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Eau vive
6 septembre 2009

Avant...

Avant... j'avais besoin d'écrire. Avant...  sans mes mots j'étais perdue.  Ma survie en dépendait.  J'écrivais, sans fin, sans cesse, sans envie, ni espoir, je hurlais à la toile ces mots que je pensais avoir besoin de dire. J'écrivais sur le sable et les tickets usagés, griffais ma rage dans les petits cahiers à spirale, les blogs éphémères, le cahier jaune qui a jauni.
Et sur le bout de ma langue collée au palais de mes silences.
J'écrivais.
Maintenant je sais.
J'ai juste besoin d'entendre.
Que des mots s'écrivent pour moi, pour moi seule, les mots des pauvres gens, peut-être. Besoin que l'on me parle. De moi, de lui, de nous. Pas des autres. Ces mots là ne sont que des conversations illusoires. Des mots de sociétés communes.
Moi, je veux des mots murmurés. Pas une main qui saisisse la mienne. Pas que des doigts qui dessinent mon corps et en découvrent ses plaisirs. Pas que ce verre tendu et cette musique qui berce les heures.
Je veux des mots pour moi. Une gamme de mots qui m'emplirait de tant de notes que je danserais pour eux.
Je veux des mots qui me plaqueraient de platine. Des mots qui s'incrusteraient en gouttes de résine ambre. Extrêmement ambre. Dans leur parfum je m'enivrerais et ma langue de velours en polirait le cœur.

Je veux des mots d'amour et de manque, des mots de désir aussi violents qu'un sexe d'homme qui désire. Je veux des mots qui crépitent sur ma peau.
Des mots, pour moi.

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1 septembre 2009

Sur la route

Tu es parti.
Avec  ton crâne balafré et ta violence au bout des poings. Parti, comme ça, pour tracer la route. Sans rien, sans savoir voir où. Au bout du monde, au bout de ton pays, au bout de ce nulle part où tu as toujours vécu.
Tu as 20 ans.
J'ai mal de ta silhouette aux muscles aigus comme des rasoirs. J'ai mal de ton regard qui ne veut pas de la vie telle que tu la vis. J'ai mal de t'avoir tenu dans mes bras, enfant. J'ai mal de ces mots... tu t'en souviens, de mes mots, n'est-ce pas ?
C'était un soir de Noël, ils t'avaient laissé sortir de l'hôpital, avec ton énorme bandage tout autour de la tête. Nous devions venir et tu ne voulais pas rester là-bas. Ta seconde trépanation. Tu avais 10 ans. Avant il y avait eu les fractures, les blessures, le danger, toujours à tes côtés.
Au pied de l'escalier je t'ai pris par le bras, juste pour te dire ce que je portais en moi :
"Fais attention à toi. Toutes ces blessures que tu t'infliges comme autant de cris, cet être que tu fractures, que tu maltraites, il est à toi. Personne ne t'aimeras plus parce que tu te seras blessé. Personne ne t'aimeras jamais plus que toi peut t'aimer. Je t'en prie, prends soin de toi. Je t'aime tel que tu es."
Et tu m'avais fait un grand sourire, un de ces sourires dont tu as le secret alors que tout s'écroule tout autour.
"Je sais que tu m'aimes, tatie, je sais."
Tu as scarifié ta peau, a frappé l'autre pour le simple fait de frapper. Tu as cassé, menti, volé, t'es drogué. Et tu as toujours su courir plus vite que les autres.
Je t'ai ouvert cette porte, cette chambre, pour te donner une autre chance de vivre et d'apprendre à aimer vivre. Auprès de tes cousins, cousines. Tu n'as pas pu, c'était trop dur, cette vie là.  Et tu es parti, encore une fois. Ailleurs. Puis encore ailleurs. De squat en squat jusqu'à ce qu'il n'y ait plus personne chez qui frapper.
Aujourd'hui tu n'es plus nulle part, dans cette vie à laquelle tu as choisi d'appartenir jusqu'à 25 ans. Avant de partir en dehors de toi. .
J'ai mal de cette douleur plantée tel un pieu en toi.
Je t'aimerai toujours.
Bonne route à toi.

