A bicyclette
Les yeux parés de givre et le nez humide, mitaines qui enlacent les doigts, bonnet doux aux oreilles, et les glands secs qui crépitent sous les roues du vélo, le temps d'un matin comme dans une forêt noire.
Tout autour, le ciel de drap marine troué de brandons brûlants, les lampadaires dépliés dans un halo mousseux, heures froides et blanches et noires, où le temps s'emmitoufle.
Repliée autour de la chaleur de ma peau, à l'affût de la morsure d'un vent coulis qui brûlerait mes bras de frissons glacés, tout devient alors comme quand vient la nuit, quand la main tâte le drap un peu trop froid, que le corps se roule en boule, bouillotte de chair nue.
Là-bas tout au loin, très loin, le rose et le violet, encore tout délavés, dessinent la naissance de l'astre.