Vous en reprendrez bien un verre ?
C'est super, la pluie ! Pensez donc, nos nappes phréatiques sont enfin à 100 %. Et puis vous avez vu ces magnifiques tons de vert dans nos campagnes ? Les forêts, les champs, tout est superbement vert. C'est sûr, c'est de la voiture bien chauffée qu'on les apprécie vraiment. C'est normal, en mai, on fait ce qu'il nous plaît. On s'emmitoufle dans des petits pulls, on remplit les poêles à pétrole qui s'ennuyaient, on mijote des petits plats à servir brûlants. J'adore. Et les parapluies qui s'égouttent sur la terrasse, c'est un spectacle digne de Mary Poins, un vrai régal.
Et puis ma vigne se taille toute seule grâce au vent et à la pluie. A coup de grandes tiges qui ployaient déjà sous les grappes en avenir. Toujours ça de moins à faire. Et ma rocaille tapissée de mousse est sublime. Je la vois bien de la fenêtre du bureau. Bon, je ne peux pas l'ouvrir, sinon ça mouillerait le lit, mais j'y vois bien à travers les carreaux.
Tenez, hier, j'ai voulu faire ma mariole. Il y avait un vrai morceau de bleu dans le ciel et j'ai vu le soleil. Si si, je l'avais bien vu ! Et j'ai pris ma moto. Parce qu'elle se sentait un peu délaissée, et que son foutu pointeau de m**** avait enfin été changé. Fini de consommer autant qu'une Porsche avec ma 125, l'essence reste dans le réservoir. Ça se fête, ça ! Bref me voilà partant faire un petit tour. Avec les lunettes de soleil pendant au moins dix minutes. Si, puisque je vous le dis !
Je suis allé voir ma copine, puis la maman de ma copine, à la campagne. Avec sa voiture. J'ai même ramené des pieds de marguerite : super facile de les déterrer, la terre est meuble grâce à la pluie. C'est au retour, en moto, que j'ai compris que j'avais fait la mariole. Quand il y a eu les trombes d'eau. Le rideau opaque, vous voyez ce que je veux dire ? Même les voitures roulaient à la même allure que moi sur la rocade. Pas plus de 100. Mon blouson, il est super extra : étanche et tout et tout. Le bas de pantalon un peu moins : il a tenu trois minutes, je pense.
J'ai senti une fraîcheur exquise s'infiltrer dans mon pantalon, suivre une petite rigole le long de ma culotte (non et non, jamais de string en moto), descendre à l'intérieur des cuisses et se couler sur les mollets. C'était très rigolo. Presque comme si un amant avait voulu suivre mes contours. Bon, remarquez, si ça avait été un monsieur, je l'aurai envoyé prendre une douche brûlante avant, mais bon, je fantasme, ça ne peut pas me faire de mal. Et j'ai enfin vu la bretelle de sortie qui allait me conduire chez moi. C'est là que j'ai bien ri. Parce que j'ai du rétrograder, avec le pied gauche, et freiner, avec le droit. Et bien c'était comme si j'avais été à la piscine ! Il y avait une flaque dans chacune de mes chaussures. J'ai senti mes doigts qui flottaient doucement, un vrai bonheur.
Tant que j'y étais à faire la mariole, j'ai continué en arrivant à la maison... Il a fallu m'aider à me déshabiller ! Comme un vieux croûton ! Parce qu'enlever un jean trempé ce n'est pas facile. Et défaire le double nœud des chaussures non plus. Parce que mes mains étaient toutes fripées !
C'est super la pluie, pas vrai ? Quand il pleuvra un peu moins j'irai planter les marguerites au fond du jardin.