26 janvier 2009

Gabelle

De blessure en griffure, peu à peu délavée du sébum où les mots acides déperlent, je m'étiole. Transparente à vos yeux aveugles. Non, vraiment, ce n'est pas parce que je suis votre mère que vous devez tout dire de moi.
Non, je ne veux plus. Je ne peux plus.
Quand verrez-vous que chaque mot que vous m'assenez au nom de la vérité voit ma paix vaciller et s'embuer de douleurs qui strangulent ma voix ? J'étouffe et meurs accrochée à une vie dont je ne veux plus.
Jamais je n'aurais cru entendre tout cela. Jamais. J'aurais tant aimé que vous compreniez un peu. Un tout petit peu.
L'amour qui a déserté ma vie depuis si longtemps a créé une béance que vos mots creusent encore un peu plus.
J'ai fait comme j'ai pu. Je ne pouvais pas faire plus.
Je me suis rongée, j'ai affronté la peur, les comptes où chaque franc égaré résonne en crampe. J'ai essayé de vous donner la volonté de faire votre vie à l'image de celle dont vous rêviez. J'ai cru que vous y arriviez. Vous l'avez fait. Vous avez construit votre voie, pourquoi me jugez-vous  ? Pourquoi ne me laissez-vous pas en paix ? S'il vous plaît.
Ne voyez-vous pas que si j'ai voulu déjà vous attribuer le pécule peu à peu amassé, si je vous ai déjà tout donné, partagé à égalité, c'est parce que je n'ai même plus la force de me créer une vie loin de tout, et loin de vous.
Vous me dites, "mais ne pleure pas, ce n'est rien". Et le sel qui ronge mes yeux me brûle encore davantage de cette légèreté que vous accordez à mes larmes.

11 janvier 2009

Le poison de l'amitié

C'est parce qu'elles m'aiment, je le sais bien. Elles m'aiment comme je suis. Celle qui a tellement besoin d'aide de par la souffrance qui en émane parfois.
Que diable, trêve d'hypocrisie, la critique, tout le monde sait qu'elle peut être très positive. Et constructive.
Même moi je le sais ! C'est peu dire. J'ai un super Ego avec lequel je fabrique de belles murailles.

 C'est étrange, ces amitiés qui veulent toujours me faire du bien.

C'est un poison familier dont je m'immunise peu à peu, l'absorbant, seule avec moi-même, ne voulant plus infliger ma souffrance insupportable à l'autre. Qui m'aime.
L'autre qui me dit amicalement tout ce qui ne va pas chez moi, qui suis une personne tellement formidable et aimable.
Tellement.

S'il vous plaît, lisez donc ceci, puisque je préfère me taire dans mes silences envers vous, qui m'aimez jusqu'à tout m'avouer de mes travers. Pour mon bien.

La politesse est plus généreuse que la franchise,
car elle signifie qu'elle croit à l'intelligence de l'autre

