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Eau vive
30 août 2008

Le temps en point de riz

Je ne sais pas avorter mes mots. Je devrais peut-être.
Il me faudrait ne plus répondre au téléphone. Couper ce fil qui bat encore d'eux à moi. Mais je ne le fais pas. J'ai plaisir à écouter. Si seulement mon silence pouvait alors suffire ! Mais je réponds encore aux interrogations, aux questions balbutiantes sur la peine à vivre heureux de lui, ou d'elle.
Je ne devrais pas répondre, alors.
Je le fais pourtant, m'échappant de mes murailles familières, par une porte dérobée dans la frontière de ma solitude paisible.
Mais l'autre, l'autre qui espérait mes mots en cascade fraîche, mes réparties amusées... L'autre peine à croire que ma réalité est là. Dans un étrange compte à rebours. Quand ils seront partis et autonomes. C'est mon échéance. Parce que je suis responsable d'autres vies que la mienne. Je n'attends pas, ne compte pas. Le temps à l'envers s'est enclenché.
C'est un petit désespoir familier qui m'habite. Qui ronge l'avenir, et se nourrit de projets morts-nés. Une petit gnome qui m'habite sans que je ne l'ai convié à rester, et qui a posé ses pieds déchaussés sur ma paix.  Il a pris ses aises, avec une assurance tranquille, et il m'arrive même de l'oublier, le temps d'un partage d'amitiés.
Mais tout cela devrait rester tu. L'autre n'a pas à entendre ces mots qui peuvent faire peur. Non, je suis très paisible, et je n'ai mal que très doucement. En réalité tout va bien, tu sais.
Je ne vais vers rien. J'attends, tout simplement. En continuant mon bonhomme de chemin.
Un jour à l'endroit, un jour à l'envers.

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29 août 2008

Faillite annoncée

"Le verre cassé ça porte bonheur"...
D'abord, une petite précision, ça porte peut-être bonheur, mais uniquement à ceux qui n'ont pas le soin de devoir ramasser ces foutus débris tranchants, soit dit en passant... Bref je casse beaucoup depuis quelques temps. Comme quoi il n'y a pas que dans ma vie affective que je fais le ménage par le vide. Sauf que je ne trouve guère d'amant de remplacement au supermarché... alors que les verres... quel choix ! Bon, pour l'instant vous ne voyez pas de rapport avec le titre. Parce que je ne suis pas allé au Faillitaire, mais à un banal supermarché. Ce n'est pas grave, j'aime bien donner la clé du titre à la dernière ligne... Bref me voici pourvue de 24 nouveaux verres cassables-à casser -à caser. Et à laver. Sans lave-vaisselle depuis que le mien a rendu son âme à la décharge.
24 verres.
Pas grand chose.
Sauf pour les étiquettes.
Monsieur le Président Directeur Général de Lumimachin pourquoi vous obstinez-vous à coller une étiquette auto-collante-superbes avec tout plein de couleurs, lumi sur chacun des verres que vous vendez par pack de 12 ? Pourquoi ? Franchement, j'ai tenté de comprendre, je vous assure ! Puisque nous ne les voyons, ces foutues étiquettes, qu'une fois le carton dé-scotché, et dans le seul but de pouvoir utiliser des verres. Donc sans étiquettes dessus. Si je ne m'abuse. C'est peut-être chic de boire avec des verres estampillés ? Possible... s'ils sont soufflés à la bouche alors. Ceux-là ne sont pas en cristal, ils ressemblent à des gobelets en verre solide, format et look transcendantal cantine d'école primaire. (je préfère préciser, parce qu'il y a aussi une cantine à l'Elysée, et que la verroterie ne doit pas être la même que la mienne...) Donc -oui, j'ai déjà signalé dans ma première note que ma spécialité, c'était les digressions-, donc monsieur le PDG, pourquoi dépensez vous des rouleaux de papier autocollant, des encres polluantes et de la main d'œuvre certainement robotisée pour décorer ce qui ne sera vu et perçu dans la seconde même comme un p**!$ de b§*** de truc à décoller un à un.... Pourquoi ? pour avoir un jour la chance de connaître la faillite ? Merde alors, non seulement c'est de l'argent foutu en l'air, non seulement c'est horripilant, mais en plus vous dépensez de l'argent qui pourrait peut-être servir à augmenter vos employés ? Et je précise que je n'ai aucune famille qui travaille chez vous ! Sinon j'aurais des verres "tombés du camion", hein ! et sans étiquettes...

