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Eau vive
29 juin 2007

Noix de mot

J'ai cassé la drupe bosselée et pelé la peau si fine.
Le mot, tendre et blanc, plume de signe, de noir à blanc,
Le mot nu perla, laiteux.
Dans les sillons gravés de la peau,
le suc traça de nouveaux chemins de mots.
Nouveaux-nés, fragiles et si vivaces,
qui encrèrent de brou les doigts.

-mot à mot-
pli-ploc
langue de signes
signe des langues
dis moi ton sens
éclabousse moi.

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18 juin 2007

Commune présence

Ce poème... bon dieu, ce poème....

" Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.

Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union."

René Char

7 juin 2007

Soliloque sans queue ni tête

J'ai perdu le la, il me minait, le pervers,
la-minait
et troué le sol qui me porte, par dessus mes dessous, jusqu'au
sous-sol
J'ai retrouvé le si, dans des mots nus qui s'étaient enflammés et avaient rougi des
si-nus
Mais la clé, la clé de sol, où est-elle ?

 

J'ai égaré le do, au coin d'une page époustouflante
do-page
Et dominé le ré, mais au prix d'une union déprimante
ré-union.

Et la clé ? la clé de sol ? vraiment personne ne peut s'y fier, même pour
sol-fier
Il fallait bien trouver un fa, pour décrocher le gros lot, tel un gogo un peu
fa-lot

1 juin 2007

Garonne

J'ai le cœur Garonne,
les yeux chargés de flots, le ventre de limons.
Le c
œur Garonne,
couleur des briques humides .
J'ai le cœur Garonne,
qui tremble et gronde.
Le c
œur qui bat Garonne,
lourd des troncs qui s'y cognent.

Et je me fracasse en vague à l'âme
sous les arches
des ponts
rouges.

Garonne
© Didier Taillefer

26 avril 2007

Ma pierre de lune

tu as si souvent éclairé mes noirceurs... ma douce et belle...
au creux de ma paume, au creux de ma ventre.
Les matins te givrent de mon mal à vivre.
De l'ivraie, de l'amer...mais toi, ma pierre de lune, qu'y peux-tu, ma translucide ?

 

 

Ma douce, ma belle, ma fraîche et forte pierre de lune, pourrais-je encore rêver ?
Je voudrais fondre au sein de tes courbes douces.
Je voudrais ton coeur qui se pare de mille couleurs arc-en-ciel.
Et devenir immuable.
Je voudrais mon âme de sable fondant en brasier,
j'ai mal de ses grains tranchants qui me rayent sans façon.
Je voudrais un feu qui me consume. J'ai si froid, tu sais.
Je voudrais, ma si belle et douce,
que tu me prennes en toi.

 

Pierre_de_lune_3

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26 avril 2007

Mon azertyiop

Feuilles blanches, fouillis de mots, de papier brut, feuilles enfuies, aux fils tramés, de couleur pastel, vives, bleuies, noircies, agrafées, éparpillées, délavées de larmes, impudiques.
Feuilles de vigne verdies, feuilles froissées, déchirées, vomies, honnies, dépliées jusqu'à ce que mots se dissolvent, feuilles telles mes peaux, striées de cicatrices, de croûtes arrachées, feuilles de soie douce et friable, jaunies, scotchées, éparpillées, arrachées, d'un seul côté, recto-verso, feuilles amputées de coins arrachés, qui se déplient, se dévorent, feuilles en confettis de rage, feuilles de stupeur d'avoir été écrites, feuilles en papier avion, tatouées dans mon cœur, postées, gardées et perdues, éperdues, volées, retrouvées et dérobées....
Je vous ai détruites, feuilles de ma vie. Certaines doivent traîner dans quelques tiroirs qui ne sont pas à moi, dans quelques livres en marque-page de ma vie jetée sur papier.
Feuilles maudites si je vous retrouve... seul le feu vous parlera. J'ai jeté ma vie écrite, l'ai piétinée rageusement, déchiquetée en pleurant, en riant.
Et ce fut votre automne, feuilles ramassées à la pelle.
J'ai planté des persistants dans mon jardin.
Je ne dépose plus en lettres coulées, je frappe et scande mon clavier d'azertyuiop.
Plus de lettres arondies et tremblées, elles sont droites et rigides comme des ifs, noircies d'encre virtuelle.
Je vous aimais, feuilles blanches, bleues et noires... mais je ne pouvais que vous détruire.
Je jette mes mots.

