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Eau vive

18 septembre 2009

Toi, mon autre

Parfois, dans ces instants de grâce où les fissures laissent la lumière s'infiltrer, parfois, éclairée d'un vrai amour pour moi, je me regarde et me console. Prenant au creux de mes mots les plus doux celle qui se pense mal et lui dit alors combien elle est autre.
Elle me regarde et je crois bien qu'elle a confiance en mes mots. Elle pleure doucement, puis sourit. Et chante en riant. Puis la fissure doucement s'opacifie, les bords tranchés se ressoudent inexorablement, et je ne la vois plus.
Elle se revêt de cet étrange habit de peurs muettes qu'elle a tissé.
Je la regarde, impuissante, même pas en colère, même pas. Juste habituée à ses absences.
Et elle poursuit sa route. Mendie aux quatre coins de ses rencontres ces mêmes mots qu'elle me refuse, à moi, sa sœur, sa jumelle, son elle-même.
Elle voudrait un inconnu, un ailleurs où je ne peux l'amener. Elle ne veut que l'absolu d'un amour au parfum si familier qu'il la rassurerait.
Toi, mon autre, écoute moi.
Nul ne pourra t'aimer tant que toi, ne voudras pas de mon amour pour toi.

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18 septembre 2009

Ogresse

Il est fier de refuser les frites "maison" [ résolument trop grasses, trop fines elles ont perdu leur moelleuse texture de pomme de terre pour ne conserver qu'une peau croustillante aux traces parfois huileuses. Et un peu écœurante. Tu as eu tort de me les recommander, j'ai un palais de princesse malgré mon appétit d'ogre.  ]
Monsieur ne prendra qu'une grillade. Et de la purée.
Et mon rire en écho silencieux.
Tant pis, pour moi ce sera foie gras, joues de porc exquisément fondantes, dessert et café gourmand. Je n'ai plus honte de manger parce que d'autres vivent un régime perpétuel. Et ce délicieux vin rouge, au goût de pierre calcaire chauffée de soleil... il était ma foi très bon.
Monsieur est au régime. Depuis que je le connais, au moins dix fois m'a dit avoir perdu du poids. Moi... je ne le vois que grossir. Remplir ses joues et bomber son ventre.
Cela me peinait de manger devant lui. Avant.
Maintenant que j'ai enfin compris que sa vie était un perpétuel mensonge entre son corps et lui, qu'importe ! 
Il soupire d'envie de me voir finir mon foie gras sans sourciller, de dévorer ces délicates joues de porc,  de crever le dôme du fondant et me pourlécher ...
Il oublie que je ne mange de viande qu'au restaurant. Et que j'ignore les petits-déjeuner.  Il ne peut le croire et vit comme une profonde injustice ma minceur gourmande.
Et mon corps que je lui refuse.
Monsieur, tu as oublié que cette lettre d'amour que je t'avais écrite date  d'une année antérieure à celle à la quelle nous vivons. C'est du passé, cela a été trop imparfait. Comment peux-tu encore espérer ?
Ma gourmandise est mon plaisir, cesse donc de fantasmer sur ma bouche.
Je n'aurai plus d'orgasme avec toi que chocolaté.

17 septembre 2009

)

La lune
- virgule -
pupille de chat
silencieux

Au coin du ciel
- silence -
la lune
- soupir -


16 septembre 2009

Horreurscope

Il est du signe chinois chien.
Il sait accueillir ceux qu'il aime en remuant la queue.
Et mord quand il est inquiet.

Elle est du signe chinois coq.
Les ergots plantés dans le fumier elle chante afin que nul n'oublie qu'elle existe.
Et passe à la casserole avec un bon vin rouge.

16 septembre 2009

Accords

L'apnée murmure à mon souvenir d'étranges silences aux échos glauques.
Eau croupie, flaque sombre et tiède.
Les silences striés de rouge griffent les espoirs.
Comment savoir ?
Laisser la mémoire des mots rêver ?
La mémoire des peaux se dépolir ?
Comment revivre ce qui se pare d'effluves putrides ?
Nul souffle chaud au creux de mon cou.
Et une cascade froide et noire ricoche sur mes vertèbres, accords d'une harpe d'antan.

