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Eau vive
15 octobre 2007

Métronome

Ton ombre tiède s'est dissoute au détour d'un soir d'été, laissant au creux de ma paume un amour qui se conjuguait au singulier. J'ai le goût de poussière de ton absence collée au palais. Ce n'est rien, n'est-ce pas ? Rien de bien grave.
Je vis, tu sais.
Tellement fort ! et très entourée, gaie et riante, tellement ...mal de me scarifier ce sourire taillé à la lame du paraître. Je me mens de toute cette force dévastatrice qui m'emporte, et j'y crois, oui, j'y crois, plus fort, plus fort encore que tes mensonges qui se sont collés à ma bouche. Tu ne m'as pas dépouillée de ma vie, tu as juste volé à mon coeur le goût de battre plus fort. Il bat, pendule stupide qui découpe le temps et scande son requiem mécanique.
Tac tac toum.
Tac tac toum.
Je vis, tu entends ? je vis.

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8 octobre 2007

L'absent

Il y eut ce craquement brutal. La lame de métal gris se fendit et le cerclage poli qui découpait sa paix en feuillets rougis perdit sa rondeur coupante. Dans un bruit de hache, bois mort qui éclate dans un nuage fin de poussière jaune pâle.
Le silence retomba.
Et le temps avançait. Une seconde après la nuit, une seconde après le jour. La paix se fraya un rayon dans l'obscurité, la paix aveugla le sommeil des nuages. Le temps de l'aurore, en une foutue seconde immortelle qui se fige pour annoncer la vie.
Le silence se troubla.
C'était un souffle épais, moite et gluant. De cette vapeur fugace qui naît et s'échappe pour mourir sur les bouches des vivants.
Elle dépouilla son apparence des squames ternes et huila son corps de caresses odorantes.
Il était là.
Elle ferma ses paupières fripées, ouvrit sa paume, huma le parfum perdu et chavira dans l'ivresse. 
Puis elle pleura et sourit.
La violence la secoua de sanglots, de rires, de cris étouffés.
Il était là.

2 octobre 2007

L'odeur de la vase

C'est trop tard.
La colère a consumé les derniers charbons ardents de ma hargne à t'entendre mentir, ne laissant que cendres impalpables. Simplement salissantes. Quelques traces, de celles qui chassent les limaces, mais pas aussi noires que celles de l'encre d'un poulpe qui craint le harpon de l'homme déguisé.
J'ai rougi de rage, ragé de rougir, et j'ai passé mon humeur sous l'eau froide, embrumant mon esprit de vapeur brûlante et de  brouillard givrant.
Pourtant je t'en veux encore.
Je pouvais t'entendre, et taire mes doutes..
Je pouvais ne pas te voir, et ouvrir les yeux sur ton absence.
Mais tu as préféré évincer le vrai et déguiser tes mots. Tu n'avais pas eu le temps d'apprendre que le mensonge a pour moi une odeur. Un peu acide et douceâtre, une odeur aussi subtile qu'écœurante. Que m'importent maintenant tes remords, ton parfum a disparu dans le souffle nauséeux de ton mensonge.

30 septembre 2007

Morts d'être vifs

Ces mots, tout ceux là, que l'on jette en vrac, avec cet empressement qui tord les doigts en saccades, ces mots partout, qui envahissent la vie, comme si... comme si ... 

Petits mots noirs d'ombre, dont nul ne sait la forme originelle dont ils empruntent le reflet. Grotte où ils s'enterrent en silences, ceux qui sont morts d'avoir été tracés en mots. Cimetière étrange des douleurs invisibles, caveau des émotions perlantes de sève, urne des amours défuntes.

Je les hais, les saccage, les détourne, les manipule, et pourtant, ce sont toujours eux qui ont le dernier mot.

24 septembre 2007

Guimauve mortelle

La lassitude avait déposé un voile de taffetas sur son regard. Et les paillettes de ses iris, à l'accoutumée en éclats dorés, s'étaient drapées d'un étrange calcaire terne. Elle semblait semblable, et pourtant si différente, absente de tout ce qui était elle. Pas vraiment une silhouette en ombre chinoise, non, simplement évidée. Vivante et enfermée au sein d'un monde où l'apparence s'était dissoute.
Elle n'était qu'au-dedans d'elle, là où une spirale douceâtre la retenait attachée à ses volutes collantes.
La première fois, quand le parfum sucré avait annoncé sa venue, au creux de ses seins, elle avait effleuré du bout de son coeur le piège à l'allure de guimauve brûlante.
Et il s'y était accroché.
Elle avait tenté de déjouer la mortelle attirance, avait recherché les passions qui font voler si fort le coeur qu'il aurait pu se détacher de cette prison sucrée. Elle avait noirci ses poumons de volutes goudronneuses, avait tenté de ne plus nourrir cette douceur qui l'empoisonnait. Dans sa recherche de l'antidote elle reconnut Vian, mais il n'y avait pas eu de remède au nénuphar qui dansait en lui, le noyant dans l'écume de ses jours. D'ailleurs, puisqu'il était mort à 39 ans, elle ne pouvait pas se plaindre, avait elle-même dépassé depuis bien longtemps le seuil.
Alors elle avait appris à déjouer le piège des battements de son coeur. Elle l'avait dressé à se taire, à ne plus être gourmand de douceurs au parfum de fête, qui laissent les mains si collantes que plus personne ne pouvait alors les prendre. Et le voile de taffetas gris perle avait terni son regard de sucre candy.

