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Eau vive
9 juin 2007

Leçon de choses

Extraite de mes vieilleries, voici la version N° 1 d'une note d'information capitale, publiée le premier juin 2006. La version n° 2, de l'année 2007 se trouve à la fin de la première...


N° 1, printemps 2006
Voici aujourd'hui une note de salut public. Vous me remercierez après, j'en suis sûre.
Tout d'abord, il faut bien différencier les situations.
* Vous êtes seul chez vous, enfants, maris, belle-mère... tout le monde est parti ? Bien, il est donc impératif que vous fermiez votre porte à clé ET que vous enleviez la clé de la serrure. Avant, vous avez mis un double sous le paillasson à l'extérieur. Les pompiers vous remercieront. Et votre budget aussi, parce ça coûte très très cher une porte défoncée.
* Si vous avez de la compagnie ce sera bien utile aussi, nous verrons cela plus loin.
Bien, alors, en premier lieu, la tenue. Oubliez votre chemisier en dentelle ou votre polo dernier cri. Allez donc vous rhabiller ; un vieux jean, même troué, et un haut noir. Ou celui que vous enfilez pour repeindre les plafonds, et qui est décoré d'une mosaïque de tâches du plus charmant effet.
Ah, n'oubliez pas les lunettes. Teintées, de vue, ou celle qui vous servent quand vous maniez le fer à souder, elles sont indispensables.
Pour éviter de tout lâcher pour tenter d'enlever la saloperie de morceau de truc desséché qui est tombé dans votre oeil grand ouvert. Je déconseille les lunettes de ski protection glacier, vous risquez de ne pas bien voir, là haut.
Bon, maintenant, passons au matériel annexe ; une échelle -
sans barreaux vermoulus,-, un escabeau, un piquet qui sert à maintenir le parasol, avec embout crochu, un sac en plastique (Auchan, Carrefour, Leclec, ça n'a pas d'importance. Les branchés prendront leur sac Gucci), et une ceinture (mais pas élastique).
Ah, j'ai failli oublier ; vous buvez 1 litre d'eau avant, pour ne pas vous déshydrater.
Un truc indispensable à ceux qui sont tout seuls, le téléphone portable. Il doit impérativement être fixé au pantalon. Pour appeler les pompiers. C'est le 112. Voilà, vous avez tout noté ?
Maintenant je vous explique comment procéder. Vous passez la ceinture dans les anses de la poche plastique, et vous serrez au premier trou. Bien. Maintenant vous enfilez la ceinture par la tête. Oh, le joli collier que voilà, tout à fait assorti à la tenue.
Maintenant je vous explique, pour le truc de parasol. Quand vous serez bien calé à 3 mètres de hauteur, et que ces foutues cerises sublimes (
ah ? j'avais oublié d'en parler avant ? Oui, il s'agit du mode d'emploi d'une cueillette de cerises réussie) seront pile-poil trop loin... ta la ! le pied de parasol !
Un hameçon. Pour faire venir à vous les branches les plus hautes.
Je devrais le breveter, le truc.
Pour les veinards qui sont tout seuls, personne ne vous verra, tirant la langue, les jointures blanchies de serrer comme un malade l'échelle en priant pour ne pas se casser la gueule...