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15 septembre 2009

Ailleurs

Le mot a fait le tour de ma Bouche, ricoché dans ma Nuque, tamponné mon Cerveau, réactivé mes Neurones anémiques... Partir, n'importe où. Pour le simple but de partir avec une valise. Ou deux.

Neurones ; dites, Elle, on n'est pas anémiés, nous ! Même que ça marche fort au boulot, je vous signale. Chef à vous l'a dit.
Globules rouges ; confirmé, pas d'anémie, on est opérationnels à 100%.
Elle ; c'est une autre anémie dont je parle. En quelques sorte une auto-anémie. Je suis asphyxiée de vivre confinée en moi. Il nous faut partir. Même de nous.
Cerveau ; ça devient compliqué... je ne sais pas comment je vais expliquer ça aux organes, moi !
Ego ; ben, on n'a pas besoin d'explication, on la suit.
Cerveau ; ah, le toutou à sa mémère a repris des forces à ce que j'entends...
Elle ; Cerveau, je te prie de ne plus employer ce terme.
Ego ; merci, oh je suis tellement content quand vous prenez ma défense (...)
Elle ; je parle du mot "mémère".
Pieds : on partira en voiture, hein ? Pas avec un sac à dos sur la route ? On s'inquiète, là !
Dos : pas question que je devienne le porteur de votre vie, je vous le dis tout de suite. Le nombre de fois où j'ai été tout contracturé parce que vous en aviez "plein le dos", comme ils disent.
Elle ; pas de panique, les organes, le départ est prévu pour dans 2 ans. En avion, en voiture, pas à pied. Partir, partir...
Cerveau ; pffff, ça va être du boulot en perspective, ça. Gérer tout ce fatras qu'il y a partout.
Neurones ; on va faire des heures sup, chef, vous pouvez compter sur nous.
Cerveau ; je ne parle pas de connexions, je pensais juste qu'il va falloir penser à des tas de démarches. Elle va me confier plein de listes de trucs à faire et à ne pas oublier.
Mémoire ; vous pouvez lui demander de manger un peu plus équilibré, histoire qu'on prenne des forces ?
Estomac ; oh oui, alors, il faut commencer par ça. Moi, je veux bien moins de café, plus de sucres lents...
Poumons ; et si Elle arrêtait de fumer, ce n'est pas une bonne idée, ça ? On aurait plein d'oxygène en plus !
Elle ; bon, on va se mettre d'accord avant que vous ne tiriez des plans sur la comète. Mon but ce n'est pas de vivre longtemps, mais tout simplement comme j'en ai envie. Et puis vous savez bien que je suis un peu chiendent, un  peu cornichon trempé dans l'acide. Ça conserve, même si le milieu ambiant est bizarre. Vous êtes partants pour me suivre ?

14 septembre 2009

Crevure

Crever ma bulle de maux épais, percer l'abcès, soulager la plaie suppurante d'un geste chirurgical. Crever la ronde des mots polis. Crever, en bosses en plaies, dévers et revers sans queue ni tête. Crever de silences, crever des mots avalés de travers. Crever sans savoir pourquoi, pour qui. Crever pour moi. Qui se traîne à ma paix. Boulet chauffé à blanc.
Crever.
J'aime ce mot.
Crever.
Cadavre au ventre gonflé de miasmes. Crever le ballon si léger et l'entendre mourir. Crever d'un pieu aux lichens argentés planté au creux d'un sein. Et la peau en squames légers, et le sang qui goutte, et le cœur qui se débat.

14 septembre 2009

Mosaïque

Dis-moi, c'est vraiment ça, que je suis ? Oui, certainement. Tu dois être dans le vrai de moi.
Vomissant mes manques, éructant ma rage, fracassant les silences ; tentatives illusoires de créer de toute pièce une jolie comédie à vivre en faux-semblants de rêves. Exigeant l'absolu, balayant d'un mot cinglant ces paroles qui ne blessent que moi.
Rideau, ma belle.
Écrire sur l'écran et y effilocher ce voile opaque que je pose sur l'autre. Celle à la mosaïque.
Arrêter. Tout.
Tout ce qui touche à moi ne doit être que pour moi. Ne garder que les peaux, la salive et autres humeurs salées. Ne garder que le fugace de mains qui polissent ce qui a déjà été tant poli.