27 août 2008

Patron,

c'est drôle, je suis sûre que personne n'ose t'appeler ainsi. Mais notre histoire, n'a été qu'une faillite annoncée, alors...
Désolée, Monsieur Patron, mais je ne veux plus vous voir. Vous pensiez être touchant ? bégayant être amoureux ? 
Bien sûr, je le sais, vous ne vouliez pas l'être. Vous n'en avez pas le temps, vous me le dites. Mais vous êtes prêt. Maintenant.
Je n'ai dit que  "non". Non, je ne veux pas vous revoir. Non, je ne veux pas votre aide à mon bonheur. Non non non.
Ma petite entreprise de vie, grâce à vous, a été quelque temps en faillite.
Parce que vous avez fui.
Trois mois. Sans un mot pour moi. Douze semaines de silences.
Et bien moi, pendant ces trois mois là... j'ai pleuré un peu, repassé mes paupières, lissé mon amertume, rajouté un peu de misérabilisme à mon estime de moi. J'ai écrasé le petit espoir de bonheur qui avait éclairé mon coeur. Et tant que j'y étais je l'ai jeté à la poubelle, la rouge, celle des risques à ne plus courir.
Comme je suis non aimable, vous le savez bien, je vais même glisser ici la lettre que vous n'avez jamais lue, que je vous ai écrite avant que vous ne disparaissiez en silence, une lettre que vous ne lirez jamais. C'est terrible, cette méfiance, je m'étais protégée de vous, n'ai jamais avoué avoir ce goût des mots au bout des doigts. C'est l'âge, la prudence, l'expérience...c'est bon de vieillir. Deux lettres pour le prix d'une, c'est scandaleux, non ?  Vous comprenez mieux pourquoi je vis assez bien avec si peu, n'est-ce pas ? Allons, la voilà. Rien que de la relire ça me fait drôle. J'aurais pu, vous savez, j'aurais vraiment pu. Mais on ne part pas comme ça, sans un mot. Non, on n'a pas le droit. Et je ne pleure plus votre prénom.

Je l'avais appelée "Une histoire simple"...

"Tu veux savoir à quoi je pense en te regardant, au loin mais pas trop, là, quand tu parles avec ton italien d'ami ? ou quand tu croques tes pilons grillés en savourant les milliers de calories que tu engouffres en croyant mincir peu à peu. Tu sais à quoi je pense parfois ?
Que je voudrais vivre une histoire avec toi.
Pas une compliquée, tu sais ! Juste une histoire remplie de rire, de sexe, de mots en trop, de silences qui vont s'échapper, de sourires pur verres en trop, de langues douces et de ventre replet, une histoire de bridge qui se décolle et de matin grognon, une histoire de peaux qui s'assemblent encore et encore, et même une avec tes larmes quand j'ai voulu partir.  Je voulais être précieuse pour toi. Une histoire qui continuerait comme elle a commencé, quand tu as juste dit "tu me plaîs tant". Simplement. J'ai trouvé ça très étonnant de tant te plaire et de lire tes interrogations dans un regard soudain plus du tout sûr de lui. Oh, je sais bien que cela ne t'a pas fait rire que j'appelle ta voiture, la grosse boîte noire. Et que je t'interdise de garer devant ma maison l'autre, là, le stupide engin m'as-tu-vu qui a un cheval en insigne. Ou un autre truc. De toute façon, Porsche et BM, pour moi, c'est du en trop de chevaux. Je sais, tu aimes les belles mécaniques ; paraîtrait que j'en fait partie, merci. Une antiquité bien rôdée, tu apprécies... Moi je n'ai pas l'habitude d'aimer les hommes trop. Trop riches non plus. Mais bon, tu es un redoutable travailleur, un vrai créateur de concepts et d'entreprises. Qui marchent.
Et moi ?
Je n'ai de bien le plus précieux que du temps... Et cela t'épate quand même un peu. Du temps, que je laisse glisser sans refermer mon poing pour le capturer, le décompter. Du temps pour rien, sans ennui. Même pas pour toi. Pour moi seule des pans de rien.
Et toi...
Tu ne sais pas ce qu'est le rien... et tu n'es pas souvent là. Oui, je sais, j'ai entendu tes messages sur mon répondeur. Tu pars encore. Qu'importe, si je suis quelque part en toi, cela te suffira d'avoir des pensées de douceurs inutiles. Ton temps, sans compter, parce que tu es un vrai chef d'entreprise. Et le mien, en contant, parce que je suis une vraie rêveuse.
Moi, j'aime les contes. Ceux qui sont si jolis que personne n'y croit. J'aime les histoires simples, où ils s'aimeraient pendant longtemps. Pour de rien, pour de même pas peur, même pas mal. Tu viens ? "


Tu n'es pas venu, je n'ai pas eu le temps de te l'offrir, cette lettre d'amour.
Il ne fallait pas partir, puis revenir : même à moi, la coriace, cela m'a fait mal.
Bonne route, Patron.