Les autres supporteront les cris anxieux de la famille " fais attention, chou". Vous serez un héros.
Vous êtes donc au sommet de l'échelle, les lunettes sur le nez, le collier au cou, une main agrippée aux branches, l'autre poisseuse de jus de cerises que vous avez par mégarde écrasées dans votre main en les saisissant. Vous remplissez consciencieusement votre poche, et quand votre tête a du mal à rester droite (
à cause du poids), vous descendez la vider. Vous en profitez pour aller faire pipi en me maudissant de vous avoir conseillé de boire avant. Oui, mais c'est pour votre santé que je vous ai dit ça. Allez, remerciez moi.
Si vous avez un "chou" à proximité, il/elle s'extasiera de votre dextérité, en plein soleil, et vous fera chauffer un bon café (
ou vous pressera un citron, je ne vous oblige pas à vous intoxiquer au café, c'est une note de salut public, je vous l'ai déjà dit), pendant que vous vous douchez ; pour enlever les coulures de jus de cerises et les saletés qui se sont collées dans votre nombril.
Sinon, vous faites chauffer vous-même votre café, et arrêtez de vous plaindre, non, mais
.
Le soir, vous aurez un moment de gloire quand vous disposerez sur la table le plateau. N'oubliez pas le sourire modeste qui sera parfait avec "ce n'est rien, j'ai cueilli quelques cerises". Vous avez économisé
1) 9 € (voui, elles sont à 3€ le kilo, les choutes cerises).
2) une porte fracturée par les pompiers. Ben oui, si vous êtes tombé de l'échelle, pardi. Et que vous avez pu les appeler malgré vos multiples fractures, grâce à votre portable carrossé d'acier pour l'occasion, et qui est tombé avec vous. Et que vous aviez bien pensé à la clé sous le paillasson. Tout ça je l'ai appris grâce à mon fils ainé, le jour où il est venu par hasard me rendre visite, et qu'il m'a trouvée à 4 mètres de hauteur. Moi, il ne m'a pas dit "fais attention, m'man", il m'a passé un savon mémorable. Alors je suis prudente depuis. Obligatoire que je puisse me secourir toute seule, qu'ils ne me trouvent pas deux jours après, agonisante dans le jus de cerises... hi hi... j'adore l'image !
Et si vous êtes ad-mi-ra-ble, vous aurez même fait un clafoutis. En les dénoyautant, hein, pour un plaisir parfait. Mais bon, tout le monde ne peut pas être ad-mi-ra-ble, on vous pardonne quand même.
PS ; pour les taties Danielle de la cuisine. On me le fait pas, à moi, le gout si délicat de l'amande qui est dans le noyau et qui donne un gout exquis... Pfff... vous n'avez qu'à les faire infuser dans le lait, les foutus noyaux, et filtrer après... Sans noyaux le clafoutis, non mais !


N° 2, hiver prolongé 2007
Que vous soyez seul ou pas, aucune difficulté cette année. Vous mettez votre ciré de marin, un chapeau en plastique (
tenez, la poche de l'an dernier sera parfaite). Vous allez près du cerisier... mais non ! malheureux ! pas sous le cerisier, près du cerisier. Si c'est trop tard, regardez vos chaussures, j'espère qu'elles étaient en caoutchouc, la cerise écrasée ça tache. Donc, à une distance respectable de l'arbre, regardez toutes vos belles cerises, celles en tapis dans l'herbe, éclatées, gorgées de pluie depuis un mois. Celles qui décorent le ceriser comme un sapin de Noël qui aurait duré, piteusement, et qui pourrissent doucement, sans que vous n'en ayiez mangé plus que deux, à cause de leur goût de flotte.
Et là, vous levez la tête vers le ciel et vous vous autorisez à déverser un flot d'injures aux nuages noirs. Voilà, vous avez terminé votre cueillette. Les mains dans les poches.
JE HAIS LA PLUIE TOUS LES JOURS.
Signé ; celle qui roule en vélo, qui aime les cerises, la chaleur et le sec. Maintenant qu'il n'y a plus qu'une poignée de fruits au faîte de l'arbre, il fait beau,  fait doux... un vrai temps à croquer des cerises...

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Commentaires
O
J'adore les quetsches... merci de ta fidélité Myriade. J'ai hésité à sortir de placard des vieilleries, mais on aime parfois un vieux pull tout défraîchi et les souvenirs qui y ont laissé leur parfum. J'ai besoin de sourire en ouvrant mon blog, n'étant pas exactement d'humeur guillerette je m'aide !
M
C'est une admirable leçon de choses que je n'appliquerais jamais D'abord même si parfois j'en ai l'air, je ne suis pas folle (heu, en réfléchissant un peu là, je n'en suis pas si sûr…) et puis je n'ai pas de cerisiers (mais j'ai des quetsches lallalère).<br /> Bon tout cela pour écrire que j'attendais cette note qui m'avait déjà fait sourire la première fois. Il y en avait d'autres, je les attends de pied ferme et non sur un escabeau.
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