Roland Barthes

8 janvier 2009

Supputation

Je ne sais pas, en fin de compte. Peut-être m'as tu simplement crue "irritée", "contrariée", "fâchée" même ? je crois que tu aimes bien le mot, il te fait rire. Une fâcherie au coin du téléphone. Cela vaut bien les causeries, non ? Mais peut-être, quand même, as-tu été jusqu'à supputer un bref instant que je pouvais être "touchée" dans mon amour-propre ? Non, je suppute à tort. Tu n'écoutais que ma voix, en riant, et aucun de mes mots n'a réussi à atteindre ton cerveau de clown égoïste. Sinon peut-être te serais-tu soucié de moi. Au lieu de rire de ma voix "docte".
Mon amour-propre... (...)
Amour propre... attends, laisser un sourire se dessiner avec fierté sur mon visage. Attends encore un peu, je crois bien que je ris ! (...)
Non,  il valait bien mieux que tu ne devines rien.
Je suis en colère, mon ami. Ni irritée, contrariée, fâchée ou blessée . Non. Juste en colère. De cette colère froide qui peut parfois me prendre dans ses doigts gelés et me glacer jusqu'au moindre soupir.
En colère. Cette bure rêche qui blesse les peaux trop douces de ceux qui n'écoutent qu'eux. Ne t'approche pas de moi. Tu finirais écorché vif par les pics de glace qui m'enveloppent.
J'ai croisé ma jumelle aujourd'hui. Et lui ai souri. Un craquement se fit entendre ; certainement m'avait-t-elle reconnue. Elle me fut si sympathique que je n'ai pu résister à la prendre en photo.
Quant à toi, je n'ai même plus envie de supputer. Juste d'aller sous une douche brûlante y dissoudre cette coque rigide dont tes mots m'ont revêtue. J'ai la colère glaciale.

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2 janvier 2009

Fourre-tout de riens

Je me souviens très bien de l'endroit où je l'ai laissée. Sous la verrière d'une gare aux poutres métalliques, au pied de l'immense horloge tachée de rouille que personne ne regarde plus. C'était exactement là que je l'avais posée, pleine à craquer de ces riens qui pèsent tant et plus. Et la foule tout autour, dans un grand soupir de respirations saccadées, la foule en fuite vers un temps jamais immobile.
La valise était là, lourde à en crever ses ferrures.
Partout où je vivais elle pesait à ma mémoire.
J'avais eu besoin de la voir, de la toucher, pour la saisir, la traîner, et enfin me dépouiller de tout ce fatras si lourd pour moi. En la remplissant jusqu'à la gueule. C'était une valise que je n'ai même pas choisie, comme dans un rêve aux allures prémonitoires ; beige sale, aux coins en métal martelé. Une dont je sais très bien que le modèle n'existe plus. Que seuls quelques greniers en recèlent, sous l'épaisseur de poussières collantes.
Je l'ai remplie en grondant de rage, ma valise à gros mots, à spleen, comme un fourre-tout pour riens trop silencieux. Si vous saviez comme les silences sont bruyants. Tenez, comme une gare quand le train passe sans s'y arrêter.  Et le silence partout autour de ce fracas métallique.
J'ai fini par aller la rechercher. Personne n'en avait voulu, personne ne s'y était trompé. On ne vole pas des riens trop lourds. Une valise d'égarements, posée là, dans une gare.

30 décembre 2008

Le chemin des silences

Je ne sais pas la vie, et la mort n'existe pas au bout de mes pas.
Je ne sais pas.
J'ai oublié l'alphabet, et écrit un monde en silences libres de ne pas vouloir vivre.
Ni mourir.

Pourtant, je sais.

La mort a le dernier mot, et ma vie le choisira.
La quintessence du mot, en goutte à goutte de lettres indiscrètes suintantes.
Les lèvres closes en un sablier effrayant.
Je chuchoterai ce mot qui tranchera l'outre des silences.
Et toi, toi qui dors dans un désert, tu m'entendras dans l'éclat qui troue le ciel noir.
Et toi, toi qui bois, et ris et aimes, tu me goûteras sur les papilles de ta langue parfumée.
Si tu le veux, je serai là, dans tes silences.
Je les prendrai par mon poing blanchi de rage et nous marcherons vers demain comme deux, qui ne savent rien.

