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Eau vive
30 septembre 2009

Générale d'opérette

Si j'étais vraiment raisonnable...
Ils sont tous là, rangés si bêtement dans leur champ tiré au cordeau où se déroule une drôle de guerre.
Si j'étais vraiment responsable...
Je les prendrais à revers, eux qui se sont figés en rangées stupides si bien ordonnées.
Puis je les ferais parler.
Je les ficellerais sur un axe et les triturerais, les torturerais jusqu'à l'exsangue.
Je suis payée pour cela.
C'est mon métier, de les faire avouer.
Mais moi, je vois la misère et la violence tout autour d'eux, eux qui sont perdus dans un monde qui n'est pas le leur. Soldats de plomb dans une guerre qui n'est pas la leur, pas la mienne. 
Je ne suis pas raisonnable, ni responsable...
Alors je joue avec eux, tant qu'ils ne savent rien de leur destin.

Je les dessine en belles courbes à double axe, en pyramides inutiles, en diagrammes colorés qui parlent en couleurs de ce monde que je n'aime pas...
Ce monde de chiffres où je suis générale d'opérette.

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29 septembre 2009

Rire

Ce n'est pas de faute, je le sais bien.
Quand tu aimes me parler avec tes mains,  j'entends en rime putain.
Tu ne sais pas alors combien je deviens sous tes paumes vulgaire catin.

Alors j'écris.

Pour ceux qui ne poseront jamais leurs mains sur ma peau satin.
Pour eux qui ne connaissent pas mon sexe écrin.

Je t'ai dit le besoin des mots, écho de tes mains.

Des mots velours.
Des mots presque d'amour.
Pour voiler de volupté les humeurs de tes doigts et me parer de décence.
Pour apaiser mes douleurs crues teintées de cendres.

Et tu as ri.
Ri.

28 septembre 2009

Vent coulis

Petit vent coulis dans ma tête, parfois, pirouette.
Quand j'ouvre grand mon cœur il s'engouffre et vient chambouler toutes mes pensées bien ordonnées.
Ce petit vent malin sait trouver le soupirail que je ne ferme jamais. Je n'ose pas le verrouiller, de crainte d'avoir des petites pensées  parsemées de moisi.
Tant pis, mes idées sont toutes décoiffées, ma raison tourneboulée et des feuilles jonchées de mots désordonnés parsèment mon en-dedans.
J'entends des bruissements, ça danse et tourbillonne, c'est si gai.
Et aussi les notes de ces musiques qui me berçaient enfant, et les clapotis de l'eau dans les grands coquillages salés. Parfois aussi, la plume d'une mouette qui me caresse la mémoire.
Tous ces moments de bonheur chauds comme un lagon.
Vois-tu, quand le vent coulis dans ma tête, parfois, pirouette...  j'entends... ces mots d'amours défuntes au parfum de brin de lavande sèche. Ces mots si pauvres qu'ils me sont infiniment précieux. Des mots doux et sucrés, poivrés de cet autre qui me les murmuraient.
Ces mots, pour moi seule, comme un écho qui fracasse mes silences.

Tu vois, l'Homme, le vent dans ma tête, je l'aime. Parce que je ne serais pas moi-même si je devenais si grande et responsable et raisonnable. Parce que je deviendrais alors aussi triste qu'eux tous.

25 septembre 2009

Minette

Minette chez toi se balade. Elle a choisi ta maison pour grignoter un petit supplément de croustillance. Et frôle parfois tes mains ouvertes vers elle, pour t'en remercier.
Minette, elle est Minette parfaite, dis-tu.
Douce sous ta paume, silencieuse et frugale, qui ne demande rien, consent simplement à te regarder du coin de ses yeux félins. Faisant quelques pas de chat et s'en allant sans un bruit. Presque apprivoisée, jamais tout à fait là, ni tout à fait loin.
Minette ne trouble pas ton état délicieusement volatile de fumeur de pétard et ronronne au rythme des musiques qui swinguent. Jamais elle ne demande plus que ses croquettes. Il ne lui viendrait pas à l'idée de batifoler de pièce en pièce, Minette est si discrète, le petit coussin du canapé lui convient.

Ne m'appelle pas Minette !

