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Eau vive

24 février 2010

Amants cacahuètes

Parfois, il se croit Hercule portant ma vie en équilibre. Parfois, il oublie que si je l'aime depuis tant d'années, c'est que c'est un choix que j'ai fait.
Mais il le sait pourtant...

J'ai grignoté tant d'heures aussi fugaces et éphémères que des cacahuètes. Avec les hommes de passage. Plaisirs camouflés en petites graines craquantes et écœurantes jusqu'à la nausée. Toujours ce même goût, ce même relent.
J'ai choisi le régime sec et me satisfais d'un leurre.
Il est mon amour allégé, celui qui camoufle sous une apparence 100 % light plein d'additifs toxiques.
Lui, mon homme, dont je me nourris - anorexique à l'appétit frugal - de quelques regards, de quelques instants même pas volés.
Je m'en balance. Je ne vois plus ses fesses fermes qui enroulent en souplesse la route devant moi.
Nos vies toujours en parallèles, mais l'espace où les droites se rejoignent.

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13 février 2010

Platane

Quand le virtuel se dissout, c'est Msn, désabusé, qui a fini ses jours pendus à quelques octets. Il a tracé ses derniers mots, en pixels poignants.
La messagerie oublie qu'elle n'est qu'une bête boîte à lettre, elle qui ose se prendre pour le clocher d'une église que les fidèles désertent.
Quand tout cela prit fin.

Je vis toujours. Sans plus jamais susciter de désir par mots à décrypter, en essence vide tout sens. Feu de joie, pour fêter l'enterrement d'une fille de joie.

Tant pis, tant mieux.
Je ne sais plus, juste savoir ce que je ne veux plus.
Peut-être tes hanches qui s'en balançaient, ou ton regard qui se mouillait.
Tout est vide, hormis l'infini à venir.

Et la coque craque telle l'écorce du platane.

11 février 2010

Usine à gaz

Au niveau de l'accueil j'avais tenté le plus que parfait. Cohabiter bureau contre bureau, même paysagé, demande un peu de partage.
Elle, ancienne prof ayant démissionné de son ministère. Elle, dix ans de moins, sans compagnon, ni enfant [ c'est trop de "taf" ]. Moi, mère de famille nombreuse... Chacun sa vie, cela m'indiffère.
Mug à disposition, café à volonté, croissants, débriefing sur les us et coutumes de la boîte.
Et je continue ma petite vie un peu speed dans mon boulot. Speed et totalement autonome. Chef a quand même demandé que je sois là pour l'aider dans mon domaine de compétence. Sans souci, j'y ai été nommée "référente", c'est normal.
Les journées passent. J'ai un peu de mal avec ses petits rots continus. Même beaucoup de mal. Mais un de mes enfants m'a expliqué que dans certaines sociétés cela était normal. J'ai donc fermé les oreilles. Mais c'est dur, je vous assure que c'est dur....
Ensuite je l'écoute parler d'Ikéa. Et d'y aller en bus. 25km, dont 10 de rocades, cela menait la visite à 4 heures de transports en communs divers et variés. Sans compter l'impossibilité d'achat. J'avance la possibilité de prendre une demi-journée de congé pour l'emmener.
Trois jours avant...
- Ben... j'ai pas fini de ranger mon appart.... [depuis 3 mois ]... je préfère la semaine prochaine.
Il ne faut pas rêver, j'avais posé l'après midi, j'en ai profité pour moi. Et n'ai pas refait de proposition.
Un mois passe.
Clash sévère au boulot. Succession de reproches tellement étonnants que je n'en crois pas mes oreilles. J'ai stoppé illico le déballage à deux, avec mise au point avec notre chef, concerné au plus haut point. Elle faisait une vraie scène de jalousie, qui m'a laissée pantoise. Oui, je travaille avec lui depuis longtemps, nous nous entendons bien professionnellement, fumons nos clopes ensemble, mangeons ensemble [ elle a été conviée à ce joindre à nous et à notre bande-cantine dès le premier jour ]. Mais c'est mon chef, lui et moi le savons. Et nous n'avons jamais eu de souci hiérarchique ! Il n'y en a, paraît-il, que pour moi. Elle se sent délaissée, mise à l'écart. Dieu-du-ciel-Jésus-Marie-Joseph, mais quelle idée de tout regarder comme ça ! Nous n'occupons pas du tout le même poste ! Sur quel bureau est posée la pile de magasines ? Mais flûte, sur le mien, parce que je les survole ! Et les lui passe en suivant parce qu'elle les lit. Tout simplement.
Depuis ?
Elle part en congé mais oublie de me le dire... "à dans 15 jours", ce n'est pas la mer à boire.
J'ai appris la grande différence entre les femmes célibataires de 40 ans et les autres. L'égoïsme. Ne jamais avoir eu besoin de partager son temps avec l'autre. Être toujours dans la seule situation qui a été vécue, celle du recevoir.
Je me tais au maximum. Pars boire le café avec de vrais collègues-amis sans plus me sentir obligée d'attendre. Ai demandé un bureau seule, dans la catégorie "je suis une asociale". Demande agréée, mais mise au point mort par chef. Qui ne supporte pas l'idée que je sois à plus de dix mètres de son bureau. Porte parfois des écouteurs et un air d'opéra entre les oreilles. Ce qui ne filtre pas les rots, d'ailleurs. Heureusement que les pets ne font pas écho.... .
Chef s'énerve de mon attitude devenue distante.
Je ne plaisante plus avec lui au travers des portes ouvertes de nos bureaux. C'est le chef, je me lève pour lui parler. Et je la vois qui tend l'oreille.
Elle demande "tu sais qui va remplacer la direction" ? Oui, je sais, mais je ne partage plus spontanément toutes mes infos transversales.  Je réponds quand même à ses questions, la curiosité lui dévorant les lèvres.
Donner et ne rien recevoir... Je crois avoir atteint l'âge du non retour. Je ne veux plus être emmerdée par les emmerdeurs. Et elle en fait partie.
Un bureau seule, c'est ce que je répète.
Un jour ça va clasher. Mais pour de vrai.
Et je risque de partir en claquant la porte. Chef, tu vas regretter de ne pas me laisser bosser tranquillement toute seule. Tu vas vraiment regretter.