                                                     Alphabet
                                                     Zébré que j'ai
                                                     Eructé.
                                                     Râtures du
                                                     Temps,
                                                     Y
                                                     Ulcérant mon
                                                     Iris de cet
                                                     Ossuaire
                                                     Profané.

26 avril 2007

La marotte du vent

Tu frayes ton chemin,
Petit vent malin,
A la tête des grands pins.

 

Mais t'ennuies dans les branches hautes,
Et descends, c'est ta marotte,
Des filles dévoiler les culottes.

Tu te tentes à la cornemuse
P'tit vent qui s'amuse

 

Et t'essayes au cornet à piston
Gros vent du siphon.

Moi je t'aime comme amant délicieux
Quand tu ébouriffes mes cheveux,

Vent parfumé à la barigoule
Qui me couvre de peau de poule.

20 avril 2007

Le fou rire des limaces

Chuttt, écoute, ce sont les rires des escargots...
Chuttt, écoute, c'est le xylophone du cumulonimbus.
Regarde les dessins translucides des gouttes qui dévalent les vitres.
Elles se carambolent, c'est trop drôle.

Merde, merde, merde...
j'ai oublié
mon vêtement de pluie....
et ma coquille d'escargot
et mon préservatif géant de vélo
et un Kleenex format du ciel
et mon chapeau rigolo.

Mais j'entends les limaces naturistes qui ont un fou rire.

15 avril 2007

D'argile

Il y a le masque du temps en terre molle, et le vague, en empreinte.
Visage figé en sourires doux, pour ceux qui s'en rassurent.
Les craquèlements se colmatent du bout des doigts,
les yeux s'assèchent, il le faut.

Et le temps passe, sablier aux grains si lisses que rien ne l'enraye.
Et surtout pas les temps à venir.

Être, âme de statue d'argile sculptée d'une vie...
Être, sous ce regard qui me dé-compose, du coeur à la tête.
L'âme s'en fendille, et le sourire lisse les fissures du bout de la langue.

12 avril 2007

Génèse

Au commencement, furent créées les lettres.
La parole était orale et volatile : il y avait des surdités à la surface de l'abîme, et l'esprit de la parole se mouvait au-dessus des eaux.
On dit :
- Que les lettres soient.
Et l'alphabet fut.
On vit que l'alphabet était bon ; et on sépara les lettres d'avec la parole.
On appela certaines voyelles, et on appela d'autres consonnes.
Ainsi fut le premier jour.

On dit :
- Qu'il y ait une liaison entre les lettres, et qu'elle relie les consonnes d'avec les voyelles.
Et on fit la liaison, et on relia les consonnes d'au-dessous de l'écriture d'avec les voyelles d'au-dessus de l'écriture. Et cela fut ainsi.
On appela le fruit de la liaison phonème.
Ainsi, il y eut une consonne, et il y eut une voyelle, et elles s'assemblèrent: ce fut le second jour.

On dit :
- Que les phonèmes se rassemblent et qu'ils apprennent à en créer de nouveaux, en semences semblables et différentes.
Et cela fut ainsi.
Ainsi il y eut un mot, puis une phrase.
Ce fut le troisième jour.

On dit :
- Qu'il y ait des mots qui vieillissent et se transforment, dont sens s'affaiblisse ou grandisse, et des sages qui en gardent la mémoire, pour en éclairer le sens premier.
On vit que cela était censé.
Ce fut le quatrième jour.

On dit :
- Que le souffle puisse se prendre, et que des ailes portent les phrases. Que les soupirs, les silences, les cris, et tout ce qui fait la vie puisse se tracer.
Ainsi il y eut les , les ; les : et les . les ? et les !
On vit que cela était fécond.
Ce fut le cinquième jour

On dit :
- Les mots ont produit de belles choses que j'entends. De la poésie et des chansons, de la philosophie et de la théologie. Tout cela est bon et doit vivre éternellement.
Et on créa les feuilles issues du bois et l'encre pour tracer en calligraphie les mots dits. Tout cela fut fait, et les livres naquirent.
Ce fut le sixième jour.

Ainsi fut achevée la genèse des mots. On regarda les œuvres à naître et les livres encore inachevés. On aperçut les lettres égarées et les chansons silencieuses.
Voici les origines de tout cela. Jusqu'à l'azertyuiop. Alors on partit à la recherche d'un nouveau langage.
Ce fut le septième jour.

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