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Eau vive
7 janvier 2008

Un geste d'amour

J'ai laissé dans ton regard mon reflet qui dansait dans tes bras, dérobant comme un oiseau voleur tes espoirs qui y étaient réfugiés. Tu as voulu figer cette image, à tes côtés, pour que mon regard t'y parle des mots que tu voudrais entendre. Petit scarabée, je t'ai laissé faire, je n'avais plus le droit de te demander pardon, n'est-ce pas ? 
Quand tu as posé tes mains le long de mes bras, quand tu as enfoui ta tête dans mon cou, tu disais des mots si touchants, si beaux ! je les ai reconnus, tu sais... ce sont eux, les mots des pauvres gens. 
J'ai su que tu m'aimais.
Tu regardais mes yeux qui te disaient combien tu m'étais précieux, mais ma voix froissait le velours de ton désir si doux.
Et je suis partie.
Il fallait que je parte, tu le sais bien, pourtant. Avec dans mes pas la petite douleur aiguë de t'avoir blessé, toi que je voulais serrer dans mes bras et consoler de ce chagrin qui est aussi le mien.
Ce n'était pas que je t'aimais, ce n'était pas que je ne t'aimais pas, ce n'est rien en réalité, rien que ma vie qui a besoin d'un espoir, pour s'offrir au possible d'un amour nouveau-né. Ce n'était que mon regard, de moi sur moi, qui m'a dit de partir et de te laisser t'envoler.
Et ta voix qui disait que tu t'en moquais bien, qu'ils n'avaient pas d'importance, les autres. Juste toi ? toi et moi ? encore ?  Juste l'instant fugace d'un nous. Mais je ne peux plus. J'ai déposé ma confiance dans un coeur que j'ai envie de voir battre libre et vrai.
Je suis fière d'être partie. Puisses-tu y voir un vrai geste d'amour pour toi.

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3 janvier 2008

Ma pierre de lune,

Copie_de_Ma_lune_en_moinstoi dont j'offre la douceur irisée au gré de mes amitiés pures, de mes émotions profondes... ma pierre de lune... ce matin, dans ma boîte aux lettres. Là, sans un mot, avec mes initiales sur l'enveloppe.
Ton éclat a tranché mon sourire, et une colère intense, rougeoyante et sanglante a envahi mon corps. La rage dans les mains, les dents prêtes à déchirer la peau la plus douce. La colère, de celle qui renverse les tables de chêne et brise les silences. J'ai la haine, qui ne peut s'expliquer que par la trahison. La haine meurtrière. La haine, comprends-tu ? Et j'ai eu envie de te saisir, de te lancer dans cet espace au vide glacé que tu n'aurais jamais dû quitter. Envie de te faire fondre sur des braises, de te voir te dissoudre dans l'acide. Envie de te vomir, de me crever les yeux. Je hais ce geste de mépris, je hais avoir été jetée comme un caillou dans une boîte de métal. Je hais être si méprisable que tout objet de moi est à bannir.
Puis la colère carminée a fait renaître les cendres... Sais-tu qui est le dernier a avoir osé ce geste ? Lui, le matador... Et j'ai fouillé les ancien textes, retrouvé cette douleur laissée en souvenir par un homme qui m'avait aimée... mal, si mal...
"L'arène. Noire de ce monde qui entourait cette plage presque vide. Le silence était étouffant.
Le taureau était déjà presque à terre pourtant. Banderilles plantées. Fines lames aiguisées, surmontées de tissus colorés, gluantes de son sang épais.
Matador en habit de lumière, matador que le taureau suppliait de se livrer à un combat à armes égales. Ils se regardaient, sans haine, avec la fierté d'accomplir chacun son destin.
La première banderille s'était fichée dans sa gorge.
L'animal avait compris qu'un combat se déroulait dans l'arène. Il ne savait pas qu'il était, lui, le deuxième acteur.
Un coup le paralysa : nul mouvement pour esquiver la lame qui se planta dans sa chair, la seconde.
"Tu es si beau, mon taureau, dans cette arène, tu es à moi."
Banderille plantée, la troisième. L'animal ne sentit pas les plaies dans sa chair, l'animal gémit d'une autre douleur.
L'homme en habit de lumière lui dit combien il était fort et beau, combien jamais il ne vit plus belle bête, combien il était fier d'être dans l'arène auprès de lui, pour toujours. Taureau vit briller ses yeux, et redressa un peu son échine pesante.
Mais il sentait la vie qui s'écoulait de ces lames fichées en lui. Chacun de ses pas le blessait davantage. Il faiblissait. Le combat serait bref. Il allait tomber. Se laisser aller au sol. Il attendait sa mise à mort.
L'homme en habit de lumière se sentait fort et puissant, malgré son corps si fin.
La foule dans l'arène trouva le combat inégal. Des voix jaillirent, encouragèrent l'animal, huèrent le matador trop sûr de lui. Et il ne sut pas s'arrêter. Il tenta de planter sa dernière banderille, mais elle ne put que se briser au sol. Taureau avait reculé violemment. Quoi, que disait-il là, cet homme si preste ? Qu'il l'aimait ? l'aimait à le torturer ? 
Il ne voulait plus de ce combat. Il comprit la stupidité de ces jeux où personne ne gagne. Il ne mit pas le matador au sol. Il le laissa là, dans cette arène inutile et vaine, seul. Il fracassa les barrières de bois qui le cernaient. Taureau lèche ses plaies dans un champ. Certains ont enlevé les banderilles fichées. Quelques cicatrices, cela va bien au cuir tanné de la bête.
Depuis, le matador au combat inutile appelle le taureau de sa douce voix. Ce n'est plus que vent dans les bois. La bête a entendu la menace derrière cette douceur exquise. Il sourit d'avoir fui du labyrinthe de l'arène. Juste à tant."

