c'est étrange. Vous êtes déjà là.
Tiens, elle a écrit. Avez-vous eu au moins cette pensée ?
Non, pas "elle", d'ailleurs, plutôt "Oviv", sans consistance, objet virtuel, lien internet, blog. Alors vous ouvrez la page du jour. Étrange mot que "page", pour ce qui n'est qu'un écran...
Consciencieusement, minutieusement. "Clic" et vous voici. Guère plus difficile que ça.
Opération copie maintenant. Combien de secondes cela vous a-t-il pris ? Moins de 60 en tout cas, je le sais. Les stats, on appelle ça comme ça. Elles me donnent l'information.
Vous m'archivez sous Word, monsieur le passant ? Vous avez donné un titre à ces dizaines de pages ? "Blog Oviv "? Vous les conservez mes mots, ça, j'en suis presque sûre. Pas moi. Si canalblog disparaît, je perds mes mots. Mais vous, vous les aurez. Ils seront quelque part en France, puisque j'ai le nom de votre ville, aussi.
Comment faites-vous, passant, chez vous ? Un petit mouvement précis de la souris quand vous arrivez sur la note du jour, pour sélectionner le texte de la première à la dernière ligne ? Par CTRL+ A ? Mystère. Hop, copié-collé. Le texte est enregistré. Et cela dure depuis des années. Depuis mon second blog. Celui de l'oiseau. Jusqu'au précédent. En éphéméride. Parce que vous m'avez écrit juste une fois, celle où vous avez craint de ne plus me retrouver dans mes méandres d'écriture. Vous vouliez "s'il vous plaît" ma nouvelle adresse.
Cela vous suffit donc de lire ? de tout savoir de ma vie, et rien en même temps ? Combien de blogs téléchargez-vous ainsi ? D'ailleurs cela m'arrive d'en rire. Quand je vois votre IP passer en moins d'une minute à chaque texte que j'écris. J'ai donc eu envie de vous dédier cette lettre, parce que le monologue me fatiguait, que vous sachiez quand même que ce n'est pas anodin, votre démarche de passant muet....
- Si son disque dur fond, il y a une dépression au bout.
- Ah bon, tu ne crois pas qu'il imprime ?
- Si ! Pour être si consciencieux dans ses téléchargements, il doit imprimer.
Vous voyez, je me fais mon cinéma. Parfois, je suis en colère contre vous, je vous traite de voyeur. Parce que vous ne vous intéressez pas à moi, juste à mes mots. Mais jamais vous ne me dites rien d'eux. Jamais. Je n'ai aucune idée de ce qui vous plaît, vous déplaît, vous met parfois en rage. Corrigez-vous les fautes d'orthographe qui m'ont échappé ? Vous savez, passant, ce n'est pas un livre, un roman. C'est un blog, un endroit où l'on peut avoir un contact avec la personne derrière les mots. Pour lui donner vie.
Aujourd'hui je suis en colère contre vous. Et j'ai eu envie de supprimer ce blog pour vous apprendre à tendre un peu la main vers l'autre. Parce que c'est comme une drogue pour vous, j'en suis sûre. Mais je ne le ferai pas, c'était une pensée stupide, j'ai juste moins envie d'y écrire depuis quelque temps, mais cela me passera, je l'espère.
Il y a quand même quelque chose qui me fait rire, c'est de savoir que vous téléchargerez ces mots et les mâchouillerez en ruminant. Sans un bruit.