27 août 2008

Sans gêne

Le tambour du temps qui passe m'a aidée ; je l'ai lavé, javellisé, frotté, récuré, blanchi, reteint, repassé, défroissé de ma paume alanguie de vapeurs odorantes. J'y ai enfoui mon nez, et mon coeur, dans un corps à corps aseptisé.
Il ressemble maintenant à un chiffon pour vie passée au polish. Il s'est sali d'avoir trop voulu rester vierge de traces. Il s'est délavé de tant avoir traîné aux rayons de soleils de minuits. Les clairs de lune grège lui auraient mieux convenus, certainement.
Il a supporté les germes, les souillures et quelques accrocs mal raccommodés. Il tenait le coup, et je m'y drapais encore avec la volupté orgueilleuse des femmes libérées des jougs anciens.
Je vous le dédicace, sur un revers, à l'encre indélébile...
Aux hommes trompeurs, aux hommes sûrs d'eux, aux hommes balayés d'un revers d'un amour volage comme un désir.
Aux amants réducteurs, empressés, engagés à tout sauf à l'indicible volupté du rien.
Aux déclarations virginales camouflées sous un treillis phéromonique.

Mon amour-propre a vécu.
Paix à son âme.

24 août 2008

La peur

Pour être sûr de ne pas se blesser il avait choisi de partir. Sans un mot. Nulle lettre qui aurait permis de comprendre sa fuite.
Elle avait regardé avec nostalgie quelques photos, des rires, des éclats d'eaux. Puis avait décidé d'oublier. Le chagrin ne la rétrécirait pas davantage.
Le voyageur solitaire avait eu besoin de soupeser, d'archiver les anciennes blessures, tentant d'aseptiser la nouvelle petite plaie qui avait agacé son ordre établi. Elle. Elle était comme un vieux rhumatisme sur un genou blessé. Cela perdurait. Le temps n'y faisait rien. 
Il revint. Avec un bouquet de mots flamboyants. Une gerbe de soupirs au pollen traître.Il ne comprit pas qu'elle se fige.
Où était donc son sourire lumineux ?
Qui avait osé lui faire de la peine ?
Qui ?
Elle le regardait. Cherchait les épaisseurs où apaiser ses douleurs.
Il était parti sans un mot.
Il revenait avec une feuille blanche et une plume arrachée à ses silences.
Ce fut la peur qui traça le premier mot.

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23 août 2008

Dédicaces

À l'amant phéromonique
dont le sexe s'érige dès qu'il me frôle.
À l'amant marié
dont je ne saurais jamais si son amour est un leurre.
À l'homme pressé
qui pleure maintenant mon absence mais n'avait jamais le temps de m'en offrir un peu.

Le rouge baiser en a marre de l'être.

 

19 août 2008

Toutnicoton

Femme en kit
quitte et quitte et colégram
Femme en stock
coke and joke

Femme entreprise en faillite pour cadres aux indices faillibles... la vie est un bazar étrange de cent ans d'âge. Les bourses qui gouvernent le monde...  Quelles sont-elles ?
Les vieillards aux regards blanchis voient ce qui se voile aux vivants. Manège aux ritournelles familières. Et la planète tourne et tourne. Inexorablement.

Tournicoti
tourni
coton
et soie

18 août 2008

Pars, mon aimé

    Oh je l'entends clairement, cette pensée qui te grignote, tes désirs à peine assouvis de m'aimer encore un peu... Partir, et ne plus jamais revenir. Non, jamais n'est que dans la mort, bien sûr. Mais ne plus revenir sans que le hasard ne franchisse le pas d'un destin où ta volonté n'existerait plus.
Pars, fuis-moi, en ultime cadeau. Je sais que ce serait une offrande qui n'a pas de prix. Et qui t'apporterait la paix.
Laisser le fil qui mène à moi se dissoudre, endormir pour toujours ce désir qui gronde au creux de nos corps quand nos mains se nouent.
Pars, mon aimé. Si tu crois ainsi apaiser la douleur qui ternit mes yeux sans que je n'y prenne garde. Pars, puisque tu crains être responsable de ma peine à vivre.
Je ne te retiendrai pas. Je crois que c'est ce qui te fait le plus de mal. Mes yeux au fond des tiens, qui s'emplissent mais ne baissent pas. Sans un mot.
Qu'importe le silence.
Tu as vu.
Que le verbe aimer ne se dissout dans le temps.
Que ce toi, ce moi, c'est un nous qui n'existe pas et nous tient pourtant liés profondément le temps de ... Si peu de temps.
Je crois parfois que tu aimerais que je pleure à gros sanglots. Que je te murmure de rester encore un peu... Que je te dise ma haine et ma rage. Mais aucun mot, jamais. J'ai la haine de moi, comprends-tu ? La rage de t'aimer malgré moi. Mais toi, que peux-tu de ces douleurs ?
Partir ?
Pars, mon aimé.
Je t'aimerai.

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