Je viens de comprendre, qu'à nouveau ma route avait croisée celle qu'un homme qui m'aurait offert la douleur d'aimer jusqu'au bout du mépris de moi. Et je suis fière d'avoir su quitter son arène juste à tant. 

6 décembre 2007

Mousse brune

Je l'ai serrée au creux de mes paumes.
Et mes narines se sont enivrées.
Très doucement j'ai déchiré le papier blanc,
et déshabillé le sucre aux cristaux brillants.
Du bout des doigts je l'ai laissé se baigner dans la mousse brune
et s'engorger de son amertume.
- te souviens-tu de mes yeux couleur café ? -
Quand le sucre a coloré son coeur pierreux,
je l'ai déposé au creux de mes lèvres
et, d'un mouvement doux, aspiré sur ma langue.
Et il y a explosé en amertume douce et collante au palais.
- Tu n'es pas là, tu ne seras plus jamais là pour glisser ta bouche contre la mienne, pour y voler un peu de son goût,
pour y dérober mon plaisir.
Tu n'es plus là.

Mais je continue toujours, tous les jours, jour après jour, sucre après sucre, je continue -

"Un autre café s'il vous plaît. "
J'ai un peu froid.
caf_0

2 décembre 2007

Monologue d'un ...

Je l'aimais bien, avant.
Pas vraiment l'aimer au point de lui tirer le portrait en 24 x 32, ou de lui consacrer des petits soins personnalisés, non, mais nous habitions ensemble, en bonne compagnie. Il ne me faisait que rarement faux bond, me comblait bien souvent. Je l'aimais bien. Nous cohabitions sereinement, tout simplement.
Maintenant je ne l'aime plus. Il n'y a rien à faire, il est devenu un étranger à moi, un qui me flanque des frissons de dégoût quand je suis obligée de le soigner. Un que je hais devoir exposer sous les terribles lumières sans ombres. Dés-amour que je peux dater. Au jour près. C'était en décembre 1988. Il y a 19 ans déjà.
Quand il l'ont taillé avec leurs putains de ciseaux en acier soigneusement stérilisés. Encore une coupe, une troisième, violente, blessante. "Pour éviter le pire", ont-ils dit. Mais que savaient du pire pour moi ?
J'ai regardé ailleurs, dans la lumière qui n'épargnait rien, et surtout pas la douleur, perdue dans un autre bonheur, tentant désespérément de ne pas compter.
Chaque trou de l'aiguille.
Chaque double nœud solidement noué.
Ne pas y penser.
Que je n'étais plus qu'un bout de viande que l'on recousait à points serrés.
Ne pas y penser, aux chairs tuméfiées qu'ils recousaient avec leur bonne conscience toute médicale.
Comme un boucher coud la poche de viande farcie.
Et moi ? Qu'ont-ils glissé dans mes chairs à vifs qu'ils recousaient ?
L'image d'un sexe charcuté qui ne m'appartenait plus. Et qu'ils ont encore taillé quelques années après, encore une dernière fois, pour définitivement l'abimer dans mon coeur.
Je ne l'aime plus.
Merci aux "Monologues du vagin" et aux femmes qui ont mis des mots sur leur douleur qui est aussi mienne.