8 février 2010

Le millénaire débutait

Dix ans pour...
oublier la pétillance et éventer les bulles fragiles
faire le tour de trop de détours de mes contours
désavouer - et me l'avouer - les espoirs

savourer le regard qui ne s'attache plus aux miroirs

Dix ans d'amants, d'amours, de sexes. Et même de rêves.

Dix ans... puis enfin...

aimer le tanin du vin rouge en oubliant le sel des hommes.

Dix ans...
les projets se font, les ami(e)s, les potes, les copines sont là.
Sortir le calepin où griffonner les dates sans laisser de bulle vierge au possible.

Dix ans...
Tu as eu dix ans pour toquer à ma peau et ouvrir mon dedans pour t'y faire un cocon.
Dix ans où je t'ai ouvert ma porte et mon corps à cœur perdu.

Dix ans.
Et ne plus avoir envie de croiser ta route.

2 février 2010

Grandir

Je sais maintenant ;
formater,
partitionner,
débugguer,
télécharger les drivers manquants,
pirater gratuitement les versions chères à Bill,
lire des formats inconnus grâce  des logiciels abscons,
conserver précieusement les mots de passe  décrackés.

Et faire des crackers au parmesan.

Chaque jour, apprendre à faire.

Et ne plus pleurer de rage et d'impuissance de devoir demander, puis redemander, gentiment, attendre, patiemment, jouer à la naïve éperdue de reconnaissance. Merci.

Accepter avec un plaisir tout empli d'amitié un petit coup de scie sauteuse sur une plaque.
Après avoir soigneusement planquée la mienne.

L'instruction est ma voie de liberté.
Seule, et avec les autres, le don du partage gratuit.
D'un cracker au parmesan.

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29 janvier 2010

Argile

Terre rouge, talc blanc
- mille-feuilles de sédiments -
Le temps m'engorge d'eau
- me noie -

Et me craquelle  dilate  façonne  sculpte moule cuit casse recolle broie, grave d'une pointe aiguë.
Je suis de glaise
-  moule du corps brûlant d'un amour trop étreint -
Mille-feuilles de sentiments gorgés d'heures humides.
Mon sexe, mes yeux.
Je suis de glaise.

26 janvier 2010

Exquise

Je suis exquise.
Qu'on se le dise, se le sussure et me le murmure. Tatouez-moi dans les chairs ce mot subtil qui me colle à la peau.
Exquise.

Exquise quand... je murmure "Niqué, ton petit", au tarot. Avec un sourire carnassier.