31 octobre 2008

Lumens

Les mots sont pourtant là, qui se terrent, enrobant de leurs échos sirupeux les ruelles molles de mon cerveau. Ils me collent aux rêves, s'emmêlent en boucles drues que je me refuse à démêler. Je lutte, déploie des silences violents, en étendards.
Aujourd'hui, pour la seconde fois cette semaine, quelqu'un a parlé de cette "autre voix". Celle feutrée, grave à en être de velours milleraies. Mon autre voix, je sais, oui, je la connais bien, qui me laisse un sourire au bord des yeux. Puis des larmes parfois. Lui,  ignorant de moi, l'appelait "ma petite voix". Il ne savait pas toute la paix  grondante, éraillée d'avoir crié des peurs vaincues pour un instant.
Je n'aime pas que l'on parle de cette voix là, qui me dénude jusqu'aux soupirs.
Je vais devoir te mentir, dire une rage de dents, pour te mentir ma rage en dedans, enflée de ce dégoût de moi qui parle dans mon dos d'une petite voix.
Je veux me taire.
Je me terrai.
Mes lumens ont une autre voix.

9 octobre 2008

Cœur d'argile

Il est ce squame que je décolle, par habitude, sans même remarquer la plaie qui suinte. Comme ces cicatrices anciennes, fils nacrés qui tracent les chemins de la vie, et qui lancent un nerf oublié dans la chair recousue. Ongle cassé qui s'accroche aux rêves soyeux de mes nuits.
Malgré le soleil qui s'embrase, et le parfum des mousses. Malgré les bouches douces et le vent vert.
Il est là, compagnon familier, ombre froide au creux des soleils irradiants. Toujours présent, vacillant entre vapeur et raideur.
Et je vis, survis, résiste.
Il est là, herbe folle aux racines en pivot dont les radicelles s'accrochent à la terre, survivant aux sécheresses et au gel qui fracasse tout en surface.
Je suis l'enfouie, au cœur d'argile, terre mère qui craquelle et se modèle.
Je suis là.
Sur cette Terre qui me porte, déversant mon âme morte en mots jaunis.
Il est là.
Nous, et ma vie, en argile qui se craquelle.

26 septembre 2008

Goutte d'eau sale

Ça a été comme un coup de couteau. Je n'en ai jamais reçu, mais je suppose que la douleur doit être la même. Aiguë et violente. Avant de perdre connaissance.
Je me suis dit ça, bêtement, me rappelant la fois où j'ai laissé un petit bout de doigt tomber dans l'herbe du jardin. La douleur avait été très brève, juste sur le moment. La lame avait tranché net. Ce ne fut qu'après les soins que les nerfs amputés m'avaient vrillée.
Là, ça a été pareil. Il y a eu ce mot qui a fusé. D'une vulgarité insoutenable. Une insulte à mon égard. Pour une poussière bizarre, dans un verre d'eau ; il s'était énervé et moi j'avais souri. Qu'est-ce qu'une saleté ? Rien. On vide le verre, on a cette chance, ici, de ne pas devoir aller au puits. Je souriais. Nous étions tous là, j'avais mis les petits plats dans les grands, pour fêter la fratrie réunie. Et il m'a insultée. Violemment. Dans un silence qui m'a anesthésiée. Je n'ai plus souri, plus rien dit, moi qui parle déjà si peu. J'ai été fumer une cigarette de plus, dans le jardin, en respirant comme on halète.
Mon fils. Oui, c'est bien ton fils, et tu as ta part de responsabilité. Son caractère lui est propre, et il est dur, oui, tu le sais, bien, sa maladie l'a endurci. Mais il t'a insultée. Avec une rage violente. Et c'est bien toi qui l'a éduqué.
Sans un remords, sans un regret, sans un mot d'excuse après. L'insulte était méritée, tempête dans un verre d'eau. Je n'ai pas su lui apprendre à respecter - au moins - sa mère.
Depuis je le regarde, aller à la fac, manger. Je le regarde parfois, quand il est trop visible. Et je réponds aux questions. Oui, non.  Et j'ai honte, une honte terrible, d'avoir éduqué un enfant qui peut insulter sa mère.
La sœur aîné a rajouté ceci ; "le silence aussi est une violence."
Le soir, à l'abri de la nuit, j'ai pleuré.
Je crois bien que je continue depuis, sans plus aucune larme, avec cette absolue douleur de ne pas comprendre ce qui sera pour toujours incompréhensible pour moi.

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