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23 septembre 2007

Le coeur poudré

Tu as passé tes mains chaudes sur mon visage, et j'ai choisi de me taire. Toutes ces drôles d'images un peu floues qui se collaient à mes pensées pour toi, j'avais décidé de les vider de ma mémoire, de t'offrir une toile à peindre avec moi.
Nous nous sommes embrassés, longuement, avons parlé, ri. C'était bien, tu sais.
Deux heures avait passé, je ne savais pas que c'était le temps imparti, celui que tu m'avais accordé. J'avais presque oublié que ton temps était si différent du mien. La soirée amorcée s'était tronquée brutalement.
"Carte mémoire pleine". Le message clignotait.
Va-t-en, va-t-en, cet homme va voler tes espérances, ton abandon, il va prendre ton sourire au creux de ses paumes chaudes et l'effacer de ton visage. Pars, avant d'avoir mal du temps dissout d'être décompté.
Alors j'ai parlé.
Mon besoin d'avoir quelques heures qui s'offrent en marguerite romantique à effeuiller à deux.
Une heure, un jour, un week-end... quoi d'autre encore ?
Le dernier pétale encore accroché au coeur poudré me l'a chuchoté.
Aurais-je eu la force de renverser ce sablier maudit ? De tisser les fils de l'absence sur ce canevas troué d'heures mortes ? Comment peindre ce qui déjà se prive de couleurs ? Je n'ai plus la force de croire.
Je ne veux pas être seule de ton absence, j'ai moins mal de la solitude que je choisis de vivre sans toi.
Chutttt, ce n'est rien...

12 septembre 2007

Vivoter

Parmi eux, vitrifiant leurs nuits de frissons transparents, grapillant les grains soyeux pour remplir de velours leurs jours, parmi eux, vivant comme s'ils allaient mourir demain.
Vivoter. Ôte toi de là, ma vie, vite, Oviv est morte, vive l'eau vive. Ou alors je suis immortelle.
Je ne mourrai pas demain, je ne mourrai jamais : survivante à ma vie passée, c'est déjà beaucoup.
Alors je continue, en eau vive stagnante, odorante cancoillotte sur tranches de jours étalées au couteau. Je poursuis, parce qu'il n'y a que les poissons morts qui se laissent porter par le courant,  érotiquement amante sur canapé fané à tapoter après, sombrant en comas artificiels de mots jusqu'à salir ma bouche, ma couche, rêvotant mes nuits d'amnésies en oublis, hurlant pour effrayer les amants perdus et les aimants déboussolés.
Rien en tambours héroïques, symphonie d'outre-vie, rien en silences non plus. Je les entends, les battements sourds de cet organe recouvert d'une cagoule. C'est cela, j'ai le cœur encapsulé de stretch. Il est frileux, le lâche ! Il s'étire un peu puis revient sagement à sa place. J'ai l'amour élastique, qui reste preste et vivace tant que personne ne le voit. J'affadis les lumières et refroidis les ardeurs, sectionne les mains douces et remballe les dons.
Mais peut-être que cela cessera un jour. Peut-être.
Après tout je vais peut-être mourir quand même pour de vrai ? Qui sait ?