 

Il m'avait terrifiée. Toute la nuit l'écouter dire sa folie. Ces heures noires où mes prunelles s'étaient écarquillées dans la peur qu'il ne nous tue tous. L'écouter dire ce que je n'aurais jamais pu imaginer. Comment il me voyait dans le prisme de sa folie. Parée de tant d'horreurs.
Puis il avait sombré dans un sommeil rouge.

 

Dans le miroir j'avais croisé le regard de celle qui était moi, cassée de mille morceaux. La confiance en mosaïque, et le dégoût en filigrane. Est-ce ainsi que j'avais été aimée ?
Le tableau a été réparé. Le ciment a rassemblé les morceaux éparpillés.
Je suis devenue une jolie mosaïque.
Cachant cette image déformée de peurs qui ne sont destinées à personne.
Oui, je pourrais me faire aider. Consulter, parler, tenter de réparer. Trouver celui qui me manipulera le dos, les mots, les souvenirs et les blessures cicatrisées à tort et à travers.
Il est trop difficile de m'aimer.
Ciment  de mauvaise qualité, qui s'effrite et laisse des arêtes tranchantes.

13 septembre 2009

Game over

Tu connais quelques mots tranchants ! Bien sanguinolents pour appétits féroces. Quelle idée ai-je eu de me rêver toute entière apaisée au creux de tes bras de géant !  Je pensais que tes mots seraient aussi  larges et reposants que tes épaules.
"Game over la prochaine fois". Sais-tu que j'entends ces mots là comme une menace ?  Pour une parole qui te fâche ?  Game over ? Je n'aime vraiment pas ces mots là !
Tu es trop grand pour moi, je crois avoir perdu l'équilibre  sans la lumière  des mots simples, qui m'aident à croire, à croître. Pointure 46. Mon 36 ne tient pas la route pour marcher à tes côtés.
Je n'aime pas les mots saignants dévoilant des dents acérées.
Il n'y aura pas de demain. J'ai retrouvé le décodeur de mon intuition.
Moi, je veux bien que l'on aime pas une réaction que j'ai.
Tu m'aurais simplement dit que tu aimais mes cheveux... et non pas m'asséner que je ne devais pas les couper courts, je ne t'aurais pas répondu que j'en ferai ce que je voudrai. Court ou long est mon choix.
Bien sûr, je suis parfois bien trop vive. Et les vives piquent cruellement. Mais m'apporter en réponse à ma  brève colère une menace cinglante d'un Game over en suspends.... cela, vois-tu, est disproportionné.
Je pensais que tu n'aimais pas parler de nous, que ton silence était pudeur de vielle bête blessée... je pense maintenant m'être leurrée... tu n'éprouves rien, tout simplement  ! Rien d'autre que  le désir,  le plaisir des doux moments que tout un chacun connait au gré des rencontres.
On laisse parler les mains, m'écrivais-tu...
Je comprends mieux. J'ai même appris.
Au bout du doigt, le bouton Game over ...

12 septembre 2009

Les deux mains

(...) on est de vieilles bêtes blessées dans des batailles, on ne prononce pas trop de mots,  on laisse parler ses mains (...)
Oh, si tu savais la colère glaciale qui m'a figée... Vivaldi... Les premières notes de violon dans la saison d'hiver. 
La glace en épines acérées qui craquent au moindre souffle.

Je ne suis pas (...) on (...).
Et tu n'es pas (...) on (...). Quand tu m'écris, écris donc je.

Je ne suis pas une femme qui n'a pour compagnon que des mains sur sa peau.
Quand tes paumes auront fini d'en connaître toutes les courbes. De la première cervicale à la pointe du coccyx, tu auras tracé la route où la femme que je suis n'est plus. Je serai devenue femme de passage, maîtresse, amante. Et tu n'auras de moi que ce que tes paumes en découvriront.

Je ne suis pas encore enfuie, mais j'ai préparé le sac où glisser mon kit de survie.
"A ce soir"... mais je ne sais pas si je pourrai encore te dire "à deux mains".

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