Exquise quand...  je baisse les yeux pudiquement en réponse à cette dame au sourire siliconé qualifiant d'un ton un peu méprisant mon humeur à tout trop prendre à cœur :
"Oui, que je nettoie les wc, ou fasse des calculs statistiques avec mon tableur, que je cuisine ou récure mon nez, je le fais toujours comme si ma vie en dépendait. Connasse. "

Exquise quand... on ne répond pas à mon mail professionnel. Le rappel est en copie au chef de service. Et cela marche toujours aussi bien. Bandes de flemmards qui s'écrasent devant leur hiérarchie.

Exquise quand... un ex-amant se moque publiquement et tellement gentiment de moi. Quand, offusquée, je tourne les talons et entend "ne pars pas, que vais-je faire sans toi ? ", je réponds de ma voix la plus sensuelle, de mon sourire le plus humide ; "Une branlette".

Je suis exquise.
Et j'emmerde les faux culs, les vrais cons, les imbéciles même pas heureux.

20 janvier 2010

La réflexion qui précède la non-action

Je dissimule mon sourire.
Je le sens qui entame le ralentissement de son pas, deux mètres avant. Je suis donc toujours la première à pousser la porte de secours vers le palier qui nous permettra de fumer. Pousser la porte, me baisser presque jusqu'au sol, saisir puis glisser la plaque de métal dans l'entrebâillement, afin de pas rester prisonniers au dehors.
Toujours, après un instant de réflexion qui s'est maintenant mû en instinct, me laisser aller au devant.
Le retour vers le bureau est son domaine de prédilection. Un coup de pied, et la plaque repart se glisser sur le côté.
Chef à moi a un oursin dans la poche.
Et un autre dans les reins.

16 janvier 2010

Cadeau de nouvel an

Elle m'a appelée, sans me brusquer, délicatement précédée du code habituel envoyé par Sms "Tu dors ? " Elle avait un cadeau pour moi au bout de la voix ! Avait trouvé dans son " Reservoir Dogs" l'homme qu'il me fallait.
Une vrai chasseresse, pour moi qui ai l'âme plan-plan qui s'attache davantage aux queues des casseroles.
Il l'avait contactée, elle avait répondu.
Quand je suis allée dans le chenil pour voir sa fiche... c'est simple, j'aurais répondu sèchement-poliment que sa requête n'allait pas dans le sens de ma quête. Mais elle, elle est terrible, pas du style à se laisser rebuter par une photo cul-cul nu. Pas du tout.
Elle sait bien que l'âme se cache derrière tout ça.
Mais moi, je suis intransigeante-abrupte-intolérante, et leurs fessiers musclés piqués dans le catalogue Redoutable [ pour la page, je ne sais pas, je lis Lagaffe aux toilettes ], et bien je le leur laisse. Bref, ce monsieur "qui-est-vraiment-pour-toi-tu-verras-cultivé-intéressant-et-tout-et-tout" l'avait contactée.
Mais elle est futée, ma cop'. Très. En trois questions elle lui a su qu'il mentait. Sur son âge. Treize années passées à la trappe. Une broutille : il était donc pour moi.
Un menteur ? un qui n'est pas capable de savoir de combien d'années de vie il peut être fier ? Non, non, trop intolérante je suis. Si je revendique d'avoir l'âge de mon arthrose, ce n'est pas pour tenter de décrypter celui des autres. Enfin, quoi, merde ! S'il t'a contactée, ma belle, c'est que c'est un simple vieux qui est attiré par de la chair fraîche !
Et moi, en moment, avec la chair fraîche, je fais des conserves. De cochon. Tu as raison, nous sommes presque en concordance lui et moi....

Continue ta prospection... sait-on jamais ? Ça nous a permis de passer un bon moment au téléphone en considérations hautement philosophiques !

10 janvier 2010

Passion fugace

C'est magique, un vrai cadeau du ciel, auquel on ne croyait plus. On le regarde, le souffle court, les yeux humides de tant de... Et tout autour s'enveloppe de ouate. Rien n'est plus pareil, dans cette vie si familière.
C'est étrange, fascinant, et le regard s'attache à cet éblouissement en cristaux, à cet homme là, en manteau.
Cet homme en blanc.
Avec lui, ça crisse sous les pas, mais ça glisse au moindre faux pas. Qu'importe, la beauté fulgurante l'emporte. On veut encore y croire.
Au fil des jours tout se transforme. En flaques boueuses, en plaques acérées, miroir fracassé. Le verre cassé, ça porte bonheur ?
On regarde avec prudence. On oublie la féérie. Et parfois on se casse la gueule.
La neige n'est qu'une passion à vivre.
Belle mais dégueulasse au final.

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