25 août 2007

Grignotage

Son colocataire lui posait des problèmes maintenant. Ils cohabitaient tant bien que mal depuis des années, mais les règles avaient subrepticement changé sans qu'elle ne lui donne son accord.
À l'origine, elle avait pensé que son territoire n'avait nul besoin d'être partagé, puis elle avait fait contre mauvaise fortune bonne grâce. De toute façon il était arrivé sur la pointe des pieds, et elle n'avait pas bien réalisé, au début, qu'il n'avait pas la moindre intention de la laisser toute seule. Malgré les promesses. Oh, elle s'en souvenait très bien des discours rassurants !
- Dans un an on n'en parle plus, je serai parti ! Et puis je me ferai tout petit, je nettoierai tout.
Il avait même engagé une société de services qui s'occupait de laisser ses lieux en bon état. D'accord, parfois elle trouvait que le nettoyage était drastique. Pensez donc, impossible pour elle de remettre la main sur certains petits objets qu'elle laissait souvent traîner. Les barrettes et les chouchous pour ses cheveux, par exemple. Disparus ! Mais elle lui faisait confiance, globalement. D'ailleurs certaines choses avaient été positives. Fini de ne manger que des cochonneries. Elle était passée au quasi biologique en douceur. Quand elle sortait au restaurant ou chez des amis, elle dévorait ! Presque en cachette ! Un comble....Et puis il avait un tel tempérament qu'elle avait appris avec lui à voir tous les meilleurs côtés de la vie, pas les bobos du quotidien. C'était quand même sacrément positif, malgré tout !
Et elle continuait à cohabiter avec lui sans trop ronchonner.
Depuis six mois les choses s'étaient pourtant dégradées. Son colocataire laissait des traces de plus en plus déplaisantes. Ses cheveux dans le lavabo, ou même des souillures, ce qu'elle détestait profondément. Il s'était installé et maintenant elle se sentait envahie. Elle regardait son espace vital qui s'amenuisait, n'avait trouvé pour l'instant comme seule solution que de partir de plus en souvent hors de chez elle. Elle était devenue l'incontournable de toutes les fêtes possibles ! Barcelone, Paris, Londres, elle en profitait pour rire de tout son saôul, comme une gamine qui sort en cachette !
Mais il lui fallait bien revenir.

crabe

Pour elle,  qui m'a dit, en partant de chez moi ;
- N'efface pas toutes les photos, pour garder un souvenir.
Elle, dont le territoire de vie s'amenuise. Et son rire n'y peut plus rien.
Elle doit vivre avec ce colocataire envahissant, ce cancer qui grignote tout.

24 août 2007

À +

C'est simple, la prochaine fois que tu signes un de tes mails de ce foutu " A +", celui sans accent sur le A, bien sûr - c'est plus rapide à taper - je te colle illico dans ma liste noire.
" À + "
+ quand ? plus tard ?
+ de quoi ? de monde tout autour ?
Ça te paralyse les neurones de me voir toute seule ?
Pour ne surtout pas me proposer une ballade à deux mais en attroupements ?  C'est la deuxième fois (
tu vois, je n'écris pas la seconde, je pressens qu'il y aura une troisième). Tu as besoin de foule et de rendez-vous publics pour moi ? Tu as peur de quoi ? De t'emmerder en ma compagnie ?
C'est la dernière fois que tu signes ton message de ce A + qui n'est suivi de rien.
La dernière, avant la liste noire, celle qui te fermera l'accès à ma bal.


Quant à toi qui me propose de chasser mon spleen, en visionnant tes cd ... d'éclairs... alors là on ne me l'avait jamais faite, celle là. Des cd, même d'éclairs. C'est ta passion mon grand, et je veux bien croire que ça doit être très beau, que c'est certainement beaucoup pour toi de m'offrir ce spectacle télévisuel, mais as-tu pensé à me proposer un verre avant ? Dehors ? Sans foule ni attroupement ? Tu sais,comme avant. Quand les gens se rencontraient et se fixaient un rendez-vous. Pas directement devant un canapé à visionner des cd.
D'ailleurs je suis sensée animer un débat, avec toi, une soirée-palabre publique, la semaine prochaine. Comme c'est moi qui en ais trouvé le thème, tu veux absolument que nous soyons en équipe. Malgré mes réserves. Certes, tu veux. Et nous allons continuer à débattre du sujet encore longtemps par mail ?
Tu te souviens d'avant ? quand les gens parlaient ? Tu crois vraiment que je vais continuer encore longtemps à t'écrire, lire tes réponses, avancer ma contradiction, relire la tienne... etc ? tout cela par mail ?


Dites moi, les garçons, vous avez 50 ans, les femmes vous font donc si peur que ça ? Ou alors ce n'est que moi. Et cela m'emmerde, quelque soit la réponse qui est la vôtre.

 

14 août 2007

Les mots épais

Les espoirs avaient perdu leur odeur de poire verte
et les sens égaré leur piquant saveur piment.
elle
- insipide papier mâché, carton bouilli -

Les sourires flambaient et crépitaient
en joyeux brandons carminés
elle
- étincelles en éclats de rires soyeux -

L'orgueil,
la rage,
la colère,
la hargne,
l'instinct,
elle
lame à blanc fichée dans la nuque frêle
poing serré aux phalanges blanchies
gestes si doux, si lents,
danse envoûtante
elle
fière et forte et fragile
de ses mots dévorés et éructés
de ses mots épais de silences
elle
se taisait et écoutait
- sans fin -
l'écoutait.

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