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Eau vive
12 avril 2013

Bois flotté

Je nageais, comme il y a peu, quand je plongeai mon regard dans les eaux de Cerbère, que tu aimes tant. Mon casque et mes bottes ne m'avaient pas prise au dépourvu, j'avais arrêté la moto, y avais plongé mes yeux. Cela me suffit, je vois dans ces eaux ton corps qui y glisse. J'ai si souvent partagé avec Toi des instants que tu ne vivras jamais avec Moi
Les années ont déposé sur mes plaies d'alors une étrange douceur qui me protège de la morsure du froid. Mon corps glissait et l'eau était si claire !
Les piétons, les tabourets si peu confortables, les klaxons, les frites imbibées, rien ne m'empêchait de nager, tu sais. J'aime nos instants. Je ne suis plus celle que tu aimes, mais je sais que tu m'as aimée. Cela me suffit pour être dans ces eaux où mon corps n'existe plus.
Oh, j'ai été stupide ! J'aurais du m'en douter. Je t'ai parlé ... de ce musée, là-bas, qui vient enfin d'ouvrir, où j'aimerais tellement aller balader mes yeux.
J'aime bien nager dans ces eaux d'un temps passé, délavées par des larmes dont j'ai bien cru qu'elles ne se tariraient pas, ces eaux du temps d'un éphéméride dont j'arrachais chaque page fébrilement. Tu te souviens ?  Ce compte à rebours, comme des mues qui m'auraient permis de ne plus t'avoir dans la peau ! Je ris. Cela fait tant de bien de ne plus avoir cette douleur de Toi.
Et j'en ai parlé.
Comme de tout, comme de rien. Comme d'habitude quand nous partageons ces quelques heures coutumières. Presque comme deux vieux amis.
Ton regard a pris cet éclat si amusant, toujours un peu surpris de nos coïncidences, ce regard qui me dit avant même tes mots que ...
 justement, ce matin.. toi aussi,  tu as pensé à ce musée et que...
Et que Vous irez là-bas.  Je te maudis des pensées que tu y auras pour Moi.
L'eau m'a refusé sa douceur où je glissais si doucement. J'ai flotté, les yeux brûlé de soleil.

Tu as griffé mes rêves de ta fierté de savoir que les mêmes pensées nous traversent encore parfois.
Ces concordances m'obligent à chaque fois à muer, encore et encore. Sans souffrir, juste comme une petite coupure familière sur laquelle je souffle.
Je flottais. Le corps porté par une Mer morte trop salée, entourée d'une bouée qui m'enserre, bois flotté, bois mort et délavé.
J'aimerais tellement aller balader mes yeux là-bas.
Pas encore. Je dois demander à Moi si elle est d'accord pour m'y accompagner et mâchouiller mes mots en écho le long de canaux où l'eau glauque ne porte pas de bois flotté.
Je n'aime pas être sur la surface, portée en équilibre telle une feuille morte. J'aime me glisser, corps mouvant, dans l'eau.
Je n'aime pas flotter.
Je n'aime pas nos concordances.

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