origin_neg

30 novembre 2007

Fac-similé

Et je glisse ma peau dans ta texture simili.
Simili-doux, fac-similé.
De toute façon, les mots sont faux.
De toute façon, tu as peur de ta mort
_ pour de vrai _
De toute façon, je suis déjà morte
_ pour de faux _
Alors on va jouer à se mentir très fort.
En faux-semblants,
comme deux aimants
se glissant
sur du plastique.
_ Chic _
Et je rirai et pleurerai. Pour de vrai.
Et tu marcheras loin, de plus en plus loin de moi.
En me tenant par la main. Pour de vrai.
Et le sibyllin ira avec le guingois.
Mon sourire en toc
Ton sourire plastoc.
Je le pense toujours.
Ce n'est pas de l'amour, mais c'est du simili-doux.

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23 novembre 2007

Eclats amers

Feuillets d'un éphéméride vain, un à un, absences froissées,
_ transparence d'un papier bible _
pour une vie sans croix ni foi.

Les jours, les semaines et les mois, en parfum décomposé,
_ corps à la chair exangue _
une vie tranchée de toi.

Oublier nos peaux, nos langues et nos mots
_ amertume si douce _
et survivre au silence éparpillé.

21 novembre 2007

Le contrat

12 novembre 2007

Fatigue

Les genoux lovés au creux de la gorge, et les mains en noeud coulant autour des chevilles, elle avait fermé ses paupières sablonneuses, avait ligaturé ses cordes vocales éraillées. 
La tête enfouie au creux de l'épaule, elle respirait profondément, sentait son odeur fatiguée lui tapisser le nez, et déposer leurs molécules salées sur sa langue.
Les pieds recroquevillés sur eux mêmes, emmêlant ses orteils blanchis de froid, elle tentait de se dissoudre en elle-même. Figée en colimaçon dans sa coquille fragile, elle déposait ses dernières forces dans une bulle aux reflets ternes.

escargot1

29 octobre 2007

Traces

C'était une histoire carbone
- qui se raye d'un coup de gomme -

Une histoire que j'écrivis à l'encre de Chine, traçant des mots en italiques dans la suie de braises qui m'avaient consumée. J'aimais ses lettres déliées et le crissement de la plume sur le papier coloré. J'aimais la brillance du graphite qui laissait un souffle mat sur le temps volé. J'aimais ... J'y croyais, de tous mes mots, à ces italiques penchées du poids d'un amour, d'un amour lourd, d'un amour tranchant le banal, d'un amour qui n'aurait pas été bancal. Je le voulais vrai et si pur, en encre violette au parfum secret, aux pétales douces. Je le voulais en pastels souples à estomper d'un souffle humide, en aquarelle qui rend la vie si belle. Je voulais tant...

C'était une histoire fusain
- qui s'écrivit en vain -
une histoire qui avait une fin.

22 octobre 2007

L'âme de cire

Son coeur orangé projetait leurs ombres qui palpitaient sur les murs de la pièce.
Il faisait bon tout autour d'elle et des éclats d'or irradiaient les visages proches.
Poupée de cire dont le buste se courbait mollement au fil des heures, elle flambait sans autre raison que de voir leurs sourires danser devant elle. N'était-elle pas là pour celà ?
Quand ils quittèrent la pièce, la porte en claquant souffla la flamme. Une goutte traça un sillon qui se figea lentement en un paysage dentelé. Un parfum âcre en dernier soupir, et la lueur mourut dans des volutes grises.
Elle s'éteignit et durcit son âme de paraffine.
La vie demain reprendrait.
Il le fallait, elle avait encore quelques flammes à éclairer dans leurs yeux.

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