Son âme ronde
Ma main sur ses arrondis, comme une amante, lissant de crème blanche ses flancs.
La lumière s'y reflète comme un ruisseau qui vagabonde, fuyant le rectiligne, se courbant en ondulant.
Je lui parle, caresse ses plaies, suit du bout des doigts les cicatrices qui la parent. Parfois je m'y cloue de tout mon corps, écartelant mes bras pour mieux la vivre en moi.
Je vis une histoire d'amour avec les murs de ma vieille maison. J'entends les échos des générations qui l'ont façonnée tour à tour, je panse les coups qu'elle a reçus. Je l'aime. Comme un ancêtre, comme une vieille femme dont le parfum un peu poussiéreux m'apaise. Je l'aime pour toutes ses rondeurs, ses éclats de cellulite, ses fractures.
Je la console de mes gestes qui la dénudent. Je veux la laisser belle pour ceux qui l'accompagneront. Je dois partir. Je dois fuir un jour cette vie si rectiligne où je me cogne.
Et laisser cette maison dont l'âme ronde me sourit.