'ai souri.

24 août 2007

Baisers gratuits

Je les ai gagnés ! Avec la jolie joie d'en avoir goûté la douceur. C'est un bête mot, "joie", mais je le trouve pétillant et charmant, simple comme un pissenlit et fragile comme les branches d'un Coeur de Marie. Les baisers, ce sont de tendres poinçons de joie. J'en ai presque volés certains, il leur suffisait de presque rien pour se libérer de leur prison polie... d'un presque rien si fugace que parfois on entend juste l'air qui s'est déplacé en un rien de temps, entre deux barreaux ramollis de tendresse.
Tenez, j'en ai gagné un ...
.... qui a voyagé du grand Nord, là où les innuit se sentent étrangers et les belges chez eux. C'était un baiser frais comme un chicon, et plein de douceur en même temps. J'ai fermé les yeux, et l'ai effeuillé, pour en entendre le craquant.
...  je l'ai presque volé celui là ! C'est quand mon prof de roller m'a dit de m'appliquer pour ce foutu freinage en T. Et que j'ai eu un flot de larmes qui ont jailli de mes deux yeux, les pervers impudiques. C'est drôle, mais il m'a pris de suite très fort dans ses bras, m'a collé deux baisers tout piquants de sa barbe de trois jours, et m'a dit, "chuttt, ce n'est pas grave, chutttt" pendant que je hoquetais que je voulais juste me vider la tête en roller et pas faire cet odieux freinage en T qui m'entraînait dans un grand écart déséquilibré.
.... et celui parfum de citrouille !  c'est un peu fade comme légume, mais je l'ai imaginé rehaussé de muscade et bien poivré. Et, en fermant les yeux, je me suis dit que les femmes mûres avaient de la chance d'avoir un cucurbitacé qui se penchait grâcieusement pour leur déposer une tranche de bisou orange sur le bout du nez.
... après il y a eu ceux tout trempés des larmes de mon ado qui pleurait en bégayant la fin des "vacances les plus géniales qu'elles avaient passé de toute sa vie et c"est tellement loin Auxerre et on va y retourner en Croatie et que je t'aime maman et mes copains copines aussi"....Maintenant j'ai tout compris. Elle est amoureuse.
... j'ai beaucoup rêvé au bisou chocolaté accompagné d'un verre de vin blanc frais. Parce que j'ai compris que cela faisait très très longtemps que je n'avais pas mélangé le Jurançon et le cacao. Alors je vais dessiner un coeur au chocolat dans la pâte ce soir et ma maison sentira le baiser parfumé et gourmand.

Merci, je vous embrasse moi aussi

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