Je n'aime pas tes croquettes, tes pétards, tes mains avides de me prendre. Je n'aime pas ronronner quand il le faut et pirouetter avec grâce. Je n'aime pas devoir être furtive et ne laisser d'empreinte que sur un coussin. Je vais lacérer tes fauteuils, laisser des traînées délicieusement ammoniaquées sur tes plantes vertes. Je vais enterrer tes boulettes, mettre des mites dans tes céréales biologiques et un sucre dans ta moto. Je vais faire mes ongles sur ta peau, devenir allergique aux croquettes, perdre mes cheveux sur tes tapis, griffer tes habits. Je vais faire le gros dos et lancer des éclairs de colère avant de cracher ma rage, je vais déposer des têtes d'oiseaux tout écrabouillés sur ton oreiller.
Puis j'irai chez ton voisin.

24 septembre 2009

J'veux pas

Non, ça ne se discute pas.

Je ne veux pas.
Pas non plus en ar-ti-cu-lant en bon français châtié..
J'veux pas qu'elle déprime pour un homme, que ma roue crève, et que les haricots verts soient trop cuits.
J'veux pas que le blanc jaunisse sur le mur, que mon foie agonise par manque d'excès, ni que les tomates se fripent.
J'veux pas me faire arracher les dents, que son prof soit dérangé, et que tu sois malade pour de vrai.

Je ne veux pas, te dis-je
.
Même en te parlant gentiment.
J'veux pas qu'on me polisse le corps jusqu'à le dépolir, et des bestioles dans mon jardin.
J'veux pas avoir des ampoules aux pieds, et des champignons ailleurs que dans les sous-bois.
J'veux pas perdre mon pull si doux, un chef qui se la pète, ni que tu t'en ailles à l'hôpital.

Je ne veux vraiment pas. Non et non.
Même si je ne le dis pas.
J'veux pas que le monde soit fou, les klaxons dans la rue, les femmes qui ont peur.
J'veux pas oublier le goût de mes bonbons colorés, mes papiers d'identité et mes souvenirs d'enfant.
J'veux pas pleurer toute seule, la machine qui lave tout en rose et ma moto en panne.

J'veux pas, tu sais, j'veux pas te dire tout ça.
Si tu savais tout ce que je ne veux pas... si tu savais...
Tu m'offrirais quelques minutes de je veux dans tes bras ?

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24 septembre 2009

Passeport biométrique

 La  main posée, bien appuyée sur la vitre froide, je regardais la lumière verte. Elle retourna l'écran de son ordinateur pour me faire découvrir les sillons si bien tracés. Elle les trouvait belles, mes empreintes.
Pour toujours je suis devenue celle à qui l'on donnera son nom, par les dessins creusés au bout de mes doigts.
Tracés dans des bases de données, mes sillons se sont magnétisés, attachés à tout jamais à l'heure où je suis née dans ce monde.
Dans des bandes magnétiques, ils ont trouvé leur port d'attache.

Je suis désormais biomaîtrisée.

23 septembre 2009

Pardon mon ami,

                        je te demande pardon de reculer en pas de chat quand tu t'approches de moi. Cela t'a bien fait rire le jour où je me suis retrouvée acculée au mur de mon bureau. Il paraît que mes yeux ont reflété la panique. Tu m'as avoué que tu voulais juste savoir quelle était ma distance de sécurité, et tu l'as trouvée : 50 cm. Si cet espace en carapace se réduit mes pieds reculent. Mon corps se balance à la recherche de cet équilibre fragile qui t'empêchera de me toucher. Mesure donc la longueur de ton bras, tu verras que je me maintiens à une même distance ...
Tu tentes de me dire de ne pas avoir peur. Tu me vois vous embrasser quand nous nous retrouvons au-dehors et tu ne comprends pas pourquoi je ne suis plus la même quand nous partageons nos bonjours du matin, nos repas du midi au restaurant d'entreprise.
Vois-tu, mon ami, si je me laissais aller à t'embrasser tous les jours avec le bonheur que cela me procure, je sais combien cela me manquerait, après. Tu deviendrais mon seul baiser quotidien et cela m'est insupportable. Tout comme les chocolats que je refuse si je ne peux en prendre qu'un.
Ce n'est pas pareil quand nous nous retrouvons chez les uns, les autres.
J'aime les baisers sur vos joues, y appuyer mes lèvres et humer l'odeur chaude de l'amitié. J'aime poser ma main sur vos épaules,  et laisser un instant ma nuque oublier de soutenir ma tête. J'aime me glisser quelques secondes dans vos bras en riant. Parce que je n'ai pas peur d'y glaner un brin de bonheur. Vous retrouver, c'est moissonner des baisers dorés comme les blés.
Et si tous les jours je devais me contenter d'un bonjour du bout des joues qui se touchent sans trop se toucher, comme il faut le faire, du bout de la peau, je détesterais cela.
Je n'embrasse pas. Je ne sais donner que des baisers.

