Noir
J'ai noirci les feuillets, encré les pages, tâché ma fiche d'identité en Chine indélébile, cultivé les grains de beauté et les bleus à l'âme qui noircissent l'humeur, j'ai râturé le livrets de famille de ces vies qui ne me convenaient plus, et repeint en blanc les murs.
Les pinceaux sont lavés.
Les feuillets brûlés.
Je dois trouver la lumière qui décomposera en un spectre arc-en-ciel les moments qui se figent en mélancolie terne.
Je dois allumer dans mes yeux les étincelles qui font flamber les heures et scintiller les braises.
Je dois sauter dans la flaque et éclabousser ma vie.
Et cesser de porter le deuil d'un amour mort de n'avoir jamais vécu.
Comme un pion de Go, me retourner, de noir à blanc.