22 septembre 2009

La mue du baiser

Et l'autre qui ne saura pas.
Ce poids tellement lourd qu'il m'étouffe de rage. Ce manque  drapé de plomb à la taille  frêle d'un sourire qui s'esquisse. Ce besoin si lourd, tellement lourd, d'espoir.
Prendre l'autre par son corps. Fermer les yeux, comme atteinte par la grâce, fermer tout ce qui peut me dire le mensonge que mon regard transpercerait. Croire que les peaux se desquameraient et que je serais enfin nue.
Sentir l'horreur de cette odeur qui s'infiltre et me glace. Flux insidieux. Là, il est là pour se pourlécher les sens, pas pour t'aimer. Ce manque qui crie et suinte de mes yeux, ce manque aigu qui transperce mes lèvres. Me taire. Et fuir.
Et l'autre qui ne saura pas.
Je porte la haine de ces instants de grâce, en faux-semblants d'amour. La haine de ces mots là.
Amant n'est pas aimant.
Aimer n'est pas baiser.
Et mes lèvres craquellent de ces mots qui crèvent en lettres sales.

21 septembre 2009

Attendre

Le temps a perdu son piment qui m'enflammait. Depuis que j'ai égaré ma montre au fond d'un tiroir, le temps est  là, à côté de moi, sans plus jamais m'envahir de flammes à retard.
Je lis dans la lumière du ciel comme le temps d'un  cadran qui n'est plus jamais solaire. Je lis dans mon corps reposé l'heure de me lever.
Partout tout autour, écrans,  ondes, enseignes, téléphone... partout l'heure que le monde règle au méridien près s'offre à moi. Cela me suffit à remettre à l'endroit mon temps qui parfois se tricote à l'envers.
Je n'attends plus, gardant le simple souvenir de ces douleurs lancinantes qui vrillaient mon impatience.

Mais, parfois... comme j'aimais ces élancements de secondes si lourdes, à l'heure du rendez-vous.  J'ai rendez-vous, rendez-vous avec vous.
Il n'y a plus de vous, plus de lui, plus de ce temps exquis qui ronge si lentement les moments d'avant.
Je regrette alors ces regards vifs en ritournelle vers ces foutues minutes immobiles.
J'ai perdu cette petite douleur, sel et poivre tout à la fois, merveilleuse saveur du parfum d'un met qui, doucement, si doucement,  m'offrait un rêve à vivre.

18 septembre 2009

Toi, mon autre

Parfois, dans ces instants de grâce où les fissures laissent la lumière s'infiltrer, parfois, éclairée d'un vrai amour pour moi, je me regarde et me console. Prenant au creux de mes mots les plus doux celle qui se pense mal et lui dit alors combien elle est autre.
Elle me regarde et je crois bien qu'elle a confiance en mes mots. Elle pleure doucement, puis sourit. Et chante en riant. Puis la fissure doucement s'opacifie, les bords tranchés se ressoudent inexorablement, et je ne la vois plus.
Elle se revêt de cet étrange habit de peurs muettes qu'elle a tissé.
Je la regarde, impuissante, même pas en colère, même pas. Juste habituée à ses absences.
Et elle poursuit sa route. Mendie aux quatre coins de ses rencontres ces mêmes mots qu'elle me refuse, à moi, sa sœur, sa jumelle, son elle-même.
Elle voudrait un inconnu, un ailleurs où je ne peux l'amener. Elle ne veut que l'absolu d'un amour au parfum si familier qu'il la rassurerait.
Toi, mon autre, écoute moi.
Nul ne pourra t'aimer tant que toi, ne voudras pas de mon amour pour toi.

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